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Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Courant d'air.

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Louis XIV
Achille, héros de Troie
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Achille, héros de Troie

Achille, héros de Troie


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MessageSujet: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyDim 27 Mar - 18:56

Glaive en main, éliminer la vermine envahissante avait été presque un jeu d’enfant. Embrocher, étriper, trancher. L’odeur de sang aux narines, il redevenait celui de toujours : le féroce guerrier. Agamemnon avait dit jadis de lui qu’il n’était qu’une efficiente machine à tuer. Le roi de Mycènes ne se trompait sûrement pas. C’était cela qu’il faisait le mieux. Celle là n’avait elle pas été sa destinée ?  
Pour étrange que cela puisse paraître cette tuerie lui produisait une profonde amertume. Cette renaissance inexplicable n’avait rien changé en lui et sa destinée demeurait invariable. Il avait été et serait toujours un guerrier avide de sang et victoires. Louis interpréta son silence ombrageux comme il voulut et avant qu’on ne s’avise à placer un mot, il énonçait, vexé :


C’est ça, vas-y, engueule-moi ! T’en crèves d’envie.

*Il est devenu dingue…qu’est ce qu’il me chante là ?!?*

En tous cas Louis devait se sentir mal jugé, car il continua, d’un ton ulcéré.

J’étais pas là, C’EST VRAI ! Tu crois qu’elles viennent d’où, ces armes ? Du caillou ? J’ai sué sang et eau pour nous les procurer ainsi que des outils solides en faisant un marché avec un oriental qui les a forgées. Peu importe ce qu’elles m’ont coûté en heure supplémentaires. Je pensais que vous apprécieriez mes cadeaux. Puisque c’est pas le cas, je m’en moque. Gardez-les. Je m’en vais !

Quelle majesté outragée. Mais on n‘était pas là pour jouer aux vilipendés, alors que Louis, très digne faisait demi tour pour s’éloigner, Achille lui posa, sans trop de délicatesse, la main sur l’épaule.

Tu vas nulle part, toi. C’est vrai que je me suis fait des idées sur tes balades nocturnes, comme tous d’ailleurs. On s’est trompés. Tant mieux. Tu as prouvé un singulier courage, Louis. Tu nous as sauvés. Tu voulais que je te remercie, et bien je le fais. On sera éternellement en dette envers toi. Et maintenant ça suffit avec ton numéro de roi outragé. C’est vrai que parfois tu m’agaces outre mesure mais tu es mon ami…presque un frère, par la force des choses. Donc, tu y es, tu y restes !

Et pour si jamais ça ne suffisait pas, l’enserra dans une forte accolade à lui faire craquer un peu les os. Peu démonstratif par nature, c’en était déjà trop pour lui. Il avait dit ce qu’il y avait à dire. Point final. Louis était ému, Amelia chanta un air de son ancienne vie et Richard l’accompagna, sobrement.

L’union fait la force. Nul ne pourrait réfuter cette vérité. Pas dans leur cas. L’assaut nocturne de leur campement avait renforcé les liens déjà existants. Surtout avec Louis. Sacré gars, le 14ème du nom. Tout aussi inutile que lui aux labeurs de couture. Achille avait beau maudire sa maladresse, ça ne lui évita pas d’avoir les doigts vilainement écorchés mais les jours passant, lui, comme Louis et Amelia, affinèrent leur science et ça progressait joliment, la confection de l’enveloppe de leur  engin à voler. Il ne comprenait toujours pas trop comment on allait s’y prendre mais avait décidé délaisser cette préoccupation en mains de ceux  qui savaient de quoi allait l’affaire et se contentait de faire ce qu’on attendait de lui : chasser du menu gibier, jusque là, il n’avait déniché rien de plus gros que lièvres ou perdrix et servir d’escorte à Amelia quand elle se rendait au fleuve en quête d’eau.

De sa vie, Achille n’avait rencontré femme plus déconcertante qu’Amelia qui les traitait, tous, comme des bons vieux camarades. Elle était l’un d’eux et entendait que cela reste ainsi mais Achille devinait que d’avoir à faire un choix entre eux, son élection serait, indéfectiblement, Richard. Il ne s’en plaindrait pas, il n’avait pas trop la tête pour penser aux femmes ni l’envie non plus. La plupart de ses problèmes, les derniers temps  de son antérieure vie avaient été à cause de femmes…la pire de toutes : Hélène, à qui on devait cette guerre interminable où il avait péri. La plus douce et aussi la dernière : Briseis, c’était son souvenir qu’il avait emporté dans la mort et qui revenait encore, souvent. Se souvenant de la conversation eue avec Richard, peu avant l’attaque, il se disait que les paroles de l’explorateur résumaient aussi  assez bien sa présente  condition :

J’ai appris à vivre seul, à me détacher de ces choses mais je ne suis pas un moine ni de l’autre bord, crois-moi.

On verrait bien ce que déparerait le futur, pour le moment, ils avaient d’autres chats à fouetter. Le filet commandé aux pêcheurs de la berge était prêt. Les provisions accumulées patiemment  pendant des semaines se trouvaient bien cachées, tout comme le reste de leurs trésors. Le grand jour arriva, sans contretemps majeurs, non sans éveiller la curiosité de leur entourage. Il fallait bien s’y attendre.

L’engin gonflé. Eux à bord, la foule qui s’était massée là comprit rapidement leur intention et ça ne manqua pas qui voulut se joindre à leur expédition, sauf qu’on ne prenait pas de passagers. À l’ordre de couper les amarres il les trancha d’un coup  mais quelques hardis  s’accrochaient, sans trop d’arrières pensées, Achille et Richard firent efficace usage de leurs armes. Libéré enfin, l’engin s’élança vers le ciel.

Grisant vertige. L’air était pur comme jamais. C’était donc celle là la sensation de liberté totale dont parlait si souvent Amelia ? S’élever dans les airs, loin du monde tel qu’il l’avait connu jusque là, ce monde qui devenait petit, infime…navrant. Tel comme devaient le voir les Dieux. Ces Dieux qu’ils défiaient si bien en imitant leur pouvoir de juger l’homme comme inférieur.

*Il suffira de leur seul désir pour nous réduire en cendres et notre force unie n’y pourra rien !*

Mais la foudre divine ne s’occupa pas d’eux, qui continuèrent à voguer dans les airs, en suivant le cours du fleuve. Parfois ses berges étaient des hautes falaises, parfois son cours, sinueux, se perdait dans une forêt dense. Un courant invisible semblait les mener vers l’avant sans qu’ils quittent jamais le fil de l’eau. Amelia et Richard essayèrent pourtant d’élever le ballon, de varier leur direction. Impossible. Louis, dont le teint virant au vert depuis leur ascension, n’en menait pas bien large.
Définitivement Loulou n’était pas homme des airs.


Arrête de te pencher par-dessus bord, Louis…si tu y passes, je me vois mal allant te repêcher !

Richard fronçait les sourcils et Amelia grommelait. Ils volaient presque au ras des arbres, sans pouvoir changer leur situation d’un poil. Retenant Louis du collet pour éviter qu’il plonge, Achille assura, laconique :

Ce sont eux, les Dieux…m’est avis qu’ils nous surveillent depuis le début...Oui, Louis, je sais que tu ne crois qu’à un seul Dieu, pareil qu’Amélia et Richard…moi, j’en connais plusieurs…pas personnellement, mais ma mère, oui…Zeus et Poséidon ont même voulu l’épouser… non, j’invente rien, elle me l’a raconté…et non, ce n’était pas pour faire l' intéressante !

D’une petite  tape il obligea Louis à s’asseoir et revint sur ses considérations.


S’ils ne nous ont pas foudroyés jusque là c’est sans doute parce qu’ils sont curieux de savoir de quoi on est capables…Pourquoi ? Ça les amuse, tiens !

Se  supposer être jouet des dieux n’améliora pas trop l’humeur générale…mais le soir tombant, ils réalisèrent pouvoir descendre et se poser sur le rivage.  Le premier à sauter de la nacelle, fut Louis.

Hé...fais attention, toi…t’éloigne pas trop !!!

Vain avertissement.  Il serrait les amarres au tronc d’un gros arbre quand un hurlement retentit. Amelia et Richard le virent filer comme le vent…tous avaient reconnu la voix de Louis.


Dernière édition par Achille, héros de Troie le Sam 13 Fév - 23:54, édité 1 fois
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Louis XIV

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyMer 30 Mar - 21:31

Sincèrement, Louis avait cru que son noble profil allait être défoncé par Achille. Ne lui avait-il pas donné assez de raisons pour cela ? Il avait déserté le camp plusieurs fois mais… Pour une noble cause et s’il avait été présent ce soir d’attaque, comment s’en seraient-ils tirés ?
La dernière chose à laquelle il s’attendait – outre un coup en pleine poire – fut un discours du Grec.
Il disait que tous avaient une dette envers lui, le félicitait de son courage, tout en lui enjoignant de ne pas s’en aller.
Quel moment merveilleux que celui d’enfin se voir reconnu ! Amelia et Richard entonnèrent un refrain assez inédit qui le remua. Emu, Louis n’en fit pourtant pas un plat.

Les jours se succédèrent aux jours dans une amitié renforcée. Incontestablement, le chef de leur groupe était Richard. Nul ne contesterait ses décisions sauf que se voir relégué à s’occuper de frotter la manche à Ben Ismir afin d’obtenir de bons couteaux n’enchantait pas le monarque.
C’était un travail utile néanmoins. Il allait leur éviter d’avoir à tresser le filet qui retiendrait le ballon ainsi que la nacelle prévue pour eux quatre et leurs provisions.
Le troc allait bon train sur les berges du fleuve. Bien sûr, il y régnait toujours des risques de conflits. Diplomate, Richard écouta volontiers les autres et qu’il parvienne à obtenir un feu portable sidéra Louis. Ainsi l’air chaud gonflerait l’enveloppe ?
Poussé par son insatiable curiosité, le XIVème voulut des détails. Amelia se fit une joie de le mettre au parfum du procédé « enfantin » qui les attendait. Pour monter on chaufferait en lâchant du poids excédentaire, pour descendre, on baisserait la chaleur.
À combien de calculs se livrèrent Richard et Amelia ? Peu importait. Ils avaient l’air de savoir par quel bout prendre ce projet.
Quand le principal fut réuni, commença une série d’entraînements afin que le jour prévu, tout soit au point. Louis avait pour tâche de jeter les sacs de sable à la demande et… de ne toucher à rien d’autre.


*Pour qui me prennent-ils ? Le bon à rien de service ?*

Burton s’occuperait du chauffage, Amelia de vérifier la course des vents et Chichille de la soupape d’air.
Temps idéal pour un baptême de l’air ? Louis se sentait les tripes à l’envers.
À la fois excité et anxieux, il effectua les déplacements nécessaires pour monter leur matériel à l’endroit repéré.
L’envol fut… spectaculaire !
Après avoir dû défendre leur bien, les quatre aéronautes improvisés décollèrent.


*Mamaaaaaannnnnnnn !*

Jamais de sa royale existence, Louis ne s’était sentit aussi mal !
Voir les gens se réduire, le fleuve devenir un ru, lui souleva le cœur. Incapable pourtant d’en détacher les yeux, il revint à la réalité avec la poigne d’Achille :


Arrête de te pencher par-dessus bord, Louis…si tu y passes, je me vois mal allant te repêcher !

Moins de lest ferait peut-être monter plus ce fichu engin ! Pourquoi on ne monte pas plus ?

Bonne question apparemment à laquelle personne n’avait de réponse précise. Selon Achille, ce qu’ils subissaient était la cause des dieux. Il leur offrit un de ses rares, mais pointus, discours.
Louis faillit rétorquer que c’était blasphème que d’invoquer un polythéisme possible. Richard haussa un peu les épaules, Amelia fronça les sourcils. Poursuivant son idée, le héros de Troie poursuivit :


S’ils ne nous ont pas foudroyés jusque là c’est sans doute parce qu’ils sont curieux de savoir de quoi on est capables…

Louis, renfermé dans sa croyance – si doctement poussée par sa dernière épouse – se révolta un peu :

Mais dis-moi pourquoi ils feraient ça, ces soi-disant dieux ?

Pourquoi ? Ça les amuse, tiens !

Là, franchement, Louis bouda.

*Jouets de Dieu, et puis quoi ?* Nous sommes-là par la volonté de Notre Seigneur, Notre Père, le Créateur de toutes choses. S’il s’ennuie… ben c’est son affaire. Ne dit-on pas que…

Inutile de se lancer dans un discours théologique, personne ne l’écoutait d’autant que la vérité immédiate requérait leur attention. Il leur était impossible de franchir les hautes murailles encerclant le fleuve...
Parfait duo d’aéronautes amateurs, Amelia et Richard tentèrent de saisir les meilleurs courants d’air… Résultat, le soir tombant il fallut prendre une décision.


*Le sol ? Viiiiiite !*

Louis en rêvait depuis un moment. Ses tripes mises à mal par ce vol réclamaient une vidange express. Les manœuvres répétées au sol prouvèrent leur efficacité. Sans trop de heurts, gaz éteint, le ballon posa sa nacelle sur une berge vaste, dépeuplée et inconnue.
Sans attendre que l’enveloppe fût dégonflée, Louis en bondit le plus loin possible. C’est à peine s’il perçut l’avertissement de son ami :


Hé...fais attention, toi…t’éloigne pas trop !!!

Une irrépressible envie de soulager ses entrailles animait le roi soleil. Des fourrés bien denses se profilèrent. Il le traversa en coup de vent, déboutonnant vite fait, le bas de son costume.
Le temps de s’accroupir… :


AAAAAAAAArrrrrrrgggggggg !

Redressé d’un sursaut, l’Auguste personnage rassembla à peine sa dignité pour rebrousser chemin. Bang ! Télescopage en règle.

Chichille ! Elles ont voulu me bouffer !

N’écoutant que son courage, le Grec se tint prêt à pourfendre tous ceux ou celles qui auraient osé s’en prendre à loulou. Un index tremblant indiqua le lieu du crime de lèse-majesté.
Suivant le héros au glaive brandi, Louis balbutia:


Je me baissais et une de ces choses m’a attaqué !

Ces « choses » étaient bien étranges aux yeux des profanes. Dentelées, telles des plantes inoffensives ouvertes, dès qu’une proie entrait dans leur champ d’action, elles se refermaient méchamment. Le fondement du monarque en gardait des traces…
Quand Achille en approcha sa lame, cela claqua sinistrement dessus. Prudents, les deux hommes reculèrent. À Richard et Amelia, ils expliquèrent vaguement que l’endroit n’était pas particulièrement amical, sans plus. Ils ne réclamèrent pas d’autre explication ; la considération de loulou envers Achille augmenta encore d’un cran.
Histoire de faire oublier ce fâcheux intermède, Louis se décarcassa pour concocter un repas digne de ce nom, sans trop puiser dans leurs réserves. Des fèves furent mises à bouillir, du poisson frais à rôtir. De l’eau à renvendre, un peu d’hydromel, on « festoya » gaiement autour d’un feu. Louis resta debout la plupart du temps… Seul Achille savait pourquoi.
Un tour de garde s’organisa : étaient-ils aussi seuls qu’imaginé ?

Longue veille, longue nuit. Il était prévu de s’envoler à l’aube. Pourtant…


Achille ! Achille réveille-toi !

Pas de réaction.
Louis n’avait fermé l’œil que quoi… ? Une heure ? Il n’avait rien remarqué d’anormal, pas de bruits suspects, rien. Quittant le Grec, Louis s’acharna sur l’explorateur dans le même état que le héros :


Hey ! Oh ! Réveillez-vous !!!

Amelia… Comme d’ordinaire, elle s’était écartée pour dormir. Repérant sa paillasse, il s’approcha. Pantois, désorienté, Louis s’affola :

AMELIAAAAAAAAAA !!!

Il beugla tout azimut de façon à ameuter la forêt voisine… sans résultat.
Que s’était-il passé ? Le soleil se levait et nul ne répondait.
Ravivant le feu, Loulou examina attentivement les corps inertes d’Achille et de Burton. Qu’est-ce que…


*J’ai toujours eu une bonne vue. S’ils étaient tombés dans des ronces, je le saurais ! ça y ressemble, mais…*

Force fut de constater que les corps de ses amis étaient parsemés de minuscules picots noirâtres. Bras, visage en étaient criblés.

*Qu’est-ce que c’est que ça ? Tiens, j’en ai aussi ?*

Effectivement, pour le peu qu’il voyait, ses bras aussi portaient ces coups d’épingles.
Que faire pour ranimer ses copains ? Les épiler ? Soit !

Avec une patience infinie, Louis entreprit d’ébarber Richard et Achille. Espérant ne pas avoir enfoncé ces dards infimes dans leur chair, loulou attendit le résultat.
Battements de cils, soupirs, grognements, les deux hommes émergèrent :


Content de vous revoir d’attaque… Euh… on a un souci : Amelia a disparu !

Sans l’intervention d’Achille, Louis serait mort étranglé par un Richard considérablement affecté…
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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyLun 4 Avr - 2:23

Cette fois il s’agissait de la répétition finale. Il n’y aurait pas de retour. Tout marcha comme prévu, sauf des petits riens qui n’entravaient pas le bon déroulement de la manœuvre. Ils avaient aussi compté avec la curiosité de leurs voisins et leurs possibles réactions. À cela aussi, ils étaient parés. Richard et Achille y avaient pourvu, sans arrières pensées, tranchant ce qu’il y avait à trancher. Elle avait préféré ne pas regarder, se concentrant sur la pression de l’air et ordonnant, à tout poumon, à Louis de lâcher du lest pour mieux s’élever.
Une fois l’altitude voulue atteinte, loin de tout danger de surface, Amelia s’était enfin retournée regarder ses compagnons. Louis était vert et se penchait par-dessus bord pour y vider ses entrailles, solidement retenu du collet par l’indéfectible Achille qui avait l’air très tranquille, comme toujours. Richard semblait un peu perplexe mais ne départait pas de son air grave si habituel. Elle, que dire ? Un poisson dans l’eau ne se serait senti plus dans son élément.

Nous allons monter un peu plus pour nous engager dans le courant d’air qui semble suivre le fleuve, après cela ira tout seul…prions pour avoir de vents à faveur.

Elle se sentait parfaitement à l’aise entre ces trois hommes, si différents l’un de l’autre et pourtant si semblables dans leur dévouement envers elle. C’était joli comme égalité entre hommes et femmes mais on ne refait pas l’humanité en un jour. Qu’elle soit la seule à savoir comment s’y prendre, avec cet engin volant, avait gagné le respect des autres mais à leurs yeux, ne la faisait pas leur égale. Ils la protégeraient de tout mal possible, au prix de leur vie, au besoin et n’attendraient jamais d’elle qu’elle en fasse de même. Amelia espérait ne pas avoir à démontrer de qui elle serait capable pour se défendre, le cas étant…quant à donner leur vie pour eux, la question ne se posait même pas. Elle ne cillerait pas une fois. Ils étaient ses amis, ses camarades, ses compagnons d’aventure. S’il fallait mourir une autre fois, que ce soit pour une bonne cause.

Après quelques heures de survol paisible au fil de l’eau, ils arrivèrent à un endroit où au lieu des hauts escarpements en tant que berges, se dessinait une forêt dense, aux arbres démesurés, dont les branches pourraient crever l’enveloppe de leur montgolfière si un courant de travers les y jetait.


Essayons de remonter, Dick…Ouvre la soupape, Achille. Louis, lâche du lest…du lest, Louis, pas toi-même !!!

Achille remit la poigne sur le collet royal tout en débitant un de ses rares discours où il allait de la perfidie de dieux. Amelia qui bornait ses croyances, pas trop épanchées, à un seul et unique, se tut, par respect, autant que Richard. Après tout le Grec avait vécu en une époque où le polythéisme était de mise. Ne le disait on lui-même demi dieu ? À chaque temps ses croyances, ce ne serait pas à elle de discuter. Louis, chose rare, se tut aussi mais on aurait pu entendre les rouages de son royal cerveau.

Selon Achille, ils n’étaient que le jouet de dieux curieux de mesurer leur débrouillardise.


*Je me demande jusqu’où ira leur patience, à ces Dieux ?*


Elle préféra en rester là, avec ses réflexions, penser trop pouvait s’avérer conflictuel et douloureux en ces conditions. Mais les circonstances résultaient assez concluantes…fassent ce qu’ils fassent, ils ne s’élevaient pas pour autant, continuant à survoler le fleuve, au fil de l’eau, menés à la bonne volonté de ce courant d’air qui les emprisonnait.

Je ne pense pas que nous puissions franchir cette espèce de barrière invisible, ce doivent être des courants chauds au dessus de nous qui tissent une résistance…Que dis tu, Dick…on descend ?

C’était curieux, sans s’en rendre même compte, elle ne prenait jamais une décision sans le consulter. Il lui suffisait d’un regard grave et un hochement de tête pour savoir qu’il était d’accord, alors tout allait bien. Parfois, juste parfois, il laissait échapper un sourire et du coup, Amelia se sentait l’âme légère, sans se faire plus d’idées pour autant. Cette nouvelle vie l’avait déparée de trois compagnons, l’un taciturne et réfléchi, l’autre, d’un laconisme poussé et le troisième, une vraie pie jacasse et pourtant, ils formaient un groupe on ne peut plus soudé.

Finalement à terre, Louis avait été le premier à filer.


*Le pauvre…son estomac ne tient pas ces ballottements !*

Ignorant les avertissements d’Achille, Louis s’était perdu dans les fourrés. Elle s’était tournée vers Richard, en riant.

On parie…dans deux minutes il hurle et notre héros court le tirer d’affaire !

Cela ne rata pas. De retour, vivants et d’une pièce, ils racontèrent n’importe quoi et on ne leur en tint pas en rigueur.

Allons plutôt voir si on pêche quelque chose !, proposa t’elle à Richard qui acquiesça.

Ils laissèrent à sa Majesté et au héros de Troie le loisir de faire du feu. On bâtirait le campement de fortune plus tard.


Tu sais, Dick…je pense à ce qu’à dit Achille…Jouet des dieux ?...Qu’en penses tu ?...cette situation est assez décousue comme pour qu’on commence à se faire n’importe quelle idée bizarre…Mais non, bien sûr que je ne crois pas à ça…pas à des dieux dans leur Olympe à nous observer et se marrer de nos bêtises..

*Peut être pas de Dieux comme on l’entend…mais qui sait ?*

Mais bien sûr, elle n’allait pas parler de cela sous peine qu’on la prenne pour une illuminée de la première heure.

La pêche fut bonne et à leur retour, le campement était levé. Achille ne lambinait pas et Louis, sous cette énergique égide, non plus…Une joyeuse soirée s’en suivit. Le repas concocté de main de maître par le 14éme du nom, chaque jour plus habile, fut un régal pour tous. Une bouteille circula, égayant un peu les esprits. Pour tout dire, Achille parla un peu de ses aventures, Richard des siennes, Louis on ne dit pas et elle finit par chanter, en convainquant les autres de faire le chœur et reprendre le refrain…ce qui donna une allègre pagaille très réussie, capable d’alerter les alentours de leur présence à dix lieues à la ronde…

Amelia eut du mal à ouvrir les yeux.


*Seigneur…qu’a mélangé Louis à l’hydromel ? Oh la…ma tête…Zut ! Peux pas lever le bras !...Mon Dieu…j’ai des visions !!!*

Un bonhomme minuscule se tenait à deux pas de son nez, au détail près que l’individu était juché sur sa joue.

Mais…que diable !? DICK !!!

Le minus lui piqua la narine, retenant ainsi toute son attention, sans pour autant piper mot. À elle donc de les poser.

Que voulez vous ? Qui diables êtes vous !?...Mince, je suis…ligotée ???


C’était peu dire, elle était entravée par mille liens, clouée au sol, immobilisée et en bougeant un peu les yeux, dans l’angle restreint que lui donnait sa tête retenue au sol, elle réalisa de le petit homme sur son visage avait beaucoup…beaucoup de compagnons. Cela lui rappela à la vitesse éclair, un livre lu dans sa jeunesse : les voyages de Gulliver ! Elle était, définitivement tombée dans le plus débile des mondes.

DICK!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Il n’y avait que lui qui pourrait la tirer de là avec diplomatie, sans couper ces petites têtes, ni les écraser comme ne manqueraientt certainement pas de faire Achille ni Louis emporté par son élan.

Je…ne vous veux aucun mal…

Un éternuement, à ses côtés, propulsa en l’air un de ces singuliers petits êtres. Avec effort et arrachant en passant, outre ses cheveux, quelques liens, Amelia réalisa ne pas être la seule prise dans cette curieuse combine de nains minuscules contre les « grands ». Deux femmes gisaient là, aussi entravées qu’elle…une blonde ravissante et une brune magnifique.

Salut, les filles…on est dans un drôle de pétrin, on dirait, hein ? Pas de souci…j’ai des amis qui ne tarderont sûrement pas !

*Vaudra mieux parce que les petiots, ça fait foule !*

Dick !!!! Achille !!!! Louis !!! À moi !!!


Tiens, elle tournait de l’œil, la blonde…

*Nature fragile !*

Finalement, très énervée en ce point, elle fit un petit effort et les liens qui l'entravaient cédèrent…Elle se redressa, ce qui sema la panique aux alentours.

Bon sang, du calme…je vais rien vous faire…Ok, je suis grande mais pas méchante, je le jure…c’est vache de votre part de vous en prendre à nous de la sorte…on ne vous a rien fait…on ne fait que passer. Et puis zut avec le cirque…

D’un coup de main énergique, elle s’arrachait les liens quand un remous de panique générale précéda l’apparition d’un trio vengeur.

Attention aux petits…pas écrabouiller…sont pas méchants…et si…on fait comme si on savait pas !!!

*Tiens…on dirait que Dick a l’air un peu chamboulé…ben oui, il doit bien avoir un million de minus là…ça choque !*
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Richard Francis Burton

Richard Francis Burton


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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyLun 4 Avr - 23:15

Jouets des dieux ? C’était bien une idée des antiques, celle-là ! De par ses expériences, s’il y avait une chose à laquelle croyait Burton c’est à ne compter que sur soi-même. Oui, il y avait des choses inexplicables comme leur retour à la vie, la pierre magique, etc. Sur ces faits, Richard ne pouvait déterminer s’il s’agissait ou pas de phénomènes divins. On verrait bien. Lui, en tout cas, n’était pas du tout d’accord de se laisser manipuler tel un gentil pantin et, apparemment, ses compagnons non plus.
L’équipée en cours était hasardeuse, risquée. Au moins celui ou ceux qui tiraient les ficelles du piège de fleuve ne les avaient pas encore foudroyés pour leur audace. Autant en profiter.
Durant ce vol, Burton ne put qu’admirer l’aisance d’Amelia. Elle était probablement la seule à qui ce moyen de locomotion plaisait vraiment. Cependant, leurs efforts pour dévier de trajectoire s’avéraient vains. La pilote donna une explication valable :


Je ne pense pas que nous puissions franchir cette espèce de barrière invisible, ce doivent être des courants chauds au dessus de nous qui tissent une résistance…Que dis tu, Dick…on descend ?

C’était le plus raisonnable à faire. Les aéronautes avaient bataillé quasi toute la journée. Louis, après avoir vidé ses tropes par-dessus bord devait mourir de faim. Le grec ne se plaindrait de rien mais Amelia était une femme donc fragile par définition même si elle avait déjà prouvé sa valeur et endurance.
Dick accorda la manœuvre. Il coupa le réchaud au gaz et actionna la soupape. Restait à trouver un bon endroit où poser l’engin.
Dès la nacelle au sol, on s’occupa de l’y maintenir avec les ancres et piquets. Le roi devait avoir une urgence car il fila dans les buissons malgré les recommandations du héros. Amelia y alla de son mot amusé :


On parie…dans deux minutes il hurle et notre héros court le tirer d’affaire !

Je ne parie pas sur des évidences, répondit-il en souriant.

Qu’arriva-t-il au juste au 14ème du nom ? Il ne s’en vanta pas. Affaire close.
Laissant les copains installer un bivouac, Miss Earhart proposa :


Allons plutôt voir si on pêche quelque chose !

Pourquoi pas ? Autant éviter d’entamer les provisions.

Rarement Burton avait pu fréquenter ce genre de femme. Pas coquette pour un sou, Amelia respectait ses silences et ne parlait qu’à bon escient. C’était très… inédit.
Alors que gentiment la nasse se comblait, la jeune femme revint sur le sujet évoqué par Achille
:

Tu sais, Dick…je pense à ce qu’à dit Achille…Jouet des dieux ?...Qu’en penses tu ?...cette situation est assez décousue comme pour qu’on commence à se faire n’importe quelle idée bizarre.

Ne me dis pas que tu crois à l’Olympe, au Walhalla et autres c*******s* ?

Mais non, bien sûr que je ne crois pas à ça…pas à des dieux dans leur Olympe à nous observer et se marrer de nos bêtises.

Encore heureux ! En cas contraire Burton aurait été déçu.

Je n’ai aucune idée de ce qui se passe ici… Tout ce que je sais c’est que… je me suis réveillé avant les autres… Je n’en ai pas parlé jusqu’ici car j’ignorais comment aborder le sujet.

Elle ouvrit des yeux ronds, et il dut continuer en racontant sa curieuse expérience.


Je ne sais pas avec exactitude ce que j’ai vu . On était dans des sortes de bulles transparentes et on flottait dans… le néant. Une lumière s’est approchée de moi et m’a fait retomber dans les limbes…
Si tu as un raisonnement valable là-dessus, je t’écoute.


Elle n’en avait pas mais promit d’y réfléchir.
De retour au camp, les choses y allèrent bon train. Louis ne rouspéta pas d’être à nouveau le cuistot de service et tous se régalèrent. Très bonne soirée autour du feu, en vérité. On y alla de ses anecdotes personnelles, on chanta même quelques refrains en riant des cabrioles de l’incontournable Loulou puis on regagna ses pénates.
Cherchant une position confortable, Richard se frappa soudain le joue. Y aurait-il des moustiques dans le coin ? Une tape après l’autre, il se retrouva tout engourdi et sombra dans le sommeil.

La sensation d’être tripoté l’agaça au point qu’il ouvrit un œil. Pas très à l’aise, le 14ème du nom était penché sur lui.


Qu’est-ce que tu fous, loulou ?

Content de vous revoir d’attaque… Euh… on a un souci : Amelia a disparu !

Une fraction de seconde pour enregistrer l’information, Richard vit rouge. Saisissant le monarque au collet, il le secoua tel un prunier :

QUOI ? COMMENT ça, TU NE SAIS PAS OÙ ELLE EST ? QU’EST-CE QUE TU FOUTAIS ?


Difficile de répondre avec le gosier dans un étau. Achille intervint de façon musclée.

… M’énerver ? J’ai l’air énervé ? Je suis inquiet, oui ! Allez, vide ton sac Louis. Tu as regardé partout ? L’as appelée ? …C’est quoi cette histoire d’aiguilles ?

Se tenant le cou à deux mains, Louis raconta son réveil, la disparition d’Amelia et l’impossibilité de réveiller ses compagnons jusqu’à ce qu’il les ait débarrassés de sorte d’épines.

Bon… Excuse-moi Louis. On devrait faire une battue du coin. On ne s’évapore pas ainsi *Sauf si les dieux s’en mêlent…*

Consciencieux, les trois hommes cherchèrent des indices au sol. Ce fut Achille qui remarqua l’anomalie. Il héla ses compagnons et tous suivirent la piste relevée.
L’herbe rase après la plage naturelle semblait avoir été écrasée comme si un corps y avait été traîné.
Son palpitant cognant dur, Burton ne put s’empêcher d’imaginer des scénarios plus effrayants les uns que les autres :


*Une bête sauvage l’a attrapée et emmenée à sa tanière... Des zigotos veulent lui faire sa fête… *


Heureusement, point de traces de lutte ni de sang. Attentifs et prudents, ils avancèrent dans la forêt voisine. Glaive au poing, sait-on jamais, le trio s’enfonça vers l’inconnu. L’oreille aux aguets, Richard perçut nettement un cri :

Dick !!!! Achille !!!! Louis !!! À moi !!!

Index tendu, Richard partit au quart de tour :

Ça vient de là-bas !


Le cœur en débandade, tracas et espoirs mêlés, il fonça droit devant. Une clairière s’ouvrit sur le spectacle le plus ahurissant qui soit. Trois femmes étaient clouées au sol et, partout alentours ça grouillait de…

*C’est quoi ça ?*


Mais déjà l’aviatrice se libérait de ses entraves et donnait des conseils :

Attention aux petits…pas écrabouiller…sont pas méchants…et si…on fait comme si on savait pas !!!

On sut !
Les… homoncules, gnomes, minus ? En tout cas quoique fussent ces créatures, elles firent front à l’intrusion de ce qui, pour elles, étaient des géants. Une grêle de fins projectiles s’abattit sur les hommes. La masse se serrait les coudes. Certains se grimpaient les uns sur les autres afin de gagner de la hauteur. L’assaut était compact mais les ressuscités n’abandonnèrent pas le terrain. Il aurait été assez facile de les aplatir à coups de bottes mais…


*Peste que cette vermine !*

Louis avait parlé de dards, d’épines… Burton connaissait les flèches empoisonnées… Cela les avait-il endormis ? S’ils en ramassaient une volée, ils risquaient de succomber. Moulinant du glaive, le trio para nombre de tirs. Il fallait réfléchir vite.


*Ces gars sont minuscules… Leurs oreilles doivent être sensibles…* ON GUEULE ! ordonna-t-il aux autres.

Beau concert de vociférations ! À s’en écorcher les cordes vocales, les hommes beuglèrent tout ce qui leur passait par la tête. Amelia entra aussi dans ce récital tout en aidant les autres prisonnières à se libérer. La brunette avait un bel organe de soprano mais la blonde resta muette, pétrifiée.
Le résultat de la cacophonie dépassa les espérances de Burton. Pliés en deux, se couvrant les oreilles de leurs mains, les minus cessèrent leur offensive.
Récupérant les évadées, Burton ne put s’empêcher d’étreindre Miss Earhart :


Meeley, tu n’as rien ? Ça va ?


Elle assura que oui. Il sourit brièvement. On se calma de part et d’autre. Dans le silence de la clairière, Burton s’agenouilla et murmura :

Nous ne vous voulons pas de mal. Nous désirions juste récupérer nos femmes. Qu’est-ce qui vous a pris de les enlever ?

Une des créatures, le chef( ?) redressa le torse :

Les Géants sont de mauvaises créatures. Ils débarquent et piétinent tout : hommes, femmes, enfants, maisons ! Nous avons capturé vos femmes pour éviter que vous vous reproduisiez et peut-être les échanger contre un accord de paix…


C’était assez sensé mais…


Nous ne sommes pas de ce type de géants. On va vous laisser tranquille et nous en aller. Ne cherchez plus à nous ennuyer… s’il vous plait.

L’autre se frotta les oreilles sans doute encore endolorie. Il haussa finalement les épaules et hocha la tête, vaincu.

On y va, déclara Burton à l’adresse des grands.

Louis se montra directement très attentif envers les ex-captives inconnues. La blonde continuait à trembler telle une splendide biche aux abois. Achille…

*Mais qu’est-ce qu’il a ?*

Tendu tel un arc, mâchoires contractées, on aurait dit qu’il avait vu la bestiole la plus immonde de la Terre en cette nymphe blonde. La brune entoura les épaules de sa compagne, et la força en douceur à s’écarter des gnomes. Lui ne put que prendre la main d’Amelia et la serrer tout au long du chemin du retour vers le ballon.
Pas besoin de mots. Ils viendraient plus tard… peut-être.

Achille disparut dans la nature aussitôt le camp rallié. Se grattant le crâne, Burton ne savait pas trop quelle attitude adopter vis-à-vis des nouvelles recrues. Le ballon était prévu pour quatre, pas six ! Devraient-ils laisser sur place deux jeunes femmes perdues ?
Pour réfléchir, quoi de mieux que la pêche ?


Meeley, occupe-toi d’elles, je t’en prie. Je… Je vais au fleuve.

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Sissi

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyMar 5 Avr - 22:21

S’il y avait bien une chose à laquelle Sissi ne s’attendait pas c’est de se réveiller à Lilliput.
Une véritable marée d’êtres minuscules les entourait, elle et Hélène. Non seulement ils étaient affreux mais assez furieux. Quelle méchanceté les poussait à piquer les visages de leurs prisonnières ? Hélène se révolta contre ce traitement, et le gnome perché près de son nez donna plus ou moins ses raisons. D’après ce qu’Elisabeth entendit, les « petits » avaient peur d’elles !
L’ex-impératrice, poussée par son amie tenta d’intervenir :


Nous ne sommes pas méchantes, nous sommes juste de passage. Laissez-nous partir…

Tu parles trop fort, râla un de ces êtres. Tu ne vois pas que tu nous fais mal !

Vous aussi vous nous faites mal avec vos aiguilles, répondit Sissi sur un ton pourtant plus bas.

Là-dessus, Hélène éternua provoquant l’envol de son tourmenteur.


*Aïe, ça risque de dégénérer !*

La meilleure défense c’est l’attaque. Après tout, les liens étaient multiples mais leurs attaches bien frêles. Peut-être qu’en bandant ses muscles la jeune femme parviendrait à se libérer ?
Exact ! Toute contente, l’impératrice redressa le buste en expédiant maints gnomes dans la nature. Tiens, une autre prisonnière était présente.


*Pas du tout contente, la demoiselle !*

La rouquine tempêtait bellement.

Bon sang, du calme…je vais rien vous faire…Ok, je suis grande mais pas méchante, je le jure…c’est vache de votre part de vous en prendre à nous de la sorte…on ne vous a rien fait…on ne fait que passer. Et puis zut avec le cirque…

*On ?*


Elisabeth se poserait des questions plus tard. Pour l’instant, la situation dérapait. Hélène avait tourné de l’œil, l’inconnue se dégageait de ses liens et la masse grouillante de petits hommes s’insurgeait contre l’intrusion de trois messieurs fâchés eux aussi.
Les créatures ne s’occupant plus des captives, Sissi arracha ses filins en bataillant avec.


Hélène, Hélène réveille-toi !

Petites tapes amicales à l’appui, la belle de Troie reprit ses sens. Avec l’aide de la rouquine, elle se releva mais demeurait pétrifiée devant le spectacle d’une curieuse bataille. Un des nouveaux arrivants ordonna soudain :

ON GUEULE !


Surprenante idée mais efficace ! Sissi joignit sa voix aux cris qui déferlèrent sur les homoncules.

FICHEZ-NOUS LA PAIX ! LAISSEZ-NOUS PARTIR !

La masse grouillante se tordit de douleurs sous les vociférations de géants qui ne profitèrent cependant pas de leur avantage pour l’écraser. Entraînant Hélène, Sissi se rapprocha de leurs sauveurs. Celui qui semblait le chef parut très soulagé de récupérer la rouquine puis une sorte de conciliabule s’établit entre ce grand brun et les miniatures. Un nouvel ordre fusa :

On y va !

Se demandant bien où aller, Sissi ne put qu’emboîter le mouvement. Le plus petit des trois hommes se montra charmant et très disert. Langage fleuri, quasi courbettes, il s’informa de leur santé et les encouragea à suivre le train imposé par le géant blond. Celui-là tirait une drôle de tête depuis son entrée en scène et Hélène semblait plus désireuse de détaler tel un lièvre apeuré que d’accompagner ces gens. Soutenant son amie tout le parcours, Sissi lui souffla :

Ils ont l’air correct. Qu’est-ce que tu as ?

La réponse tenait en un nom.

*Oh mince ! Achille !*

D’après leurs conversations dans la forêt, Elisabeth savait que la belle redoutait son contemporain. Ils s’étaient croisés dans une affreuse guerre dont on tenait Hélène pour responsable ; guerre au cours de laquelle le Grec avait péri d’une flèche au talon…
Fichu destin qui les mettait à nouveau face à face !

Bon an mal an on arriva à une sorte de campement.
Ledit Louis le XIVème du nom s’était chargé des présentations en cours de route. Sissi était éberluée. Elle rencontrait l’illustre monarque, le non moins célèbre héros de Troie, une aviatrice et le controversé Richard Burton ?
Ce dernier était tracassé, pas de doute. Il laissa les recrues aux soins de Louis et d’Amelia pour rejoindre le fleuve. D’Achille plus de trace.
Obéissants aux ordres de Burton, la rouquine et Louis firent s’asseoir les jeunes femmes, leur proposant une collation :


Merci infiniment, dit Sissi en acceptant des restes de poisson froid et de l’hydromel épicé. Vous nous avez été d’une grande aide.

Il ne fit rapidement aucun doute que la splendeur d’Hélène affectait Louis. Tout sucre et tout miel, il tentait de la dérider. La pauvre, tremblant, ne cessait de regarder dans la direction prise par le héros dans sa désertion.

Je crains que nous ne soyons une source de problèmes pour vous, reconnut Sissi en baissant la tête… Vous êtes très soudés, je crois. Notre présence risque d’attirer des conflits. Si vous nous autorisez, nous reprendrons notre route dans un moment.*Sinon Achille ne remettra pas un pied ici ou commettra un crime* En dédommagement, nous ne pouvons vous offrir grand-chose… euh… merci des compliments, Louis. Mais je pense que vous indiquer une pierre magique, serait plus… utile.

Amelia se montra intéressée et, ensemble, les trois femmes se dirigèrent vers le lieu repéré la veille avant l’attaque des gnomes. Leurs maigres avoirs étaient intacts là où ils étaient tombés.
Récupérer quelques fruits, gourde, vaisselle et arc de fortune n’était pas énorme mais enchanta Sissi.


Nous sommes assez démunies ; on s’en sortira.

Alors qu’elle allait prier la pierre, Elisabeth releva la nuque en entendant du bruit dans les fourrés.
Ebouriffé, des traces de sang sur les bras, Achille apparut en traînant derrière lui la dépouille d’une sorte de porc sauvage. S’il s’était défoulé sur l’animal, sa colère n’était pas tombée pour autant.
Une lueur de meurtre passa dans son regard quand il regarda Hélène. On aurait pu croire qu’il allait de suite la transpercer de son glaive. Sans trop réfléchir, Sissi s’interposa entre les anciens protagonistes :


Bonjour prince des Myrmidons. Nous n’avons pas été présentés, encore. Je suis Elisabeth, impératrice d’Autrice et Reine de Hongrie. Je tenais à vous remercier de votre intervention ce tantôt. Je… je vous préviens aussi, même si vous vous en moquez, que je ne tolérerai pas que vous touchiez un cheveu d’Hélène. La guerre de Troie n’est pas de sa faute mais celle de la cupidité*stupidité* des hommes !

L’Histoire avait beaucoup romancé ce tragique conflit en mettant tous les torts sur Hélène. Comme si les rois avaient besoin d’un bouc émissaire pour se faire la guerre !
Dans le cas présent, la plus belle femme du monde connu à cette époque avait porté le chapeau.
Curieuse scène de voir la fine Elisabeth faire face au héros antique. Amelia s’était aussi placée devant la belle de Troie et Achille devait râler ferme. Il gueula bien un peu sur ces femmes qui se mêlaient de ce qui ne les regardait pas mais pas un instant son glaive ne les menaça. Hélène tenta de placer un mot que le Grec n’écouta pas. Finalement, il haussa les épaules et leur tourna le dos en emportant son butin.


Il n’est pas très commode…, soupira Elisabeth dont malgré tout les genoux tremblaient. Vous voyez Amelia, nous ne pouvons vraiment pas vous encombrer davantage.


Ce n’était pas l’avis de l’Américaine qui, prières faites, insista pour ramener les jeunes femmes au campement. Louis salua leur retour avec enthousiasme alors qu’il préparait un « four » souterrain pour y faire cuire la viande découpée par Achille. On ferait bombance ce soir selon ses dires.
Plus tardif, Burton rentra avec de belles prises de pêche que, d’une dextérité dont on ne l’aurait pas cru capable, le 14ème vida et mit à cuire dans la marmite. Miss Earhart et lui échangèrent quelques mots, sans doute au sujet du conflit grec.
Sissi s’approcha de Richard à qui elle réitéra ses remerciements de leur part à Hélène et elle. Poli mais taiseux, l’explorateur ne s’étala pas là-dessus. Selon ses affirmations, vraies ou fausses, les jeunes femmes étaient les bienvenues. Ils resteraient deux ou trois jours sur place puisqu’une pierre pouvait encore leur offrir objets et subsistances. Avec Amelia et Louis, elle trouva des oreilles attentives :


Et votre ballon ? Je trouve ce travail admirable. Il a dû vous demander une somme de travail considérable. Vous n’allez pas l’abandonner à cause de nous, n’est-ce pas ?


L’aviatrice assura que Burton avait certainement une solution.

*Elle ne jure que par lui, ma parole !*

Hélène semblait un peu rassérénée. Le réconfort prodigué par Louis y était sûrement pour beaucoup. Le héros antique reparut, rafraichi et un peu moins rogue, au moment où l’espèce de ragout fut prêt. Sissi sauta sur l’occasion.
Sans viser personne en particulier avec ses propos, elle narra d’un débit voulu très joyeux :


Quelle tablée, mes amis. Nous n’allons pas rester vos invitées, ni être du bois mort. Louis, restez assis, je vous prie. Hélène et moi allons faire le service.

Saisissant les écuelles, y joignant les leurs, l’impératrice se montra habile dans le remplissage. Hélène, par contre était assez gauche dans le passage mais ne renversa cependant rien.


Louis, vous êtes un vrai chef coq ! Il est vrai que vous avez côtoyé de fabuleux connaisseurs !


Tout content, Louis révéla d’où lui venaient ses talents. On en rit. L’atmosphère s’en détendit.
La bouderie entre les Grecs demeurait néanmoins palpable.
Sitôt les ventres pleins, Elisabeth prit les choses en main :


Tous nous avons eu un rude avant-midi. Un peu de repos après un si excellent déjeuner ne serait pas mal venu. Hélène et moi allons faire la vaisselle… Mais non Louis, pas besoin de chaperon, on ne s’éloignera pas du bord, merci !

Le quatuor allait sûrement débattre sur leur sort. Sissi préférait éviter d’entendre ça, puis elle devait parler en aparté avec son amie.
En rinçant assiettes, gobelets et couverts, Sissi s’ouvrit :


Ecoute Hélène… ne sois pas si terrifiée. Je ne sais pas au juste ce qu’il y a eu entre toi et Achille mais je suis certaine d’une chose : il ne te fera aucun mal… Comment je le sais ? Disons que j’ai eu l’occasion de croiser bien des gens, de tous bords. Celui-là est très fier. Il a été manipulé et son orgueil blessé. Si tu laisses couler, il le fera aussi. J’ai appris à te connaître. Je crains que lui pas… J’intercèderai en ta faveur, promis.


La voilà qui pleurait et se déclarait nulle en toute chose.


Les hommes restent des hommes. Ta beauté a fait des ravages, et alors ? Pour moi tu es plus victime que coupable. Tu as eu la gentillesse de me dire belle aussi ; j’en ai usé pour obtenir ce que je voulais. Je n’en suis pas fière mais la politique l’exigeait. Ce n’est pas pour rien que j’évitais la cour à tout prix. Cesse de te tourmenter, mon amie. Ce quatre-là peuvent nous aider. Deux femmes seules dans la forêt… On a eu de la chance jusqu’ici. Cette occasion de fraternité en est une belle pour ne pas finir souillée ou mangée. Pour ce qui est de tes capacités… Tu apprendras. S’ils veulent de nous, promets-moi d’éviter les affronts*Et surtout de séduire Richard ou Amelia te réduira en charpie*

Ça ronflait gentiment au camp quand elles y retournèrent. Hélène fila directement s’étendre dans un coin en constatant que le seul vigile assis était Achille.
Faisant fi de sa propre fatigue, Sissi s’assit de l’autre côté du feu :


Je peux vous tenir compagnie un moment… Sommeil ? Un peu, j’avoue. J’avoue aussi que tous ces événements me tournent un peu la tête. Être là en train de bavarder avec une figure de légende n’est pas banal. La vie, la mort…

Sérieuse soudain, elle fixa les flammes, perdue dans ses souvenirs.

D’aucuns doivent dire de moi que j’ai eu de la chance, une vie dorée, parfaite… Je suis morte à 60 ans, poignardée en pleine rue, loin de ma famille... C’était un attentat politique, une vengeance, que sais-je ? Si on se donne à une patrie, elle vous le rend mal, en général... Vous êtes bien placé pour le savoir.


Gaie à nouveau, Sissi se tira les cheveux en pouffant, changeant radicalement de sujet, exprès :

À votre avis, je fais quoi de cette toison ? Je les coupe comme Amelia ou je les tresse ?


C’était débile de se mettre à parler coiffure, mais au moins, elle avait arraché un sourire au guerrier. Remettre les pieds dans le plat ou pas ? Parler d’Hélène renfrognerait à nouveau le héros. Elle préféra le laisser s’épancher si tel était son bon vouloir. Serrant ses genoux contre elle, elle attendit..

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Achille, héros de Troie

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyMer 13 Avr - 14:21

Il n’eut pas à chercher Louis, le Roi lui tomba pratiquement dessus en proie d’un grand émoi.

T’as vu un monstre ou quoi ?, rigola t’il.

Chichille ! Elles ont voulu me bouffer !

Sans émettre d’opinion, pour le moment, Achille suivit les indications du monarque encore tremblant et se trouva face à des plantes d’espèce inconnue et d’aspect peu engageant.

Ben, c’est assez moche mais…, il approcha son glaive et à sa grande surprise, une des ces plantes étranges referma sauvagement ses « mâchoires » sur la lame, de ma vie n’ai vu un truc pareil…et tu dis que ça t’a…

Je me baissais et une de ces choses m’a attaqué !


Malgré lui, Achille riait.

Désolé, mon vieux…mais c’est trop marrant…tu t’es fait croquer la fesse par une fleur friande de chair humaine…Je te promets de n’en rien dire…ton secret mourra avec moi !

Mais il rigolait en douce en escortant le 14ème du nom et sa dignité bafouée de retour au campement. Les autres se contentèrent de savoir que les alentours n’étaient pas trop hospitaliers.

Richard et Amelia allèrent pêcher, leur laissant, à Louis et lui, le loisir de préparer le campement, ce qui voulait dire que lui s’occupait du travail lourd et Loulou du repas. Ça marchait à tous les coups, l’inverse n’aurait rien su donner de bon !

La veillée autour du feu fut joyeuse, on y alla d’anecdotes diverses, histoires, quelques unes hilarantes, racontées par Louis, Amelia chanta et puis tout le monde gagna ses quartiers de nuit. Il prit le premier quart de garde, Louis le releva le moment venu. La fatigue de cette journée d’émotions diverses pesait lourd, il s’endormit pratiquement à l’instant…à moment donné il eut la sensation d’être piqué par un essaim de moustiques mais n’eut même pas la force de lever la main pour s’en défaire…


Achille ! Achille réveille-toi !

Il se sentit secoué, doucement d’abord avec un peu plus de rudesse ensuite, l’angoisse croissante de Louis…c’était bien lui qui faisait tout ce cirque, était palpable, mais qu’on le damne s’il pouvait bouger ou ouvrir les yeux.

Que se passa t’il ensuite ? Achille n’en eut la moindre conscience. Il voguait au creux de quelque limbe épais mais commença à en émerger lentement, avec la tête lourde et les idées confuses pour voir le 14ème du nom, visiblement anxieux, penché sur lui et…sur Richard qui semblait lui aussi émerger d’une très profonde léthargie.

Content de vous revoir d’attaque… Euh… on a un souci : Amelia a disparu !

Innocent Louis ! Faire en toute simplicité un aveu pareil et compter s’en tirer comme si rien. Richard était sans doute d’un calme à toute épreuve mais là, à la seule mention de cette disparition, le transforma en forcené qui attrapa Louis du collet et le secoua comme un dingue.

QUOI ? COMMENT ça, TU NE SAIS PAS OÙ ELLE EST ? QU’EST-CE QUE TU FOUTAIS ?

Loulou virait au cramoisi étranglé.

*Ouais…mais c’est une simple camarade…comme n’importe lequel de nous…*

Arrête, bon sang, tu vas étrangler, Louis !!!, intervint il en écartant avec force la poigne meurtrière, pas la peine de t’énerver de la sorte !

Et l’autre de protester.

M’énerver ? J’ai l’air énervé ?

Achille tapota l’épaule de Louis qui reprenait son souffle et secoua la tête en regardant Richard.

À peine…

Grognement. Il aurait rigolé si la situation n’avait été si grave. Burton finit par reconnaître qu’il était inquiet et pria Louis de vider son sac illico, ce que ce cher homme fit en se frottant le cou meurtri. Ce qu’il raconta leur donna pas mal de quoi penser.

On était piqués de mille épines?...C’est quoi ça, comme fable ? En tout cas, merci de nous avoir débarrassés de ça…et maintenant…

Mais déjà Richard , esprits et aplomb retrouvés, reprenait les opérations en main :

On devrait faire une battue du coin. On ne s’évapore pas ainsi !

*Si tu savais…on s’évapore de mille façons, mon ami !*

Mais le moment n’était pas venu pour les évocations. Chacun de leur côté, ils ratissèrent les alentours. Achille n’eut pas à aller bien loin. À quelques pas de leur bivouac, l’herbe apparaissait aplanie comme si on y avait traîné un corps. Des idées scabreuses traversèrent son esprit, cette situation ne lui disait rien de bon. Qu’il n’y ait pas de traces de sang le rassura un peu mais cela pouvait signifier si peu…un ennemi capable des pires félonies…ce ne serait aucune première dans ce monde de brutes.

C’est par là, les gars…

Richard prit les devants, l’air décomposé. Et puis, le cri :

Dick !!!! Achille !!!! Louis !!! À moi !!!

Aucun besoin de l’indication de Burton, ils savaient d’où venait cette voix où, les Dieux soient loués, ne perçait aucune peur, plutôt de l’impatience. Ils foncèrent sans s’attendre, jamais de la vie, au spectacle inédit qui s’offrit à leurs yeux. Amelia et deux autres femmes se trouvaient attachées au milieu d’une clairière, sous la garde défiante d’une marée mouvante de…

Des petits hommes !?

Regard interloqué échangé avec Louis, alors qu’au milieu de ses capteurs minuscules, Amelia se libérait de ses entraves et se levait, soulevant une houle d’horreur consternée muée rapidement en défense démente contre eux, qui ne devaient pas offrir une image trop conciliante. Il admirait l’aplomb de l’américaine tout en reportant son attention sur les deux autres prisonnières… alors tout sembla soudain basculer dans une espèce de brume confuse, étrange où les sons, les voix, semblaient provenir de loin…il ne pouvait entendre que le battement furieux de son propre cœur…Elle aussi l’avait vu, il devina, exultant, sa terreur et un désir véhément de meurtre l’aveugla un instant…

ON GUEULE !

Si Richard l’ordonnait. Il gueula, sans se demander pourquoi et cela sembla mitiger les ardeurs combattives des minus pendant qu’Amelia aidait les autres à se libérer et Richard finissait par palabrer avec le chef de ces singuliers petits êtres. Lui ne voulait qu’une chose : disparaître avant de commettre un hors lieu duquel il aurait à se repentir. Si Louis ou quiconque d’autre lui adressa la parole, Achille n’entendit mot, perdu comme étant dans des souvenirs qu’il aurait préféré ne pas avoir.
Trois fois. Combien de diplomatie et ruse n’avait demandé en arriver là. Interminables pourparlers, palabres, échange de promesses, de menaces pour parvenir enfin à un accord : Hélène était rendue aux siens, retournait auprès de son mari à Sparte. Troie payait son tribut de guerre et on mettait fin à ce conflit qui s’éternisait. Par trois fois, Achille avait accompagné cette ambassade. Par trois fois, il avait lui-même tenu de longs conciliabules avec la belle captive et par trois fois le résultat avait été le même : elle ne voulait rien savoir de rentrer à Sparte, sachant qu’une fois en mains de Menelas on ne donnerait pas cher pour sa jolie peau. Inutile encenser les vertus d’un quelconque sacrifice personnel destiné à sauver la vie de tant, la belle avait systématiquement refusé d’être offerte sur l’autel de la concorde.

La prochaine fois, femme, je ne demanderai point…

La garde troyenne de la belle ne lui avait permis d’agir à sa guise mais Hélène savait, tout comme lui, que la prochaine fois qu’ils se retrouveraient face à face, il lui couperait la gorge sans aucune arrière pensée. Mais l’histoire était écrite autrement…

Et maintenant, une éternité plus tard, dans ce monde étrange…elle était là, démunie, exposée, affolée…mais encore là, sans armes mais tout aussi puissante, la présence des autres avait joué à la perfection le rôle de garde troyenne.

*Pourquoi elle ?...Pourquoi ?...quelle faute horrible ai-je commise pour mériter ce châtiment !?*

Il prit les devants sur le chemin de retour au campement et une fois là, incapable de rester comme si rien à suivre les événements, Achille prit son javelot et, sans piper mot, disparut dans le bois. Il vaqua comme ombre inquiète jusqu’à tomber sur sa proie. Ce serait mentir dire qu’il ne songea pas à la blanche gorge de la reine de Sparte tout en égorgeant le porc sauvage. Il ramenait la succulente dépouille quand au sortir des fourrés, il tomba nez à nez avec Amelia accompagnant les deux nouvelles se prosterner face à…une Pierre.
L’américaine lui lança un coup d’œil aigu qui ne mitigea en rien le regard féroce dont il couva la belle grecque. La ravissante brune avec qui voyageait Hélène s’interposa, courageuse, d’abord en se présentant, après le défiant sans crainte :


Je… je vous préviens aussi, même si vous vous en moquez, que je ne tolérerai pas que vous touchiez un cheveu d’Hélène. La guerre de Troie n’est pas de sa faute mais celle de la cupidité des hommes !

Craignant Dieu sait quoi Amelia s’ajouta au chœur de la défense.

Tu me déçois, Amelia, je te croyais capable d’un peu plus de discernement…quant à vous, Impératrice d’Autriche, ne vous mêlez pas de ce que vous ignorez. Je ne sais pas ce que peut raconter l’histoire, après tant de temps…peu importe. Les faits demeurent.

Hélène ouvrit la bouche, vainquant sa terreur, pour dire quelque chose mais il la fit taire d’un geste agacé.

Tais tes mensonges et tes intrigues…le mal est fait et c’est trop tard pour y remédier…

Faisant demi tour, il était reparti avec son cochon. La compagnie de Louis serait sans doute un baume pour son esprit chamboulé. Ça ne rata pas. Le joyeux babil du Roi parvenait presque à lui faire oublier ses misères. Bien sûr, sa curiosité n’y alla pas de main morte.

Je ne veux pas parler de ça, Louis…Non. Vais pas dire un mot. Non. Vais pas lui couper la tête…suis pas un assassin…après tout ce temps, qui croirait que c’est un acte de justice…toi, le premier me transperces de ta lame…et Richard et Amelia…et la brune…et elle sans doute sauterait sur l’occasion…Pourquoi ?...Demande le lui ! Non, je n’ai jamais été ébloui par ses charmes…par contre toi…Fais attention, Loulou…elle te brisera le cœur et t’utilisera…c’est sa façon…Viens pas dire que je t’ai pas averti !

Tout en parlant, il avait dépecé son butin de chasse et offrait une allure de boucher très peu engageante. Louis, sans plus de manières, l’envoya se rendre à peu près présentable. Achille obéit en souriant, parfois il avait la sensation d’être couvé par une vraie mère poule !

Le repas fut un succès et Louis récolta maints compliments de la part de la jolie brunette, Impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, une autre qui savait tourner ses mots de façon charmante. Nourriture, hydromel, les histoires de Louis et ses anecdotes, voilà de quoi remettre n’importe quelle situation d’aplomb. On finit même par rire. Suffisait de pas regarder la blonde, qui dans son coin, faisait des efforts pour ne pas se faire remarquer. Finie l’agape, tout le monde se retira pour un bref repos bien mérité après cette matinée si mouvementée. Tout le monde ? C’était rêver.

Je peux vous tenir compagnie un moment…

Ce n’était pas une question mais une confirmation, déjà, elle prenait place face au feu. Il la considéra, très sérieux.

Vous n’êtes pas fatiguée ? Pas sommeil ?

Ça et lui dire de ficher le camp revenait à peu près au même mais elle opta pour ignorer ce manque de civilité.

Sommeil ? Un peu, j’avoue. J’avoue aussi que tous ces événements me tournent un peu la tête. Être là en train de bavarder avec une figure de légende n’est pas banal. La vie, la mort…

Ouais…, à ce train là on ne pourrait pas dire qu’il ne faisait pas d’apport à la conversation.

Mais définitivement la jeune femme ne se laissait pas démoraliser pour si peu et se lança en une courte évocation de sa propre vie et fin. Il y perçait une profonde amertume.

Si on se donne à une patrie, elle vous le rend mal, en général... Vous êtes bien placé pour le savoir.

Cela lui tira un petit ricanement.

Suis mort à la guerre, moi, tué par un ennemi…mais oui, c’était aussi une vengeance personnelle.

Et sans préavis, l’adorable créature rit en plongeant ses mains dans la masse soyeuse de sa longue chevelure.

À votre avis, je fais quoi de cette toison ? Je les coupe comme Amelia ou je les tresse ?

Il sourit. Parole d’Achille, c’était bien la première fois de sa vie qu’on requérait son conseil comme camériste.

Les couper serait un acte impie…d’un autre côté, entretenir cette toison, comme vous l’appelez, doit prendre beaucoup de temps. Temps, dont nous ne disposons pas...Mais revenant à vos cheveux…coupez en la moitié et tressez le reste…je vous imagine très mal coiffée comme notre Amelia…elle, elle est très spéciale …d’un autre temps, aussi…

Diables, ça faisait des siècles qu’il ne tenait pas un si long discours et sur quel thème, s’il vous plaît, mais il est vrai que parler avec cette adorable jeune femme résultait…très facile mais malgré ses efforts, ses magnifiques yeux se fermaient tout seuls.

Allez vous allonger, Majesté…Non, pas de souci, je ne suis pas fatigué….et ne craignez rien, je ne lui ferai rien, à votre amie…

Resté seul, Achille repassa la brève discussion maintenue avec ses trois compagnons sur l’avenir des deux nouvelles arrivantes. En aucun moment, il n’avait été question de les laisser repartir seules. Qu’elles aient survécu jusque là tenait du miracle, même si Achille avait son idée très personnelle sur ce thème. Les abandonner à leur sort n’entrait pas en cause.

Pour tenir à six dans la nacelle, il faudrait nous défaire de beaucoup or chaque chose que nous possédons a son utilité particulière. Je suis de l’idée qu’une partie d’entre nous continue l’exploration par voie terrestre…le reste volera.

Ainsi fut fait…
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Louis XIV

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyVen 15 Avr - 16:19

Être mordu au fondement, sa dignité en avait pris un sérieux coup. Quoique, tout compte fait, Louis commençait à s’habituer aux revers de fortune. Achille lui promit de taire ces derniers avatars, donc ça passa. Par contre qu’au matin, après avoir si soigneusement épilé ses compagnons, il se soit quasi fait étrangler par Richard, lz 14ème encaissa assez mal. Manquerait plus que Burton le tienne pour responsable de la disparition d’Amelia ! Heureusement, Achille lui sauva la mise. Force fut de raconter ce qui était advenu :

J’étais aussi piqué d’un tas d’aiguilles mais, au moins, je ne dormais pas, moi ! *Na ! S’il y tient tant à SON Amelia, il n’a qu’à lui mettre une laisse !*

On ne s’étendit pas sur les raisons du sommeil abruti du héros et de Burton, une battue s’imposait.
Des traces révélatrices d’un déplacement menèrent les trois hommes à une clairière où un spectacle les choqua :


*Je dois rêver… *


Une foule de petits êtres entourait trois femmes allongées dans l’herbe.
Un sourire en coin aux lèvres, Louis reconnut Amelia qui se débattait dans une sorte de toile d’araignée tendue au-dessus d’elle en réclamant d’épargner ses tourmenteurs. L’ennui, c’est que les « bestioles » se retournèrent contre les arrivants. À la grêle de projectiles minuscules qui les frappait, les hommes ne surent trop comment réagir. Une idée comme une autre, Louis pensa furtivement à se déculotter et à noyer la foule sous son urine. Mais… on ne dévoile pas ses attributs devant les dames… enfin pas dans ces circonstances.
Burton sauva la situation en lançant l’ordre de gueuler. On n’était pas à ça près !
Se lançant à plein gosier dans un flot d’onomatopées, le monarque fut très satisfait de ses prestations vocales. Pourtant… son dernier « yah, yah » se termina en un couac magistral quand il vit se lever la créature la plus divine qui soit.
Blasphémant intérieurement, il resta béat :


*Les dieux existent !*

Des femmes, Louis en avait croisées dans sa vie tumultueuse. Dire que toutes lui plaisaient serait mentir. Il aimait surtout celles qui avaient de l’esprit mais… ne savait que rarement résister à la beauté. Or là… La pureté des traits de la jeune femme blonde était incomparable, et ses courbes absolument parfaites même si dissimulées sous des frusques banales.
Mu par sa galanterie naturelle, Louis laissa Burton palabrer avec les gnomes pour se porter au-devant des ex-captives.


Vous… Vous allez bien, s’enquit-il en retrouvant l’usage de sa langue. Aucun mal ne vous a été administré, j’espère ? Sinon dites, et je pourfendrai ces pustules sur-le-champ !

Hélas, ou heureusement, les dames se portaient bien. Quoi de plus normal que de ramener tout le monde au campement ?
En route, Louis ne put s’empêcher de causer :


Où avais-je la tête, je ne me suis pas présenté : Louis, dit le grand, XIVème du nom, roi de France.
Mes compagnons sont Achille, le grand héros ; Sir Richard Francis Burton et Amelia Earhart, une aviatrice des temps modernes
.

Que la brune se présente en retour en tant qu’impératrice d’Autriche, raviva des souvenirs chez Louis :

Nos pays ont souvent fraternisé et guerroyé… J’ai connu l’Impératrice Marie-Thérèse…

Mais quand la blonde fut identifiée comme étant Hélène de Troie, la belle humeur de Louis s’affecta? I s'agissait d'un cadeau des dieux, sûrement, sauf que... :

*Achille ! Où est-il passé ?

Trop émoustillé à faire des ronds de jambe aux libérées, c’est à peine s’il avait entraperçu les réactions de son ami.
Il délaissa un court instant les deux nouvelles pour s’approcher d’Amelia et Burton. Il souffla :


Vous savez qui on a pêché ? La reine de Sparte ! Où est Achille ?

Il avait pris les devants. Très tracassé, Louis n’en garda pas moins son rôle de gai luron auprès de celles qui venaient de subir l’attaque des petits hommes. Il babilla :

Votre réveil en ces terres n’a point été trop pénible ? … Ah, vous avez préféré vous écarter… Comme je comprends. Voyez-vous, nous aussi nous avons décidé de quitter les berges peuplées. Richard nous a fait construire un ballon. Vous le verrez bientôt ! *Où est Achille !*

Arrivés au camp, Louis s’assura du confort des dames :

Veuillez vous poser, je vous prie. Je vais raviver le feu. Nous n’avons pas grand-chose à vous offrir mais je pense qu’un peu d’hydromel ne sera pas mal venu après ces émotions. Un peu de poisson aussi, peut-être ?


S’occuper, il fallait qu’il bouge pour ne pas trop penser aux conséquences d’une certaine présence.
Cela le peinait énormément que son ami puisse en souffrir. D’autre part, Hélène était si… touchante dans son désarroi, que le 14ème s’échina à la dérider en racontant… n’importe quoi.
L’impératrice ne fut pas dupe de son manège.


Je crains que nous ne soyons une source de problèmes pour vous, Vous êtes très soudés, je crois. Notre présence risque d’attirer des conflits. Si vous nous autorisez, nous reprendrons notre route dans un moment En dédommagement, nous ne pouvons vous offrir grand-chose…

Votre compagnie vaut, à elle seule, tous les sacrifices…

Euh… merci des compliments, Louis. Mais je pense que vous indiquer une pierre magique, serait plus… utile.

Certes, voilà une bonne nouvelle.
Allez donc prier la pierre, j’irai plus tard. Si vous y pensez, je manque d’oignons et d’origan.


Seul, le monarque se gratta le crâne. En voilà des soucis dont tous se passeraient bien. Il en savait assez en Histoire, avait beaucoup discuté avec Achille pour ne pas ignorer l’aversion de ce dernier envers Hélène.

*C’est un guerrier, pas une brute, il ne lui fera jamais de mal…*

Néanmoins, quand il vit le héros reparaître couvert de sang, Louis faillit se sentir mal. Dieu merci, ce n’était pas le cadavre de la reine de Sparte qu’il traînait derrière lui mais celui d’un porc sauvage.

Oh, quelle merveille ! Ça va nous changer des poissons. Pas que j’aime pas mais ça lasse à la fin… On va se régaler, Achille ! Très belle prise, merci ! On en salera une partie pour la conserver ; l’autre on va la déguster avec les oignons… J’en ai commandé aux dames qui sont allées prier… Tu les as vues ?


Je ne veux pas parler de ça, Louis…


M’enfin… Tu dois bien avoir des pensées, qui…

Non. Vais pas dire un mot.

Comme tu veux. Du moment que tu ne lui coupes pas la tête…*Elle est trop belle, cette tête…* Tu aurais tort, tu sais…

…suis pas un assassin…après tout ce temps, qui croirait que c’est un acte de justice…toi, le premier me transperces de ta lame…et Richard et Amelia…et la brune…et elle sans doute sauterait sur l’occasion…

L’occasion ? Mais… pourquoi ? T’aurait-elle séduit… jadis ?

Quoi de plus normal, en somme? Si en plus d'avoir refusé de retourner auprès de son légitime époux, Hélène s'était refusée à lui... La vérité semblait autre.

Non, je n’ai jamais été ébloui par ses charmes…par contre toi…Fais attention, Loulou…elle te brisera le cœur et t’utilisera…c’est sa façon…Viens pas dire que je t’ai pas averti !

Tu te fais des idées mon grand, si tu crois qu’il suffit d’un joli minois pour me faire dérailler !
J’avoue qu’elle a… des arguments très… positifs. Mais, suis…*Pas si bête* galant, c’est tout.


Quoique pense Achille, peu importait du moment que la paix régnait. Là, elle était compromise et Louis se sentait… contrarié. Sa bonne humeur revint en préparant les morceaux débités avec une rage à peine rentrée par le héros.

Tu sais, je dis ça, je dis rien mais nous aurons des dames à « table » ce soir. Un peu de toilette ne nuirait pas…

Se frottant les mains et salivant anticipativement, Louis creusa le sol selon une technique apprise de Burton. Il en avait vu des contrées, celui-là ! Selon lui, le four souterrain datait de la préhistoire. Des braises au rouge, des pierres et branchages, viande par-dessus, on referme et attend… longtemps. La viande serait prête au soir. En attendant, il y aurait encore du poisson au menu.
Il achevait son œuvre quand les femmes reparurent :


Salutations, gentes demoiselles ! Vous vœux furent-ils à la hauteur de vos espérances ? … Oh, mon origan. Mille merci, vous m’en donnerez des nouvelles ce tantôt.

La marmite de ragoût aromatisé satisfit tout le monde. Louis était enchanté du succès. Que l’impératrice et Hélène leur serve la nourriture prouvait leur bonne volonté. Elles insistèrent même pour aller laver la vaisselle au fleuve.

*Pas bête de nous laisser seuls…*

Sitôt qu’elles eurent le dos tourné, le XIVème se tourna vers Richard :


Que va-t-on faire ? Elisabeth l’a dit : on ne va pas abandonner le ballon, non ?

L’explorateur laissa la parole à chacun. La palme revint au héros qui décréta :

Pour tenir à six dans la nacelle, il faudrait nous défaire de beaucoup, or chaque chose que nous possédons a son utilité particulière. Je suis de l’idée qu’une partie d’entre nous continue l’exploration par voie terrestre…le reste volera.

Embarrassé, Burton avoua que telle était bien son idée aussi. Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’il allait se séparer d’Amelia… Louis en devina les raisons mais ne pipa mot dessus trop heureux et fier de se voir confier la mission extrême de la garde des dames :

Moi tout seul avec elles en l’air ?


Voilà une responsabilité digne d’un roi, digne de… lui ! Il promit de s’en acquitter au mieux.
Hélène et Sissi rentrées au camp sans incident, on les mit au courant des délibérations. Louis se montra enthousiasme en se la gonflant un peu, comme il se devait.


Vous verrez, c’est très surprenant au début, mais tellement merveilleux ! Je suis sûr chère Hélène que vous adorerez et, si quelque mal de l’air vous incommodait, vous me trouverez prêt à vous soulager.

La journée s’écoula à fixer les modalités de la transition. Achille et Burton, à pied, longeraient la berge tandis qu’Amelia dirigerait le ballon portant les autres, selon le courant d’air. Objectif majeur : se signaler mutuellement. Selon les probabilités, le ballon irait plus vite et plus loin que les terriens. Les aéronautes ouvriraient en quelque sorte le terrain. Dès un lieu favorable au bivouac, ils se poseraient et attendraient les pédestres.
Les provisions se répartirent au cas où un délai substantiel retarderait la jonction entre les groupes.
Instructions, plan de rechange, on en émit des suppositions. Le soir arriva avec le porc cuit à point.
Régal pour tous, divertissements divers. Louis prit un malin plaisir à exhiber les dés qu’il avait sculptés lors de ses tours de garde. Mal lui en prit, Amelia et Sissi y jouaient mieux que lui !
Les mises étant fictives, il n’y perdit qu’un peu de dignité…

Au matin, on éteignit le feu. L’heure de la séparation était venue. Tandis que Burton et Amelia se faisaient mille recommandations, Louis aida Elisabeth et Hélène à prendre place dans la nacelle. Il s’approcha ensuite d’Achille, plus ému qu’il l’aurait voulu :


Ça va faire bizarre sans toi… Qu’importe ce qui arrivera. Je serai toujours très fier d’avoir pu compter parmi tes connaissances. Prends soin de toi… et de Richard, bien sûr ! ... Ouais, t'inquiète, il n'arrivera rien à personne!

Pas à dire mais les accolades d’Achille valaient le détour. Heureusement, ces démonstrations étaient rares sinon les os du roi n’y auraient pas résisté.
Trêve d’atermoiement, il fallait y aller. Les amarres furent coupées, le lest largué.

Hélène fut malade très vite. Enchanté de lui prodiguer son aide, Louis n’hésita pas à lui raconter sa première expérience :


Sans Achille, je serais passé par-dessus bord ! Le vert tendre vous va mieux qu’à moi, j’en suis sûr. Tenez, buvez un peu d’hydromel, ça vous requinquera.

Amelia, traits fermés, assurait les manœuvres sous l’œil éveillé de l’impératrice. Celles-là n’étaient pas incommodées. Volubile, Sissi ne tentait-elle pas de dérider l’aviatrice ?
S’étant assuré qu’Hélène allait mieux en position assise, Louis se tourna vers Miss Earhart :


T’en fais pas ainsi, Amelia. Avec Achille à ses côtés, Richard ne craint rien. Déjà tout seul, Burton s’en est sorti de plus rudes !

Ensuite, il bavarda un peu avec l’impératrice tout en contemplant le serpent liquide sous eux :

Faudrait pas tomber là-dedans, hein ? Parlez-moi un peu de ce qui s’est passé après ma mort…

On vogua calmement tout un temps. Les manœuvres étaient limitées et à part se laisser dériver, monter ou descendre selon le courant d’air, il n’y avait pas grand-chose à faire.
Ce que lui avait révélé Sissi, même adouci, était dur à encaisser pour Louis. Amelia l’avait déjà mis au parfum de la chute de sa royauté, mais l’entendre de la bouche d’un plus proche l’avait bouleversé. Du coup, tout le monde fut assez morose à bord.
De la longue-vue obtenue après bien des prières à la pierre, Louis observa le contrebas. Inutile de chercher à distinguer les piétons.
L’endroit survolé ressemblait aux autres : fleuve, forêt, crêtes montagneuses.
Ce qui différa fut le ciel…
En alerte soudain, Amelia ordonna à Louis d’activer la descente.
De gros nuages gris roulaient vers eux, le vent était monté. Les deux récentes se tassèrent dans un coin, l’une contre l’autre. Louis aurait bien fait pareil car il n’avait aucune idée de ce qu’une tempête en l’air pouvait signifier. Sûre d’elle, Miss Earhart lui dicta des manœuvres qu’il exécuta comme il put. Oh là, là ! C’était bien pire qu’un bateau par gros temps. Voler devenait impossible.
La terreur s’empara du monarque qui n’entendit même plus les ordres d’Amelia.
Ils entraient dans une sorte de goulet, entre deux parois rocheuses.


*Monter ? Descendre ?*


Louis ne comprenait plus rien. Il sauta sur la valve d’échappement d’air et l’ouvrit. L’aviatrice le bouscula pour inverser sa manœuvre. L’embardée fut telle que Louis fut presque éjecté de la nacelle. Son dos, en tout cas, souffrit cruellement du raclage contre les rocher. Une douleur affreuse lui broya l’épaule mais, vaille que vaille, il s’accrocha et remonta à bord alors que le réchaud fonctionnait à plein régime et que le ballon s’élevait à nouveau. On survola brièvement un paysage inédit : le dessus de la crête ! L’orage avait-il perturbé la barrière jusque-là infranchissable ? Plaines et surélévations étranges s’ouvrirent. Dans une vision furtive, Louis distingua ce qui ressemblait à une antique forteresse. Pas le temps, hélas, de détailler quoique ce soit, le vent tourna à nouveau, ramenant l’esquif dans le goulet.

SI VOUS CONNAISSEZ UNE PRIÈRE À EOLE, C’EST LE MOMENT ! hurla-t-il à Hélène.

Comment Amelia s’y prit-elle pour qu’ils ne se brisent pas les os en atterrissant ? Bonne question !
Telle une baudruche fuitée, le ballon se dégonfla tandis que par réflexe, Louis jetait l’ancre.
Ni une ni deux, tous vidèrent les lieux en courant sous une pluie diluvienne.


*Un abri ! Mon royaume pour un abri !*

Vœux exhaussé ! Une ombre dans la paroi l’attira, il y mena les femmes.
Trempé, essoufflé, le quatuor s’affala au sol
.

*Je dois me montrer l’homme de la situation ! J'ai promis...*


Belle idée mais…

Dans ses poches, Louis gardait des pierres à feu données par Richard. Il se leva er arracha d’une main plusieurs racines sèches qui bordaient l’endroit. Un petit tas se monta. Il ne restait qu’à l’enflammer. Il s’assit et essaya.
Pourquoi son bras gauche restait-il si inerte ? La douleur, fulgurante, se réveilla.


Je… je me suis démis l’épaule… Je suis désolé.

À qui dut-il de ne pas piquer du nez dans les branches ? Il ne le sut que plus tard…
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Hélène, la belle de Troie

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyMer 20 Avr - 21:16

Terrifiée. Il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier ce que sentait Hélène. Les petits êtres si agressifs lui faisaient peur mais jamais autant que découvrir le prince des Myrmidons parmi les sauveurs de service si bien appelés par la rousse colérique.

*Que ce soient les « petits » ou lui…ma fin est proche ! »

Mais il n’en fut rien, pour le moment. Achille l’avait vue, impossible autrement et son regard avait eu un éclat de meurtre. Elle aurait voulu disparaître or cela s’avérait, comme toujours quand on le désire, une vaine illusion. Les petits êtres furent réduits à l’impuissance après un concert de hurlements et Sissi l’aida à se défaire de ses liens, se relever et rejoindre les amis de la demoiselle rousse. L’un d’eux, quel homme charmant, s’approcha, plein de prévenances, exquis :

Vous… Vous allez bien. Aucun mal ne vous a été administré, j’espère ? Sinon dites, et je pourfendrai ces pustules sur-le-champ !

Quelle manière fleurie de s’exprimer. Quelle gracieuse façon de sourire, de la regarder. Délicat, si poli…si différent à tout autre homme connu auparavant. Surtout au prince blond qui sembler soupeser les diverses façons de se défaire d’elle dans les plus courts délais. Tremblant de tous ses membres Hélène se trouvait dans l’incapacité de proférer le moindre mot, elle se contenta de suivre le mouvement, guidée par une Sissi sollicite.

Ils ont l’air correct. Qu’est-ce que tu as ?


La belle question ! Affolée comme biche prise au piège, elle n’avait pu que regarder celui qui avait pris la tête de la petite colonne en murmurant, à peine audible :

Lui…Achille !


Sissi n’eut pas besoin de plus d’explications. Après leurs longues conversations, elle pouvait très bien comprendre son émoi. Chemin faisant, le charmant jeune homme aux cheveux bouclés avait cru bon amender son manquement de savoir faire :

Où avais-je la tête, je ne me suis pas présenté : Louis, dit le grand, XIVème du nom, roi de France. Mes compagnons sont Achille, le grand héros ; Sir Richard Francis Burton et Amelia Earhart, une aviatrice des temps modernes.

Sissi agréa cette présentation en prenant un air éberlué. À croire que celui qui se disait roi de France avait été un grand personnage de l’histoire et l’autre nommé Richard n’était non plus des moindres. Hélène, toujours silencieuse, ne pouvait que fixer le dos puissant du grec en attendant à tout moment un ex abrupt de sa part, ce qui pour le bonheur de tous, ne se produisit pas. Peut être la compagnie de ces hauts personnages de l’histoire avait apaisé son esprit assoiffé de vengeance. En tout cas, elle l’espérait. Beaucoup de choses semblaient avoir changé avec le temps. Dans sa lointaine antiquité, on n’avait jamais vu une femme se comporter comme le faisait la rouquine dénommée Amelia. Elle se comportait en degré de parfaite égalité avec les hommes du groupe, tout en restant plus proche de celui qu’on disait grand explorateur. Hélène devina entre ces deux là une certaine connivence, avait suffi de voir la façon dont il l’avait étreinte en la retrouvant et la façon dont il gardait sa main dans la sienne. Soupir. De sa vie, aucun homme ne l’avait traitée ainsi…

Leur campement était proche. Achille avait disparu, alors elle put se détendre d’un cran, laissant Sissi s’occuper de la partie sociale. Louis, en parfait hôte, s’occupa de leur fournir à boire et à manger tout en bavardant allègrement, sans la quitter des yeux. Son amie l’impératrice s’avoua charmée de tant d’attentions mais ne laissait pas pour autant de reconnaître ambiguïté de leur situation, selon elle, leur présence ne ferait que causer des problèmes entre eux qui étaient un groupe si soudé. Elle voyait juste. Achille n’admettrait jamais sa présence et rester là, était une ouverte provocation…dans le meilleur des cas il quitterait ses amis, dans le pire, l’égorgerait pour ne pas avoir à subir sa dérangeante présence. Mais pour le moment, personne ne voulut rien entendre de les voir partir, en remerciement, Sissi les renseigna sur l’existence d’une Pierre magique dans les alentours. Amelia tint à les accompagner. Elles se disposaient à élever leur prière quand, surgissant des fourrés, souillé de sang, l’air sauvage, Achille brisa le calme parfait de l’instant. Il traînait la dépouille d’un animal et tenait encore son glaive en main. Son expression féroce ne laissait prévoir rien de bon mais voilà que la douce Élisabeth s’interposait et après une courte présentation, le mettait sur avis :


Je… je vous préviens aussi, même si vous vous en moquez, que je ne tolérerai pas que vous touchiez un cheveu d’Hélène. La guerre de Troie n’est pas de sa faute mais celle de la cupidité des hommes !

Fol courage. Et comme si ce n’était pas assez, la moderne Amelia se joignit à Sissi, défiant le héros qui enrageait. Cherchant force et inspiration de l’exemple des deux femmes, Hélène prit une profonde inspiration :

Achille…écoute…


Impossible d’en dire plus, d’un regard mauvais et un geste plus qu’agacé il lui signifia silence.

Tais tes mensonges et tes intrigues…le mal est fait et c’est trop tard pour y remédier…

Cela dit, il se contenta de faire demi tour et se perdre par où il était venu.

Il…il…ne voudra jamais rien entendre,
souffla t’elle en tremblant comme une feuille.

Sissi fut de son avis, pas ainsi Amelia qui les ramena au campement. Hélène se fit toute petite dans un coin, on n’entendit pas un mot de sa bouche. Selon ce qu’elle entendit et comprit, sans se soucier de l’avis du féroce myrmidon, les autres leur souhaitaient la bienvenue parmi eux. Louis se montrant plein d’humeur et bonnes intentions, veillant à qu’elles et surtout elle, ne manquent de rien. Cela aida à la rasséréner peu à peu. Elle aida Sissi à faire le service. Une première et il fallut faire des efforts pour ne pas trembler sottement ni renverser le contenu des assiettes au moment de passer la sienne à un Achille rogue. Le repas se déroula néanmoins dans une ambiance quasi festive, elle, à peine si on pouvait lui tirer l’ombre d’un sourire. Les agapes terminées, Sissi l’entraîna vers la rivière sous prétexte de laver la vaisselle.

Écoute Hélène… ne sois pas si terrifiée. Je ne sais pas au juste ce qu’il y a eu entre toi et Achille mais je suis certaine d’une chose : il ne te fera aucun mal…

La reine de Sparte laissa échapper un long soupir endolori. Tous ces siècles écoulés. La mort survenue, la vie revenue…et les souvenirs intacts, terribles, douloureux. Qu’avait il eu entre elle et Achille ? Une longue histoire d’entêtement, orgueil, peur et déconvenues. Il ne voulait qu’en finir avec la guerre, qu’elle soit la victime propitiatoire pour parvenir à ses fins ne le préoccupait pas le moins du monde. Il savait sciemment pourtant à quoi équivaudrait la rendre à Menelas et ne s’en émouvait pas…pas faute d’avoir essayé. Après tout n’était elle pas la femme la plus belle de leurs temps ? Aucun homme qui s’estimait comme tel ne pouvait résister au déploiement de son charme, le beau prince des Myrmidons n’avait pas été l’exception…même s’il avait, et cela Hélène l’ignorait, ses règles très précises pour ce genre de jeu. Achille, fils de Pelée, était un homme à profondes convictions. Sa mission était la rendre aux siens, mettre fin à la guerre et rentrer chez lui sans plus de maux à déplorer. Si elle avait cru la partie remportée, Hélène dut convenir s’être trompée de bout à bout. Non seulement, il lui signifia qu’elle ne signifiait rien d’autre que quelques instants de plaisir bien gagné mais laissa clair que son intrigue dévoilée, elle ne méritait que son mépris. Il l’accusa, non sans certaine raison, de pêchés innommables entre autres de n’être qu’une couarde femme aux mœurs légères guidée uniquement par son fielleux égoïsme, épouse infidèle et méprisable traîtresse à son royaume…La guerre s’était poursuivie, Troie était tombé et il en était mort alors qu’elle fuyait…encore et toujours loin de cette vie qu’elle n’avait nullement choisie…

Innocente de ces vérités cuisantes ou peut être pas trop , Sissi poursuivait, rassurante. Selon elle, Achille était encore vexé mais ça finirait bien par s’oublier, si elle faisait l’effort.


Oublier ? Bien facile à dire, le faire, tout autre !


N'empêche, sanglota t’elle, que je ne suis qu’un lest pour toi…pour tous…je suis si…inutile…si…

Sissi, belle âme, ne voulut rien entendre.

Cesse de te tourmenter, mon amie. Ce quatre-là peuvent nous aider. Deux femmes seules dans la forêt… On a eu de la chance jusqu’ici. Cette occasion de fraternité en est une belle pour ne pas finir souillée ou mangée. Pour ce qui est de tes capacités… Tu apprendras. S’ils veulent de nous, promets-moi d’éviter les affronts.

Elle deviendrait invisible au besoin !

Percluse de fatigue et soubresauts animiques, Hélène n’eut qu’à poser sa jolie tête sur une couverture roulée pour s’endormir profondément, oubliant pour un moment les déconvenues de cette nouvelle vie.

À son réveil, force fut de savoir que le groupe mené par l’explorateur Burton, les acceptait parmi eux. Ils continueraient cette étrange épopée ensemble. Le repas du soir fut joyeux. Silencieuse et un peu à l’écart Hélène entendit ses compagnons départir joyeusement et à moment donné le rire d’Achille lui parvint.

*Il sait donc rire…serait il devenu plus…humain !?*


Sans aucun doute, elle en eut la preuve quand le moment de partir arriva. Il avait été prévu que les femmes voyagent en compagnie du charmant Louis à bord de l’engin qui, d’après ce que le roi de France avait tenu à lui raconter, s’élèverait dans les airs pour suivre un courant invisible suivant le cours de la rivière, ce qui ne fut pas pour trop la rassurer, mais Sissi se montrait enthousiaste et confiante. L’explorateur et Achille, par contre, iraient à pied, longeant le cours d’eau, bravant sait on quels dangers dans cette forêt dense et inhospitalière. Tous semblaient très conscients des périls qu’ils auraient à affronter et Louis se montra très affligé de se séparer du guerrier et ce dernier du roi. Hélène n’entendit point les propos échangés mais suffit d’assister à leur accolade émue. Geste qui scellait une ineffable fraternité.

À peine le ballon gonflé, il s’éleva dans les airs et Hélène se sentit pratiquement mourir. Toujours attentif Louis essaya de la distraire et lui faire boire un peu d’hydromel. Il assurait devoir son salut à Achille…en fait, pour lui, le guerrier grec semblait être devenu plus qu’un simple compagnon d’aventures…il était son ami, son frère presque !

Sissi, elle, semblait parfaitement à l’aise et bavardait tantôt avec Amelia, qui semblait se faire une bile monstre pour Richard tantôt avec Louis, qui s’avérait un conteur plein d’esprit. Tous deux essayaient de la dérider un peu mais elle se sentait trop malade et terrorisée et ce ne fut pas la suite qui arrangea les choses. Recroquevillée dans son coin, soutenue par Sissi, la reine de Sparte crut, de nouveau, sa fin arrivée. Un soudain changement du vent et des gros nuages noirs annoncèrent la fin de leur , jusque là, placide envol.

SI VOUS CONNAISSEZ UNE PRIÈRE À EOLE, C’EST LE MOMENT !, hurla Louis à son adresse.

Trop affolée, elle était à point de s’évanouir et en sut pas trop ce qui arrivait, sauf qu’ils tombaient, à grande vitesse vers la terre, qui, à son lâche avis, ils n’auraient jamais du abandonner. N’empêche que grâce aux manœuvres d’Amelia ils y arrivèrent d’une pièce, sous un déluge de fin de monde. Louis les mena vers un abri sommaire ouvert dans la paroi massive…mais ça ne tournait pas très rond du côté du monarque. Soudain pâle et défait, il ne parvint qu’à murmurer :

Je… je me suis démis l’épaule… Je suis désolé.

Louis!!!

Elle essaya de le retenir alors qu’il s’effondrait au risque de rouler plus bas…mais juste à temps, une poigne solide le retint. Levant la tête, elle reconnut Achille, parfaitement trempé et un peu hors d’haleine, comme qui vient de courir comme dératé, ce qui , elle le sut plus tard, était bien le cas.

Il…il…son épaule…son…son bras !
, bafouilla t’elle.

Achille hocha la tête et relevant son ami le mena un peu plus vers l’intérieur de leur abri où Richard, arrivé en même temps, s’occupait d’allumer un feu non sans avant s’assurer qu’Amelia et les autres allaient bien. Après un rapide examen de l’évanoui, le héros de Troie dut convenir que le roi avait vu juste : son épaule gauche était vilainement démise. Il était de l’idée de la lui remettre en place avant que Louis ne récupère la conscience en assurant que si bien cela n’entraînait aucun danger, la douleur risquait d’être brutale. Hélène en aurait pleuré mais sans crier, Achille lui ordonna d’essayer de se montrer à la hauteur. Elle devait soutenir la tête de l’évanoui alors que Richard le maintenait cloué au sol. Achille posa son genou sur la poitrine du roi et d’un geste résolu tira fermement du bras. Il y eut un crac affreux puis Louis, ouvrant soudain les yeux laissa échapper un hurlement de douleur qui lui transperça l’âme.

Tout va aller bien, Louis…tout va aller bien !, susurra t’elle en caressant doucement ses boucles moites, Achille est là…votre bras est en place…tout va aller bien !

Pendant un instant, son regard croisa celui du guerrier et n’y trouva aucune animosité, seulement une profonde commisération.

Le violent orage se poursuivit encore un certain temps, pour alors la nuit était tombée. Richard et Achille, accompagnés d’Amelia étaient allés inspecter la nacelle et ramener ce qui serait nécessaire pour établir un campement de fortune.


Qu’adviendra t’il de nous, Sissi ?...Si Louis est malade…si nous ne pouvons pas poursuivre ce voyage comme prévu ?...Pourquoi je pense ça ? Je l’ignore, c’est un atroce pressentiment… Alors que le vent menaçait de nous écraser contre la falaise…j’ai eu…la sensation d’être observée…Oui…observée, je n’exagère pas…ce n’est point la première fois…Tu sais… je sens que…nous ne sommes pas seuls…

Le retour des expéditionnaires coupa ces aveux. Leur tête disait long sur la précarité de leur situation. La nacelle avait été très endommagée par cet atterrissage si brusque. Impossible de reprendre la voie des airs à moins de pouvoir réparer l’aéronef…or dans ces conditions…
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Richard Francis Burton

Richard Francis Burton


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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptySam 23 Avr - 13:35

Un besoin irrépressible d’isolement avait saisi Burton au retour de l’expédition de sauvetage. Lutter contre des gnomes à force de cris, parlementer, ramener deux splendides jeunes femmes au camp… c’était beaucoup pour une matinée.
Bon prétexte que la pêche pour se vider l’esprit. Il savait que les autres comptaient sur lui pour les décisions à prendre et qu’ils suivraient ses directives à la lettre. L’ennui c’est que là Richard se sentait assez dépassé. Un sentiment bizarre l’agitait mais les responsabilités l’écrasaient.
S’encombrer d’Hélène et d’Elisabeth n’était pas prévu au programme. Leur arrivée soulevait beaucoup de problèmes.


*Qu’en faire ? On ne peut pas les laisser livrées à elles-mêmes… On verra ce qu’en pensent les autres… *

Refusant l’introspection, il préféra lancer sa ligne, attraper des poissons, en toute paix.
Quand il rentra au camp, il fut soulagé de constater le calme qui régnait. Louis s’occupa immédiatement des poissons frais, assurant que le repas du soir serait somptueux grâce à une prise d’Achille. Où était-il celui-là ? Pas en train d’égorger Hélène, puisqu’elle était là avec son amie. Histoire de tuer le temps en attendant la bouffe, quoi de plus normal que de causer un peu avec Amelia ? Il l’attira un peu à l’écart :


Tu vas bien ? J’avoue avoir eu les jetons quand tu as disparu… J’ai jamais aimé perdre des membres de mon unité… Non, j’ai rien décidé à leur sujet. Je veux l’avis de chacun avant. Tu en penses quoi, toi ? Ton avis m’est… précieux *Et toi encore plus.*


Elle lui narra la rencontre avec Achille près d’une pierre indiquée par Sissi. Apparemment, il n’y avait pas de meurtre à redouter pour le moment. Dans l’ensemble, son opinion concordait avec la sienne, hélas.
Après un déjeuner assez joyeux, un aparté s’imposait. Les nouvelles le comprirent-elles ? En tout cas, elles les laissèrent débattre entre eux
.

Achille, Louis, Meeley et moi souhaiterions connaître vos vues quant à la suite.

Le héros exprima sa pensée sans détours. Ça faisait 3 qui étaient d’accord.


Soit ! Louis et Amelia voleront avec Hélène et Sissi. À pied, Achille et moi, nous suivrons le fleuve vers l’aval. Posez-vous avant la nuit et faites un feu pour vous signaler. On essayera de vous rejoindre au plus tôt.


Louis, guilleret, s’empressa de mettre les nouvelles au courant de sa future mission que l’on peaufina le reste de la journée.
Peu avant le dîner, Richard voulut visiter la pierre. Amelia l’y conduisit et il put formuler ses souhaits. Obstiné, ce tas de cailloux lui refusa encore une arme à feu. Par contre, elle lui octroya des mètres de corde solide, une lampe torche chargée, des fusées éclairantes et deux sifflets.
Il en tendit un à Miss Earhart :


J’aimerais que tu en portes un sur toi. Il est souvent plus facile de souffler dedans que de crier… Juste au cas où… S’il te plaît, prends-le.


Il se sentait c*n en lui tendant l’objet. Ça lui rappela bêtement la fois, l’unique, où il avait présenté un écrin à une femme. Aucun rapport ici. Il ne s’agissait que d’un sifflet, pas d’une bague de fiançailles, mais... Les yeux d’Amelia valaient le détour et… tous les trésors du monde.
Pourquoi sa bouche devenait-elle sèche et son cœur si erratique ? Rompant le « charme », Dick amorça le retour au camp.

Réveil en fanfare. Louis, excité mieux qu’une puce, allait dans tous les coins, vérifiait un tas de choses avant l’envol.
L’heure fatidique arriva.
Tout semblait en ordre. Tandis qu’Achille et Louis échangeaient leurs adieux, Burton fit les siens à Amelia :


Prends soin de toi avant tout. Surveille Loulou du coin de l’œil, il peut se vexer et devenir incontrôlable sans Achille, surtout… en compagnie féminine. Meeley… ( voix éranglée) Je… je compte sur toi. On va vous suivre et vous rejoindre, quoiqu’il en coûte.


Belle ? Non. Amelia était plus que ça. Un curieux nœud à l’estomac, Richard se contenta de lui plaquer un bisou sur la joue avant de se détourner pour prendre son harnachement.

Le ballon décolla. Par réflexe, Richard leva la main et salua ce départ.
Pas besoin de discours avec le héros. Leur paquetage au dos, ils entamèrent leur propre chemin.

L’allure était ferme et dure. Les deux hommes suivirent le lit descendant du fleuve. Parfois Richard releva le nez pour distinguer le ballon qui filait au loin. Pourquoi parler ? Ça use la salive inutilement. Il le fallut pourtant quand un méandre gigantesque se présenta à eux. Suivre la courbe leur demanderait... des heures.


On se la risque à la nage ?

D’un haussement d’épaule, le Grec s’immergea aussitôt imité par l’explorateur.


*Le monstre viendra pas, il reste près de l’agitation… S’il y en a plusieurs… *


S’il y en avait d’autres, aucun ne se montra dans ce coin. Sans embûches, les compagnons traversèrent. Après ce méandre un autre se présenta, la galère recommença.
Enfin, le lit retrouva un trajet moins accidenté.


Tu vois ce que je vois ?

Éberlués, Achille et Richard virent la montgolfière revenir vers eux.


Des courants contraires ! Vont revenir. On continue !

Effectivement, un peu plus tard, le ballon les dépassa à nouveau.
Manger ? Boire ? Questions secondaires pour Burton. Il avait survécu à plus rude que ça. Sans rechigner, Achille l’accompagna de bout en bout aussi silencieux que lui.
Pensait-il à Hélène ? Dick ne cessait de se tourmenter pour quelqu’un d’autre.
Une brève pause vers midi, Burton regarda le ciel en mâchant une tranche de cochon de la veille:


Suis pas expert, mais c’est pas bon signe. Vont être secoués là-haut.

Le temps de plier bagages, un déluge leur tomba dessus.
Éclairs, tonnerre, bourrasques ! Beau programme. La Montgolfière n’était plus visible depuis un moment. Peut-être était-elle plus loin ?
Priant intérieurement pour que le ballon ait pu échapper à la tourmente, Richard fonça droit devant.
Résister aux éléments devenait impossible. Transformés en soupe, les deux compères envisagèrent de se terrer dans un coin quand Achille pointa le ciel obscur. Le ballon était proche à nouveau.
Pire qu’un bouchon dans un océan déchaîné, il était livré à lui-même.

DESCENDEZ !

Hurlement idiot provoqué par la trouille. Ils ne pouvaient pas l’entendre. Pas besoin d’aviser Achille, lui aussi avait senti l’imminence de la catastrophe.
Transformés en marathoniens, les deux hommes piquèrent le sprint de leur vie.


*Meeley, me fais pas ça !*

La peur au ventre, il assista de loin à la chute brutale du ballon.
Courir, ne penser à rien.
À bout de souffle, Achille et Burton arrivèrent sur les lieux du sinistre. Pas de corps à déplorer dans les environs, déjà ça de gagné
!

Où crois-tu qu’ils sont ?

L’instinct ? Divination ? Le Grec fonça vers une ouverture à peine visible dans la roche.
À peine entrés, ils virent le roi s’effondrer. Retenu par la poigne puissante d’Achille, Louis ne partit que dans les vapes.
Honte à lui, Richard se fichait un peu du sort du 14ème. Il ne dut pas chercher bien loin pour se rassurer, Amelia était debout, intacte.


Vous allez bien, Mesdames ? Que s’est-il passé ?

Mis au parfum, il lui fallut reconnaître que Louis était amoché. Entouré par la sollicitude du héros et de la reine de Sparte, comme il aurait été heureux le roi de France s’il en avait eu conscience.
Déjà Achille prenait les choses en main. Autant lui en donner un coup. Hélène, très attentive, soutint la royale tignasse, Dick plaqua les hanches du roi au sol tandis que le héros, d’un geste sec, lui remit l’épaule en place.


*Beau cri, altesse !*


Le pauvre homme dégusta et repartit dans les vapes sitôt le traitement appliqué.
Le feu préparé s’alluma :


Restez près de lui. Dorlotez-le, il adore ça. Achille, Meeley allons voir les dégâts.

Saloperie de temps ! Ça tombait toujours fort. Le ballon couché se dégonflait, le brûleur était noyé et la nacelle foutue.

On prend tout ce que l’on peut !


Le matériel ramassé, ramené dans la cavité, on s’organisa à la va comme on peut.
Pensif, Richard contempla longuement les flammes du petit foyer. Il tombait toujours des cordes dehors.


Bon, résumons, se décida-t-il à avouer. Louis se remettra mais avec son bras out, il ne pourra pas grimper. Vu l’état du temps, on est cloué ici de toute façon. On oublie le ballon, il est trop endommagé. On bivouaque ici ce soir, obligés. On verra demain
.

Quel chef ! Richard était dépassé par la situation.
Les femmes sortirent les provisions et concoctèrent une tambouille qu’il avala en pensant à autre chose. La fumée du feu allait dehors…


*Il y a donc un courant d’air…*


Délaissant son assiette, il se leva. Armé de la torche, il explora l’arrière du trou à rat où ils étaient confinés.
Tel qu’il l’avait pressenti, la caverne se prolongeait. Elle devait communiquer avec l’extérieur sinon il n’y aurait pas eu de flux d’air. Pas la peine de se retourner, Dick savait qu’elle était collée à ses pas :


Meeley, je crois que l’on passera par là demain. Allons dormir maintenant
.

Il lui prit la main pour rebrousser chemin.
Dormir à la dure n’était pas nouveau. On organisa des tours de garde en veillant le feu et Louis.
Richard se marra en imaginant la tête de Louis s’il se réveillait en voyant ce qu’était son oreiller mais si le monarque roupillait, lui pas.
Après s’être retourné une bonne dizaine de fois, il rejoignit Achille près du feu :


Salut !... Non, sais pas dormir. Louis va bien ? … Ouais, m’en doute, il va pas rigoler les prochains jours. Meeley lui donnera un de ses médocs, on verra… Il pleut toujours ? J’ai connu pire. Tantôt je pense que nous irons sous terre, toi et moi, histoire de voir si c’est praticable. Tu as fait la paix avec Hélène ? … C’est le mieux. Beau brin de fille, soit dit en passant… Pas mon type, non (rire triste)… Sissi ? Intéressante, j’en conviens. Courageuse, pour le peu que je puisse en juger… Amelia ? Forte, cette femme ! Va dormir, je prends le relais.

Il ne valait mieux pas s’appesantir sur le dernier sujet. Richard y penserait plus tard.
En fait, il ne pensait qu’à elle et cela le troublait beaucoup plus que voulu.
Il alla vérifier la santé de Louis. Le pauvre était fiévreux. Hélène, perdue dans ses songes, lui soutenait la tête, quelle veine ! L’impératrice, roulée en boule dans son coin, ne dormait pas, il l’aurait juré. Amelia… La voir abandonnée le chavira mais il se détourna et reprit sa faction.

Au matin glauque, Richard annonça :


Achille et moi allons voir ce qui se passe là-dessous. La corde est longue. Si c’est en ordre, on vous fera venir. Deux coups secs : ça va. Un coup : ça va pas.

La « majesté », l’air piteux, rouspéta pour la forme. Richard lui cloua le bec :

Non, tu ne viens pas. Veille sur elles !

Ensemble, Achille et Richard s’enfoncèrent dans la caverne.

Ce ne fut pas de la tarte. Au départ, les deux hommes avancèrent debout. Peu à peu, le boyau se rétrécit, les obligeant à se courber puis à ramper. Derrière eux la corde se dévidait.
Sans l’intervention du Grec, qui lui tint la cheville, Richard aurait basculé dans le vide du trou auquel ils furent confrontés.


Ça va, merci ! Attends, je regarde
.

Une poche se révéla à la lueur de la torche.

Tire deux coups. C’est bon !


Patients, ils attendirent l’arrivée des autres.
Regroupés avec le matériel, ils se séparèrent à nouveau sauf qu’Amelia décida de changer de place avec le héros.
Il eut beau essayer d’empêcher cet échange, la miss ne démordit pas.
Dans le fond, cela plut à Dick. Une pause repas plus tard, ils se remirent en route.
À plat ventre, ils rampèrent encore et toujours plus loin.


Je vois une lumière ! C’est peut-être la fin du tunnel !


Eh non ! Ils arrivèrent dans une autre poche naturelle où des centaines de champignons phosphorescents diffusaient une clarté étonnante. C’était… magique comme endroit.

On va s’arrêter ici. Tire deux coups. J’ai un peu perdu la notion du temps, pas toi ?


Les autres allaient arriver. Là, seul avec Amelia qui lui faisait face, Richard fondit :


Tu es… Tu es un brave petit soldat, Meeley. Tu ne te plains jamais et tu es si…


Plus besoin de torche dans cette cavité, Richard l’éteignit et la laissa tomber. Prendre Amelia dans ses bras, respirer ses cheveux, lui embrasser le front puis chercher sa bouche…
Un baiser s’amorça.


*Qu’est-ce que…*


Anormal, un feulement le refroidit. Tenant toujours Amelia contre lui, Richard engloba la cavité du regard. Surgis de Dieu sait où, des êtres hybrides les cernèrent.
Quatre créatures, mi-tigre mi-lion, sautaient sur les rochers environnants
.

Pas bouger… Tire un coup de corde, ils sauront.


Que feraient les autres ? Arriveraient-ils quand même ? Les laisseraient-ils se faire bouffer ?
Richard soupira :


Quoiqu’il advienne, je veux que tu saches : tu es unique, Meeley !


En se foutant de la suite, Burton s’empara brutalement des lèvres de la jeune femme.

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Amelia Earhart

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MessageSujet: Re: Courant d'air.   Courant d'air. EmptyLun 25 Avr - 0:31

La menace minuscule enrayée, son premier réflexe avait été de chercher la proximité de Richard.
Surprise elle se vit happée dans une étreinte inattendue, émue et très brève. Mais suffisante pour lui redonner chaud au cœur ! Retour au campement sans lâcher sa main. Avait-il eu peur de la perdre ? En tout cas elle se sentait bien aise qu’il l’ait retrouvée !

Louis se chargeait très bien de conduire les nouvelles au campement, pour quelque obscure raison Achille avait pris les devant et en y arrivant, il avait disparu. Richard ne tarda pas trop à l’imiter non sans avant recommander :


Meeley, occupe-toi d’elles, je t’en prie. Je… Je vais au fleuve.


Pas de souci…je joue les comités de bienvenue…bonne pêche !


Louis tout charme et effusion se chargeait de ces dames en leur offrant à boire et à manger. Elle s’approcha du petit groupe en souriant, affable :

J’ai entendu tantôt que Louis faisait les présentations, comme il a si bien dit, je suis Amelia…je voudrais vous souhaiter la bienvenue parmi nous, Majestés !...Oui, j’ai bien entendu que vous étiez Elisabeth de Bavière, Impératrice d’Autriche et Reine de Hongrie et vous…Hélène, reine de Sparte. Curieux destin que le nôtre…mais enfin, faisons tout pour que cela se passe le mieux possible.

D’où tirait elle tant de subtile diplomatie ? Certainement de fréquenter des hommes comme Richard et Louis…d’Achille, difficilement. Que la ravissante blonde soit qui on assurait, suffisait pour lui faire comprendre certains états d’âme du grec. L’histoire ne devait pas avoir trop menti ! Charmante, l’impératrice avait repris.

Je crains que nous ne soyons une source de problèmes pour vous. Vous êtes très soudés, je crois. Notre présence risque d’attirer des conflits. Si vous nous autorisez, nous reprendrons notre route dans un moment. En dédommagement, nous ne pouvons vous offrir grand-chose mais je pense que vous indiquer une pierre magique, serait plus… utile.

*Diables. On peut pas tourner ça plus simple !? Comme quoi…si on reste Achille fait la peau à la blonde, non sans raison...on décampe pour éviter ça !*

La vie à la cour changeait bien de choses, pas de doute. Il fallait encore se montrer gracieuse et rassurante.

Je vous en prie, Majesté, il n’est pas question que vous nous quittiez si vite...ni de la sorte. Vous le dites bien, nous sommes un groupe soudé, mais je pense parler pour tous…*Tu parles !* en vous assurant que vous n’êtes plus seules…en tout cas, nous en reparlerons tantôt quand Richard sera de retour…il est notre chef d’expédition !

C’était exténuant tant de circonvolutions sociales, elle exprima plutôt le désir de connaître la Pierre proche dont parlait Sa Majesté Impériale. Elles y arrivèrent après un court moment de marche et se disposaient à faire leurs vœux quand l’apparition soudaine d’Achille à demi couvert de sang, plus sauvage impossible, créa un bel émoi surtout chez la belle de Troie qui sembla près de tourner de l’œil s’attendant Dieu sait à quoi…

*À qu’il l’égorge tant qu’à faire !?*

Elisabeth semblait avoir eu la même idée car, preste, elle bondit pour faire écran protecteur entre les deux Antiques. Sans froid aux yeux, elle largua à Achille un petit discours bien senti, lui laissant comprendre qu’elle ne le laisserait pas toucher un cheveu de la reine de Sparte. Le héros la considéra comme le moindre de ses problèmes, le cas étant alors Amelia, prévoyante, s’unit à la belle brune.

Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, ni ce qui a pu se passer entre vous jadis mais je te dis…que ce n’est ni le lieu ni le moment de régler des vieilles dettes !

L’autre avait grondé n’importe quoi, d’un petit ton genre « ours mal luné» avant de faire demi tour et se perdre dans l’épaisseur.

Il n’est pas très commode…Vous voyez Amelia, nous ne pouvons vraiment pas vous encombrer davantage.

Amelia se permit de rire.

Achille n’est pas un sauvage, c’est un type charmant avec un caractère épouvantable…mais plein de bons sentiments, sinon, vous allez me dire…ça fait un bail qu’il aurait égorgé Louis…celui là avec ses idées…Demandons ce que nous avons à demander et regagnons le campement…Richard doit être déjà de retour !

En tout cas, il ne tarda pas, remettant ses belles prises a Louis, il tint à parler un instant avec elle.

Tu vas bien ? J’avoue avoir eu les jetons quand tu as disparu… J’ai jamais aimé perdre des membres de mon unité…

Elle sourit, soudain toute émue par ces aveux.

Je vais bien, mon capitaine…une singulière frousse…mais je savais…que tu viendrais !...Dis… as-tu décidé quelque chose pour…ces belles majestés ?

Ce n’était aucune ironie, simple assertion d’un fait à la vue de tous.

Non, j’ai rien décidé à leur sujet. Je veux l’avis de chacun avant. Tu en penses quoi, toi ? Ton avis m’est… précieux.

Un instant, leurs yeux ne se quittèrent pas. Il y a des regards qui valent mille mots, dit-on par là.

Merci, Dick…Tantôt, on a rencontré Achille, à la nouvelle Pierre…j’ai craint un instant qu’il ne dépèce la blonde. Tenant compte qui elle est, on pourrait presque le comprendre mais il n’en fera rien, c’est un brave gars avec terrible réputation…Louis, une autre histoire…tu le connais, cher roi…ronds de jambe et jolis mots…il ne résiste pas à un joli minois et pour ça…on est gâtés…Mais en aucun moment, je ne pense qu’on puisse les abandonner à leur sort…ce serait les condamner.

Ils se comprenaient au quart de mot. Après un repas tout bonhomme, les reines allèrent faire la vaisselle et eux, se réunirent pour une rapide conférence au sommet. Chacun émit son avis. Dieu merci, tous coïncidaient. Les nouvelles arrivantes resteraient avec eux mais il fut très vite clair qu’il était impossible continuer à six l’exploration aérienne. L’exposé d’Achille fut clair bref et concis : il fallait se séparer, quatre par la voie des airs, deux par la voie terrestre.

Amelia sentit son cœur se serrer. Impossible de se méprendre. Il lui faudrait s’arranger avec l’aérostat, les deux femmes et…Louis, tandis que Richard et Achille suivraient à pied. Elle aurait pu en pleurer.

Peu avant le repas du soir, Burton exprima le d´sir de se rendre à la Pierre. Amelia l’y conduisit. Habituée à ses longs silences, elle se contenta de marcher à ses côtés. Arrivés là, elle fit ses vœux et lui les siens. Pratiques, comme toujours. Elle était satisfaite avec les compléments reçus pour sa trousse de premiers soins, à son avis, on n’était jamais assez parés. Suffisants bandages, désinfectants, médicaments divers, sutures…et voilà que Richard la surprenait en lui tendant un…sifflet.

J’aimerais que tu en portes un sur toi. Il est souvent plus facile de souffler dedans que de crier… Juste au cas où… S’il te plaît, prends-le.

Elle sourit, attendrie et garda l’objet serré dans sa main.

Bien sûr que je le prends…et le garde. Tu as raison…parfois il est plus facile de souffler dedans que de crier… je…je ne m’en séparerai jamais ! Tu…penses vraiment à tout…merci, Dick !

Ce n’était qu’un simple sifflet, un objet utile à utiliser en cas de danger pour se faire repérer pourtant elle le reçut comme le plus précieux des bijoux, confondue par le déferlement soudain de sensations inattendues…la première : un vif plaisir, la seconde : une délicieuse chaleur qui lui berçait l’âme. Mais sans plus de temps à perdre, il assura qu’ils feraient mieux de regagner le camp.
Quelques heures de sommeil inquiet durent suffire avant d’affronter le défi de la nouvelle journée.


Un vrai régal de voir Louis, ravi, prendre très au sérieux son rôle de grand protecteur. Assister aux adieux d’Achille et le roi eut l’heur d’émouvoir Amelia…c’était si beau la véritable amitié mais tout son beau courage flancha au moment de prendre congé de Richard.

Prends soin de toi avant tout. Surveille Loulou du coin de l’œil, il peut se vexer et devenir incontrôlable sans Achille, surtout… en compagnie féminine. Meeley… Je… je compte sur toi. On va vous suivre et vous rejoindre, quoiqu’il en coûte.

Pourquoi c’était si dur, tout à coup ? Ils ne s’étaient jamais séparés depuis leur rencontre…le premier jour…Il était devenu son phare, son guide…son exemple…son tout !

Je…ferai attention, t’en fais pas…mais toi…je t’en conjure ne prends aucun risque…S’il y un danger, fais moi le savoir, je descendrai…Bo…Bonne chance…*Je tiens tellement à toi…tellement !*

Mais bien sûr, elle ne fit rien quand après le « coup de bec » sur la joue, il s’en alla prendre son équipement et elle rejoignit le ballon et son équipe, non sans avant prendre congé d’Achille.

Sans risques, Achille…prenez soin de vous, vous deux…on se retrouve en fin d’après midi…

Il sourit en lui assurant que tout irait bien. À bord, Louis était prêt à obéir ses directives.

*Manque savoir combien ça va durer !*

Ils décollèrent sans problèmes, À terre, Richard agita la main. Elle fit de même, le cœur lourd. Tout s’annonçait routinier. Le courant les entraînait, sans variations. Hélène ne tarda rien à être malade et Louis d’être aux petits soins avec elle. Elisabeth de Bavière, bravait les désagréments du vol pour non initiés et lui faisait gentiment causette, dans le but de la distraire un peu de sa morosité. Cela faisait un long moment qu’ils avaient perdu de vue leur compagnons à terre, le courant les poussait très vite.

Non, Sissi, je ne me fais pas trop de bile…à quoi bon mentir, je m’en fais…même si je sais que ces deux là sauront se tirer de n’importe quelle impasse…Oui…ce sont des amis merveilleux…des compagnons...on ne peut meilleurs…

L’Impératrice avait souri comme si elle lisait entre lignes. Amelia s’en fichait. Tant pis si les autres pensaient ce qu’ils voudraient. Elle ne serait pas tranquille que jusqu’à atterrir et retrouver Richard d’une pièce…bon, Achille aussi, bien entendu !

Le paysage changeait peu. On continuait à voguer dans le canal voulu par ce courant infranchissable. Le fleuve coulait paresseux parfois plus large ou plus étroit, parfois décrivant des méandres inattendus , la forêt parfois dense, parfois avec des éclaircies…au loin, des montagnes…leur cours, invariable, jamais plus haut…comme si on les conduisait…on les menait…


*Les Dieux d’Achille semblent beaucoup s’amuser avec nous…qu’attendent ils donc pour manifester leur force !?*

Elle s’en voulut illico de ces pensées, certainement impies, car la brise devenait vent et des nuages menaçants s’amoncelaient au dessus de leurs têtes.

Un orage !!!Louis, on a du mauvais temps !!! renforce les amarres de l’équipement. Mesdames, accrochez vous. Louis…le lest…on va descendre un peu…question d’éviter ce front…Louis !!!

Mais le mauvais temps avait des drôles d’effets sur le roi. C’est vrai que ça commençait à tanguer drôlement. Il était tout simplement terrorisé. Et tout empira quand le courant les précipita dans une espèce de goulet étroit entre deux falaises lisses et menaçantes. Pourquoi Louis sauta sur la valve d’échappement pour l’ouvrir ? Amelia bondit pour la fermer. La belle embardée, Louis faillit passer par-dessus bord mais Dieu merci s’accrocha ferme et regagna l’intérieur de la nacelle où Hélène et Sissi se faisait toutes petites, recroquevillées dans un coin. L’aérostat s’éleva soudain, comme si le courant l’avait libéré. Amelia luttait pour maintenir l’engin contrôlé mais put, l’espace d’un instant très bref, jeter un coup d’œil au paysage découvert en surmontant les falaises…Étrange panorama. Plaine immense d’où jaillissaient de bizarres élévations, colonnes massives…et puis…inattendue, colossale, extraordinaire…une forteresse d’autres temps…Pas le temps d’en voir plus, un changement du vent, plus abrupt encore, les précipitait de nouveau dans le piège du goulet.

*Descendre…il faut descendre !!!*


Manœuvrer à la comme on peut, luttant contre ce vent fou, ce courant obstiné, ces falaises meurtrières…Comment s’y prit elle ? Amelia n’aurait su le dire. Au milieu d’un déluge de fin de monde, elle voyait la terre approcher à grande vitesse.

*On va s’écraser…on va s’écraser…Richard…oh, Richard…j’aurais tant voulu…*

Ballotté comme un triste jouet, le ballon partait quasi en vrille mais au dernier moment, freina assez comme pour amortir un peu la chute. La rencontre avec le sol fut rude. Ça craqua de partout, se disloquant…

Dehors…tous dehors…


Sous la pluie qui les aveuglait, ils coururent…une ouverture dans la paroi les accueillit.

Tout…le monde va bien ?, s’enquit elle.

Ils étaient vivants et apparemment d’une pièce…mais voilà que Louis piquait du nez et se serait fichu en l’air sans l’essoufflée entrée en scène d’Achille suivi de Richard !

*Dieu merci !*

Vous allez bien, Mesdames ? Que s’est-il passé ?

L’orage nous a surpris. Incontrôlable. Le courant nous a lâchés un instant et après…on est tombés comme boulet de canon…j’ai cru…mais enfin, tout va bien. Je crois que Louis s’est fait mal.

C’était un fait. Il fallut de L’intervention d’Achille qui sans broncher lui remit le bras en place, lui arrachant un hurlement à faire trembler les murs avant de retomber dans l’inconscience.

Mieux pour lui, assura doucement Amelia, à son réveil je lui donnerai quelque chose pour pallier la douleur et l’inflammation.

En attendant, on alla inspecter les dégâts, sous le déluge qui n’arrêtait pas.

On prend tout ce que l’on peut !
, annonça Richard, lapidaire.

Ainsi fut fait. L’aérostat ne volerait plus. Ils ramenèrent l’équipement récupéré à la caverne et s’organisèrent de la meilleure façon possible. On ne pouvait pas faire plus. Ils avaient un feu, des provisions, un certain quoique précaire confort, étaient à l’abri des éléments déchaînés. Le moment était venu de faire un bilan.

Louis se remettra mais avec son bras out, il ne pourra pas grimper. Vu l’état du temps, on est cloué ici de toute façon. On oublie le ballon, il est trop endommagé. On bivouaque ici ce soir, obligé. On verra demain.

Amelia ne dit rien. Qu’aurait elle pu ajouter ? Plutôt aider Sissi et Helene à faire un repas convenable. Fini celui-ci, elle vit Richard s’armer de la torche et se diriger vers le fond de la caverne. Il avait sans doute observé la même chose qu’elle : le courant d’air. Sans le penser deux fois, elle se leva et lui emboîta le pas.

Meeley, je crois que l’on passera par là demain. Allons dormir maintenant.

Oui...allons y !

Il prit sa main, sans un mot. Elle suivit docilement. Longue nuit. Enfin, vaincue de sommeil, fatigue et émotions diverses, Amelia s’était endormie, bercée de rêves étranges, inquiétants. Au petit matin elle fut rapidement debout pour préparer un peu de café et entendre Richard manifester qu’il allait suivre la piste.

Achille et moi allons voir ce qui se passe là-dessous. La corde est longue. Si c’est en ordre, on vous fera venir. Deux coups secs : ça va. Un coup : ça va pas.

Louis protesta. Amelia obtempéra. Et alla annoncer l’ordre du jour à Elisabeth et Hélène.

Mangez quelque chose, gardez vos forces, ce sera une longue journée. Louis, calme toi…tu ne gagnes rien à te mettre dans pareil état…Laisse moi plutôt voir ton bras…et avale ça !

Elle lui mit deux cachets dans la main et lui tendit un godet d’eau. Le bras du 14ème du nom était encore sensible et douloureux, elle improvisa une écharpe et lui pria de ne pas faire de mouvements inutiles.

Enfin, on tirait deux coups de la corde.

C’est bon, on se met en route !

Ce fut une lente progression. Louis avait mal et se plaignait. Hélène faisait de son mieux mais cela lui signifiait u bel effort. Sissi, gaillarde précédait Amelia qui fermait la marche. Chacun portait sur son dos partie de l’équipement, le reste était tracté à la corde. Tout alla assez bien tant qu’ils tenaient debout, à l’heure de ramper, Louis en vit des vertes et des pas mûres mais, vaillant, serra les dents et tint bon.

*Pas si mal qu’Hélène soit là…rien ne rend plus héroïque un homme qu’une jolie fille…c’est bien le cas de le dire ! !*

Richard et Achille les attendaient dans une élargie de l#embout qui les avait menés jusque là.

Pour continuer, je prends ta place, Achille…Pas la peine de protester…Ça devient étroit, si je ne me méprends pas…je suis quand même un peu plus étroite d’épaules qu’Achille, non ? Imaginez vous qu’on arrive à un point où…il faut quelqu’un de plus mince pour continuer…allez, on ne discute pas…Non, Richard…je vais avec toi, un point c’est tout !

Achille lui céda la place avec un sourire entendu. Louis y alla de son commentaire et les filles leur souhaitèrent bonne chance.

La reptation n’avait rien de commode mais Amelia ne pipa mot, se contentant d’avancer à la suite de Richard.

Je vois une lumière ! C’est peut-être la fin du tunnel !

*Pas trop tôt !*

Le spectacle qui les attendait était sidérant. Ils avaient abouti à une autre caverne, pas trop grande mais nantie d’une curieuse flore : des centaines de champignons phosphorescents qui illuminaient l’endroit d’une luminescence singulière…

On va s’arrêter ici. Tire deux coups. J’ai un peu perdu la notion du temps, pas toi ?

Assise, elle reprenait un peu son souffle et essayait d’oublier ses articulations endolories.

Un peu ?...je me sens hors du temps…c’est si…extraordinaire…Deux coups...voilà…

Tu es… Tu es un brave petit soldat, Meeley. Tu ne te plains jamais et tu es si…

Tu…es là…c’est…pour ça !, parvint elle à murmurer sans pouvoir le quitter des yeux.

Elle se sentit littéralement fondre quand il la prit dans ses bras. Fermant les yeux, elle se laissa imprégner de sa force, de l’odeur de sa peau.

Dick…

À quoi bon parler, seule comptait cette sensation extasiante d’être en sûreté, d’avoir souhaité cette étreinte depuis une éternité.

Jamais elle n’avait tant désiré un baiser comme elle désira celui qu’il posa sur ses lèvres, doux, tendre à la fois que délicieusement passionné…et puis…


Le feulement inattendu les tira tous deux de cet instant magique, pour découvrir non loin d’eux quatre créatures surgies de quelque songe chimérique. Mi tigres mi lions, ces hybrides sautaient de roche en roche, s’approchant.

Pas bouger… Tire un coup de corde, ils sauront.


Elle obéit. Figée, sans se séparer de lui.

Quoiqu’il advienne, je veux que tu saches : tu es unique, Meeley !


La brutalité désespérée de son baiser l’anéantit…d’amour, de mille mots non dits, de lui…de futur, de passé, d’une vie entière…et elle confirma ce que son cœur soupçonnait depuis longtemps…sans lui, la vie ne serait qu’une piètre imitation d’existence, de vides qui ne se combleraient jamais…

Tu es unique, Richard !, susurra t’elle à même ses lèvres, en se prélassant de cette merveilleuse proximité, aimant à la folie le contact de sa joue si râpeuse qu’elle caressa avec toute sa tendresse, ne bougeons pas…ils ne bougent pas non plus…peut être que cela les surprend, ce qu’on fait…, et pour si jamais c’était bien cela qui maintenait les créatures en place, ce fut elle qui chercha sa bouche, pour s’y éperdre, s’oublier…

Combien de temps dura l’instant magique ? Comment le savoir ? On tirait de la corde…Les autres semblaient se demander s’ils étaient encore là. Avec un soupir, Amelia tira à son tour…Quelques minutes plus tard, Achille entrait en scène en grommelant Dieu sait quoi, éraflé de partout, le héros grec semblait avoir eu quelque mal à passer sa puissante carcasse par un espace si réduit. Le suivait Elisabeth, puis Hélène, et enfin Louis, pâle comme un linceul mais taisant gaillardement une plainte.

Cette nouvelle intrusion éveilla les ardeurs de créatures dont les feulements muèrent en grognement plutôt menaçants. Louis, curieux, voulut savoir comment ils les avaient tenus en respect.


Nous n’avons pas bougé de notre place !, assura Amelia qui restait toujours soupçonneusement près du chef de l’expédition, tant qu’elles ne se sentent pas menacées, ces créatures sont plutôt…paisibles.

Mais un fait en étant un, impossible de rester là figés comme des statues en attendant le bon vouloir des ces curieuses s chimères. Qu’Achille, courbatu se redresse un peu, déclenchait déjà un concert de mugissements peu engageants quand, de la manière la plus inattendue, Sissi trouva la formule parfaite…Douce mais énergique, l’impératrice donna l’ordre de…s’asseoir. Tel quel on le donne aux bons chiens de la maison…L’effet fut saisissant…


Dernière édition par Amelia Earhart le Mar 10 Mai - 0:26, édité 1 fois
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