Gods Games
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Gods Games

Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Perdus

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Lindsay Fairchild

Lindsay Fairchild


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MessageSujet: Perdus   Perdus EmptyMar 22 Mar - 13:19

Une brume dense les avait enveloppés, les isolant dans un silence ouaté, étrange, prémonitoire. Il ne faisait pas vraiment froid mais Lindsay tremblait de tous ses membres, à peine rassurée par l’étreinte de Neil. Autour d’eux, les autres occupants du canot n’étaient pas plus gaillards qu’eux. La peur était palpable. Sanglots, prières. Les membres de l’équipage tentèrent d’apaiser leur troupeau en assurant que les secours ne tarderaient pas. On lança une fusée de détresse qui se perdit au-delà de la purée de pois qui couvrait comme un linceul humide.

Ça va aller, ça va aller !


Elle se serra un peu plus contre lui, si possible en reniflant doucement. Cauchemar ou pas, il fallait se tenir.

Oui…on viendra nous sauver …

Soupir. Quel manque total de conviction. Si on parla près d’elle, Lindsay n’entendit rien, trop prise à sa propre misère, imaginant déjà des scénarios terribles plus catastrophiques encore, le visage enfouie dans l’épaule de son compagnon d’infortune. Le même qui eut l’idée de sortir son portable.

*Super ! Il va appeler la Garde Côtière ?*


Comme on pouvait déjà l’imaginer, pas de réseau dans le coin. Mais en compensation, son briquet fonctionnait. À la clarté tenue de la flamme, elle put le regarder un instant. Perdue toute arrogance, son regard était si doux, en fait…qu’il était mignon. Dire qu’elle l’avait trouvé odieux jusqu’à la veille.
Via mégaphone, l’équipage passa aux nouvelles. On allait les retrouver dans les plus courts délais. Il leur faudrait siffler de temps à autre pour signaler leur position…

*Hein ? Siffler ? De quoi ils parlent ?*

Dans son affolement, elle n’avait pas songé à vérifier l’efficacité de son gilet de sauvetage. Le seul naufrage duquel elle avait connaissance était celui du Titanic et fallait dire que ce n’était pas pour la rassurer. Pour son bonheur, assez malvenu pour le moment, l’attirail destiné à la maintenir à flot au cas où, était le dernier cri de la technologie moderne appliquée aux gilets de sauvetage et venait muni d’un très utile sifflet à preuve d’idiots. Nouveau soupir à fendre l’âme.

Et comme tout allait si bien, ou on faisait semblant de, voilà que les bouchons de champagne sautaient et on se souhaitait une bonne année. Un peu ironique, mais enfin…


Prenons notre mal en patience, Lind. Nous en rirons une fois à nouveau à bord. Racontez-moi plutôt pourquoi vous avez entrepris cette croisière ?

Elle s’écarta un peu et leva le nez, timide, en se demandant pourquoi tout à coup, il la vouvoyait de nouveau mais tenant compte des bouleversements survenus, tant qu’il ne la lâche pas, tout irait bien. C’était gentil comme tout vouloir la distraire avec une petite conversation banale, sauf qu’à part soupirer Lindsay ne trouvait pas trop que dire. Faisant un effort pour retrouver ses manières, elle finit par brosser un tableau rapide de l’histoire.

…Et tout allait bien, jusqu’à ce que Tante Becky n’ai cette crise d’appendicite…Le reste, vous le savez…et vous ?...Ah, votre ami Phil est le coupable ?...Il vous faut du repos ?...Oui, je comprends, astreignant votre travail…Désolée pour vos parents.

Soupir.

Nous…ma tante et moi, nous retrouverons à Honolulu…pour poursuivre notre voyage...

Nouveau gros nœud à la gorge, des larmes lui échappaient malgré ses efforts. Poursuivre ce voyage avec tante Becky lui semblait soudain si…illusoire. Et comme si tout le monde s’était mis d’accord, on retomba en plein dans cette réalité si indésirable. Naufragés à la dérive au milieu du brouillard. Le temps stipulé du sauvetage s’était écoulé largement et pas de trace des navires de secours…au lieu de ça, une petite houle se laissait sentir. Pour parfaire la sensation de misère, il pleuvait et l’équipage fut incapable de dérouler sur eux la bâche protectrice. En moins de deux, ils étaient tous trempés en plus de bellement ballottés au creux de vagues chaque fois plus grandes. Impossible ne pas paniquer pour de bon.

On…on peut verser, n’est ce pas ?...J’ai affreusement peur…

Elle n’était pas la seule.

Si… Si le pire se produit et que nous versons, promets-moi de siffler régulièrement. Quoi qu’il arrive, je te retrouverai.

Oui…je…je…

C’était si doux, ce baiser. Si merveilleux, chaleureux, rassurant et…
Sans savoir ce qui se passait, Lindsay se trouva propulsée dans les flots démontés. Brouillard glauque, mer sombre. Des cris étouffés lui parvenaient de ça et là mais ils semblaient si lointains. Elle savait sciemment que le gilet la maintiendrait à flot mais se sentir ballottée tel infime bouchon au sein de la tempête la fit désespérer outre mesure. Hurler, siffler, implorer le ciel, rien n’y fit. Engourdie de peur, de froid, de fatigue, elle sombra peu à peu en une profonde torpeur proche à l’inconscience du sommeil…

Ce fut la lueur tiède des premiers rayons de soleil qui la ramenèrent à la dure réalité. Elle flottait toujours à la dérive, même si la tempête avait cessé et la mer semblait d’huile. Son premier réflexe conscient fut de chercher Neil, le canot…les autres mais elle était seule au milieu de ce rien placide…quoique pas si rien que ça…même si cela lui sembla se trouver très loin encore, elle pouvait voir une plage, des palmiers…Terre ! Elle se mit à brasser avec l’énergie que donne le désespoir…
Combien de temps cela lui prit il d’arriver à cette plage solitaire ? Lindsay n’aurait su le dire. Chancelante, elle sortit de l’eau et fit quelques pas sur le sable sec avant de s’y effondrer. Le soleil tapait fort quand elle reprit ses sens…De gestes gauches encore, elle parvint à se défaire du gilet salvateur puis se leva, pour mieux scruter l’horizon…la mer d’un côté, palmes et sable de l’autre. ..et pas un être humain en vue…Elle était seule, abandonnée Dieu seul sait où, démunie et affolée…

Tu as dit que tu me trouverais…Tu l’as dit !!!!

Elle criait en pleurant, pauvre petite fille perdue…
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Neil Chesterfield

Neil Chesterfield


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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptyMer 23 Mar - 11:47

Pourquoi embrasser Lindsay ? Pour la rassurer avant tout. Dans un cas comme le leur, on ne réfléchit pas beaucoup. La situation empirait et aucun secours n’était en vue. Les membres de l’équipage pouvaient toujours essayer de calmer leurs ouailles, seule l’angoisse régnait.
Puisqu’ils étaient déjà trempés par les paquets d’eau qui leur tombaient dessus, les naufragés ne durent pas subir de choc thermique conséquent. Neil avait essayé d’accrocher la jeune femme au moment du plongeon fatal, en vain. Au moins les gilets enfilés remplissaient leur fonction. Une fois le bouillon bu, Neil remonta le recracher à la surface houleuse. L’intense purée de pois qui l’enveloppait rendait la visibilité quasi nulle et étouffait les sons. Il siffla tant qu’il put mais ne perçut que de trop vagues échos pour savoir où se diriger.
Que faire d’autre qu’attendre ? S’angoisser, à quoi bon ? Il se laissa dériver, ses pensées le suivirent.


*Tu as 28 ans ! Pas de quoi être fier de tes 25 premières années passées à étudier et t’amuser comme un fou. Au moins tu as pris du bon temps, essayé beaucoup d’activités, de sensations…*

Pauvre bilan quand même… Il perdit la notion du temps, la notion de tout.
S’était-il endormi ? Sa tête avait-elle heurté quelque chose ? Ce qui est sûr c’est que la houle s’était apaisée et qu’un ciel pur le surplombait.
Son premier réflexe fut de battre des jambes pour tourner sur lui-même. Pas d’autres têtes n’émergeaient alentours. Il donna quand même quelques coups de sifflet et ne s’étonna pas trop de n’obtenir aucun écho.
Où aller ? À part se laisser porter par les flots et s’en remettre aux mains de Dieu, peu de choix s’offraient. Prier ? Pourquoi pas ? Sa mère avait toujours tenu les cieux en grande estime. Peut-être que de là-haut, elle veillait encore sur lui ? Il promit, dans un semi-délire, de retourner à l’église si, par bonheur, il en réchappait. Ses divagations intérieures amenèrent la torpeur.
Ce fut une secousse contre ses jambes qui le réveillèrent pour de bon.


*Requins !*


Une peur panique lui broya les entrailles. Depuis un certain film au cinéma, Chesterfield, comme beaucoup, était devenu trouillard à l’idée que les dents de la mer puissent le déchiqueter.
Y avait-il de sinistres ailerons dans le coin ? Il n’en vit aucun mais la peur demeura. Lors d’un de ses tours sur lui-même, il crut rêver. Ses prières avaient-elles été exhaussées ? En tout cas, une frange sombre annonçait une terre proche à l’horizon.
La rejoindre demanda bien des efforts. Il était excellent nageur... en piscine, lui !
Il estima n’être plus qu’à deux cents mètres d’un rivage tropical quand, non loin, un aileron surgit des flots. Dans les cas extrêmes, on ne réfléchit pas. Son gilet freinait sa nage, il s’en débarrassa prestement et piqua le plus beau crawl de sa vie.
Epuisé, il s’échoua mieux qu’une baleine sur une plage de sable fin. Rampant, il gagna de gros cailloux contre lesquels il s’adossa pour souffler. Les environs immédiats étaient… jolis. Avec un parasol, une serviette de bain et un cocktail, il aurait été ravi. Seulement là… Il faisait bien désert !

Remis de ses dernières émotions, Neil se voulut pratique. Avec toute l’eau salée avalée, sa gorge le brûlait affreusement et, à moins de vouloir mourir séché au soleil, il fallait trouver eau et ombre.
Lors de randonnées touristiques, il avait appris que des fruits contenaient de l’eau. Y avait-il des cocotiers dans le coin ? Se redressant, il partit en prospection. Dire qu’il était encore en smoking ! Ses pompes hors pris s’étaient évadées dans l’aventure. Sans quitter ses chaussettes, il dénoua son nœud papillon et tomba la veste. Au moins pouvait-il s’en couvrir le chef.
Une petite prospection des abords l’amena au pied d’un arbre prometteur. Il avait déjà vu des indigènes y grimper ou les secouer n’empêche que lui s’avéra peu doué.
S’emparant d’un bois mort assez long, il tenta de s’en servir comme d’une gaule. Non seulement la branche cassa mais un morceau lui retomba dessus. Dépité, il chercha autre chose.

Longeant le rivage, il ne tarda heureusement pas à trouver un lit graveleux où coulait une eau claire. En le remontant, il aboutirait à sa source ou, au moins, à un niveau potable. Il le suivit et, testant le liquide de loin en loin, put enfin se désaltérer en lisière d’un amas de feuillus. Un bois touffu s’étendait là derrière. Pas question d’y mettre un pied ! Il avait de l’eau, c’était l’essentiel.
S’asseyant sur des pierres, il fit l’inventaire de ses possessions.


*Pas folichon !*


Qui va au bal avec les poches bourrées d’objets utiles ? Il sortit un peigne, deux mouchoirs, son briquet, un gsm noyé, un cigare dans son étui étanche, un coupe-ongles, son portefeuille garni, une paire de lunettes et un peu de monnaie. Pas Byzance !
Autant se montrer pratique. Pour se faire repérer, faire du feu lui parut logique. Son brave Dupont fonctionnait encore, il l’utilisa après avoir ramassé autant de bois mort possible.
Belle flambée qui l’obligea à reculer.
Restait à trouver de quoi manger et souhaiter que son feu soit vu par… des gentils.
Sa veste sur la tête, il passa des heures à scruter les cailloux de la plage ; De petits poissons y frétillaient mais impossible de les attraper. Il se rabattit sur quelques crustacés décrochés à la comme on peut et ouverts au feu.
Bizarre, la nuit tomba assez brutalement. Neil se lova non loin du feu qu’il alimenta sans cesse.


*Je me demande si Lindsay s’en est sortie ? Beau brin de fille… Dommage…*

Vanné, il s’endormit.

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Lindsay Fairchild

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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptyJeu 24 Mar - 18:07

Céder au désespoir était on ne peut plus normal. Lindsay pleura tout son soûl en se sentant perdue mais, au bout d’un certain temps, reprit ses esprits et reconsidéra sa situation. Elle était seule, dans un endroit inconnu mais pas moins plaisant pour ça. Il faisait beau, la chaleur était très supportable et la présence d’une si belle végétation laissait prévoir qu’il y aurait de l’eau quelque part. À elle de la trouver pour ne pas mourir de soif. Certes l’éducation reçue ne l’avait pas préparée pour affronter des faits si crûs, sans aucune aide aux alentours mais puisqu’on en était là, faudrait faire avec cette réalité si décharnée. Pas de Neil, ni personne d’autre aux alentours. C’était à en désespérer mais dans un sursaut de bon sens, Lindsay Fairchild, pour la première fois de sa merveilleuse existence, décida que le moment était venu de se valoir seule et de se prouver qu’elle était, quand même, capable de s’en tirer.

Se rasseyant sur le sable chaud, elle passa en revue ses maigres biens. Par un hasard, quasi miraculeux, le réticule, (on ne pouvait pas décemment appeler ça sac à main) qu’elle avait pris pour la soirée, était toujours là. Béni soit le moment où elle avait songe croiser sur sa poitrine la longue chaîne dorée qui avait si bien tenu tant de misères. C’est fou ce qu’une femme peut fourrer dans un espace si restreint. Ne fumant pas, au moins ce ne seraient pas l’étui à cigarettes qui prendrait de la place, au lieu de cela il y avait un petit poudrier, du rouge à lèvres, un petit peigne en écaille, un mouchoir appartenant à son père, ses cartes de crédit, un tube d’aspirines (qui s’avéra étanche !), son portable( hors d’usage) ,son précieux couteau suisse, cadeau d’une camarade d’études qui prétendait (bénie soit-elle !) que c’était le truc le plus utile qui soit et une lime à ongles. Un inventaire on ne peut plus encourageant.

*Bon, ma fille le moment est venu de penser comme McGyver…t’as pas raté une saison pour rien !*

Il lui manquait pas mal d’atours pour ressembler à cet homme, le plus efficient de la planète, à son avis, mais avec un peu d’imagination, courage (on en trouvait où ?) et une miette de bon sens, elle pourrait survivre…un certain temps! La première chose à prendre en considération fut un vrai crève cœur. Sa robe de Valentino, si merveilleuse et seyante, s’avérait hors contexte dans cette situation. On ne joue pas les naufragées en robe longue. Première utilité du couteau suisse. Après une longue inspiration, elle coupa le tissu à la hauteur de la cuisse. De la belle bande résultant de ce massacre, il en résultait un long voile, de quoi se couvrir tête et épaules pour se prémunir d’un bon coup de soleil, ce qui n’était pas à négliger vu la force avec laquelle ça tapait. Ses sandales à hauts talons s’étaient maintenues en place grâce aux fines courroies mais ce détail se révélait d’un absurde navrant quoique pas inutile…ces fins talons pouvaient être, en cas de besoin, des armes redoutables.

*Oui, bien sûr…tu vas chasser un sanglier avec tes Manolo Blanik !*


Elle essayait de ne pas penser à Neil mais c’était impossible. Imaginant toute sorte d’issues, plus ou moins tragiques pour ce beau dandy si sympathique,…vers la fin ! Il avait été si doux et rassurant mais bien sûr, impossible de tenir en compte les promesses faites en un moment de grande détresse. Elle espérait qu’il s’en soit tiré, qu’on l’ait sauvé et qu’à l’heure présente il serait en train de jouir de quelque réconfort douillet à bord d’un navire. C’était plus fort qu’elle, souhaiter le meilleur pour son prochain !

*Et lui, s’en fiche le plus sûr, de ce que tu es devenue…Je te dis, Lind…t’es pas seulement bonne…*

Autant ne pas perdre le temps à analyser ses états d’âme, chercher de l’eau douce s’avérait impératif. Longeant la palmeraie, elle finit par tomber sur un cours d’eau, rien d’énorme mais suffisant, si près de la mer l’eau était saumâtre mais en remontant un peu le courant, elle put se désaltérer à satisfaction et se rafraîchir un peu tout en rêvant de trouver plus loin sa version personnelle de la lagune bleue, avec chute d’eau et tout. La palmeraie avait cédé place à une forêt tropicale, pas trop dense, la lumière du soleil y perçait bien, l’encourageant à s’y interner un peu. La nature était prodigue, sans trop chercher, elle recueillit quelques bananes et des petites papayes avant de retourner au ruisseau. Au moins, ce n’était pas de faim qu’elle mourrait.

Quelques heures plus tard, l’excitation de la découverte tombée, Lindsay commença à ressentir le lourd poids de la solitude, pour elle qui n’avait jamais été vraiment seule de sa vie, cela devenait éprouvant. Retour à la plage, craignant y trouver quelque triste épave du naufrage, mais il n’en fut rien. L’endroit était aussi désert qu’à son arrivée…ou peut-être pas si tant que ça ?... En aiguisant la vue, elle avait perçu au loin, un mince filet de fumée et qui dit fumée dit feu et qui dit feu…dit humains dans le coin ! Selon ses calculs, ce campement devait se trouver au-delà des pierres qui coupaient, en quelque sorte la plage en deux. Sans le penser deux fois, ni prendre en considération le soleil qui déclinait déjà, elle se mit en route. C’était plus loin que prévu, elle marchait encore quand la nuit tomba d’un coup. Surprenant. Elle n’avait jamais vu ça auparavant ! Essayant de ne pas céder à la peur que lui produisait l’obscurité, Lindsay fixa son attention sur une faible lueur aperçue au loin. Tel papillon attiré par la lumière, elle avança sans trop faire attention où se posaient ses pieds. Il suffit d’une racine plus saillante que les autres pour qu’elle s’y prenne le pied et s’étale de tout son long, de peu et les larmes auraient eu le dessus si près de là un spectacle inédit et peu espéré, vu le lot de misères de ce jour, ne s’était offert à ses yeux…recroquevillé près d’un bon feu, couvert de la veste de son smoking, dormait Neil Chesterfield.

*Hum ! Normalement c’est le prince charmant qui retrouve la princesse en détresse…un peu à l’envers, cette histoire !*

Sans se faire trop d’idées, fatiguée comme elle était, Lindsay se trouva une place près du feu, mettant son gilet, qu’elle ne lâchait pas, comme oreiller, elle s’allongea et s’endormit, rassurée par la présence du dormeur, qui jusque là, ne semblait pas du tout se douter de la sienne.

*Et demain, ce sera un autre jour !*

De ça…aucun doute !
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Neil Chesterfield

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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptySam 26 Mar - 14:05

Il en voudrait à Phil le reste de ses jours ! Une croisière de rêve ? Mon œil !
Ça avait déjà très mal commencé avec cette double impression de billets. Partager SA cabine ne l’aurait pas dérangé si la demoiselle avec qui il devait conclure cet arrangement s’était montrée un peu plus… ou un peu moins… Enfin soit. Ce qui est clair c’est que lui aussi avait des torts envers cette jeune fille. Il l’avait admis et se sentait prêt à demander pardon de ses fautes lorsque cette panne s’était produite. Panne ou autre chose, dans le fond il n’en savait rien, rien d’autre qu’à cause de cela il se trouvait comme un robinson des mers du Sud.
Déjà qu’il avait failli se faire bouffer par des requins !
Une veine que jadis il ait participé à des randonnées en pleine nature sauvage. Sauf que, là-bas, il n’était pas seul et que les porteurs indigènes convoyaient un tas de matériel et vivres hautement intéressants. Jamais il n’avait dû dormir à même le sol à la belle étoile, le ventre aux trois quarts vide de surcroit.
Bâtir un feu allait de soi. Ça rassure, réchauffe et permet de vous signaler. Se signaler à qui ? Bonne question ! Du moment que ce coin ne recelait pas d’affreux mangeurs d’hommes ou de pirates sanguinaires, n’importe qui serait le bienvenu.
Demain étant un autre jour, Neil s’était endormi telle une souche après avoir rechargé le feu en espérant qu’il dure la nuit.

Des rêves étranges le hantèrent dans son sommeil. Poursuivi par des squales, il n’arrivait pas à gagner le rivage. Sur celui-ci, une délicieuse jeune femme en bikini le hélait en riant. Quand, essoufflé, il la rejoignit, il reçut un coup de poing monumental sur le nez. La belle le houspillait :


Tu avais promis de me retrouver, tu avais promis !

Réveillé en sursaut, Chesterfield murmura :

Je tiendrai parole.

Pour lui-même il ajouta :

*Si au moins je savais où tu es !*

L’aube pointait à peine lorsqu’il redressa sa carcasse endolorie. Des muscles dont il ignorait l’existence se réveillaient aussi, le faisant grimacer. Un œil sur le feu l’obligea à y jeter à nouveau quelques bois morts. C’est alors qu’il écarquilla les yeux, incrédule. Qu’est-ce que c’était que ce machin orange tout près ? La mer lui aurait-elle rendu son gilet ?
À mieux y regarder, sa surprise s’accentua en découvrant la tête posée sur le coussin gonflé :


Lind… Lindsay ?


Son cri émerveillé réveilla la dormeuse qui, comme une enfant, se frotta les yeux en redressant le buste.
D’un bond, il fut à ses côtés, l’enserrant dans ses bras :


Quelle bonne surprise ! Tu m’as trouvé ? Je suis si content qu’il ne te soit rien arrivé de fâcheux !

Accolade et baisers sonores sur les joues amenèrent un petit sourire aux lèvres de la Miss. Neil relâcha son étreinte, un peu gêné par ces effusions :

J’ai… J’aurais voulu te chercher mais je ne savais pas si tu étais là ni où. J’ai trouvé ce petit cours d’eau potable et allumé un feu dans l’espoir que l’on me voie. Tu es la première à débarquer. Tu en as vu d’autres ?

Elle n’avait vu personne. Racontant sobrement ses propres aventures, il apparu clairement à Neil que la petite avait connu la frousse de sa vie. Allait-il jouer les héros ou dire la vérité ? Il opta pour la seconde version même si elle n’était pas flatteuse :

J’aimerais te dire que maintenant que je suis là tout va s’arranger… Que je suis l’homme de la situation… mais tu te rendrais vite compte qu’il n’en est rien. À quoi bon se mentir quand on est dans un tel cas de figure ?

La jeune fille fit une moue si déçue qu’il tenta d’arrondir les angles :

Ce qui ne veut pas dire que je ne sais rien faire de mes dix doigts ! On devrait peut-être commencer par se chercher à manger, qu’en dis-tu ?

Au point où elle en était, la poupée de luxe aurait dit amen à tout.

On va longer la plage. Hier, j’ai trouvé des rochers couverts de sorte de moules. Je sais que tu n’y es pas allergique, je t’ai vu manger des crustacés sur le bateau…

Ça et lui dire qu’il l’avait observée revenait au même, tant pis. Qu’elle pense ce qu’elle voudrait.
On se mit en quête de nourriture, chacun de son côté sans trop s’éloigner du feu.
Comme la veille, Neil décrocha des bivalves, par poignées cette fois. Il fit plusieurs voyages, créant avec des pierres une sorte de bassin dans le lit du cours d’eau afin de garder les mollusques vivants jusqu’à dégustation. Sur le fond de cette mer translucide, le jeune homme repéra des coquilles plus larges mais, pour s’en approcher, il devait faire une plus large trempette. Son pantalon roulé sur les genoux jusque-là serait trempé, bah ! Avançant dans l’eau, muni d’un bâton, il entreprit de déloger ces coquilles attrayantes. Une douleur affreuse lui transperça la plante du pied qu’il venait de poser.


*Des oursins ! Manquait que ça !*

Les piquants de ces bestioles sont très dérangeants quand ils se fichent dans la peau. Malheureux, clopinant, Chesterfield tenta de passer outre. Il ne dit rien quand Lindsay revint de sa maraude personnelle. Elle rapportait des fruits… Jamais Neil n’en avait vu de semblables mais leur odeur était très alléchante. Les robinsons se débrouillèrent à la va comme on peut.
Un peu plus futé que la veille, Neil cuisit les moules sur une pierre plate. Dès l’ouverture des coquilles, les jeunes gens se servirent de leurs doigts et dents.


Dommage que l’on manque d’ail, rigola Neil. Un peu de beurre ne nuirait pas non plus.

D’un ton badin, ils se mirent à évoquer leurs expériences culinaires dans divers lieux à travers le globe.

Mmmm, gratinées au champagne, tu m’en dirais des nouvelles ! J’en ai dégustées de pareilles à Paris. La cuisine française, il n’y a que ça de vrai ! N’empêche que natures, c’est pas plus mal surtout quand on n’a rien d’autre !

Autant rire de leurs malheurs !
Ils discutèrent ensuite de l’avenir proche. Rester là à attendre l’apparition d’autres, voire d’un bateau ou avion ? Partir faire un tour d’horizon ?
Réfléchi, Neil décréta :


Je propose de rester ici encore une nuit. Si demain, il n’y a pas de changement, on longera la plage.
Qui sait, il y a peut-être un village de vacances juste là derrière ? Parasols, transats, cocktails à gogo !


La journée s’écoula ainsi. Prospecter les abords, trouver de quoi subsister, bavarder autour du feu.
Devant Lind, Neil tint bon malgré la douleur de plus en plus lancinante de son pied droit. Pour rien au monde, il n’aurait voulu lui démontrer l’étendue de ses faiblesses.
Pourtant, le soir tombé, elle remarqua une grimace et son air souffrant.


Ce n’est rien, rien du tout… Me suis planté sur des oursins, ce matin… C’est rien !

La miss n’était pas de cet avis. D’une autorité dont il ne l’aurait pas soupçonnée, elle exigea qu’il ôte sa chaussette. D’après sa tête, ce n’était pas beau à voir. Plusieurs pointes dépassaient, il fallait les extraire. De son petit sac de bal émergea l’objet le plus inattendu qui soit chez une poupée : un couteau suisse ! Outre les lames traditionnelles, il recelait une pince à épiler. Lind semblait beaucoup hésiter à l’employer, il l’encouragea :

Si tu veux m’aider, tu dois le faire. Ça risque de saigner et tu sais l’effet que ça a sur moi… courage !

Une fois lancée, Miss Fairchild ne s’arrêta que la dernière épine ôtée. Malgré ses efforts de bravoure, Neil n’avait pu éviter de lâcher quelques plaintes. Il est vrai que c’était un véritable martyre que de subir ça à vif. En récompense, il eut droit à un bain de pied et un cachet d’aspirine. Ça le soulagea… physiquement. Son amour-propre en avait pris un coup. Neil passa outre, il se doutait qu’avec sa veine, ce ne serait pas la dernière fois que Lindsay le verrait démuni.
Fallait-il observer un tour de garde près du feu ? A part quelques oiseaux de mer, ils n’avaient distingué aucun signe de vie terrestre dans le coin, alors à quoi bon.
Galant, Neil tendit sa veste en couverture à sa compagne d’infortune. Peut-être aurait-il dû lui proposer le creux de ses bras ? Il n’osa pas.

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Lindsay Fairchild

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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptyLun 28 Mar - 10:47

Lind… Lindsay ?

Que c’était mignon de la réveiller en criant son nom. Rassurant d’ouvrir un œil puis l’autre et se trouver face à un Neil Chesterfield, souriant et ravi. La suite la prit un peu au dépourvu mais l’étreinte était sincère tout comme les bisous sonores dont il l’octroya. Plus réconfortant, impossible.

Quelle bonne surprise ! Tu m’as trouvé ? Je suis si content qu’il ne te soit rien arrivé de fâcheux !

D’un geste instinctif, nullement dû à la coquetterie, elle essaya de mettre un peu d’ordre dans ses cheveux ébouriffés en avouant, sans aucun détour :

Merci !...En fait, je ne te cherchais pas…suis tombée sur toi à tout hasard. Je suis aussi contente de voir que tu t’en es tiré sans trop de mal.

Elle s’en voulut un peu d’être si directe mais ne se sentait pas d’esprit diplomatique, elle ne faisait qu’énoncer les faits tel quel ils s’étaient produits. Neil, lui, semblait un peu mitigé.

J’ai… J’aurais voulu te chercher mais je ne savais pas si tu étais là ni où. J’ai trouvé ce petit cours d’eau potable et allumé un feu dans l’espoir que l’on me voie. Tu es la première à débarquer. Tu en as vu d’autres ?

Petit sourire de circonstance, prenant la position du lotus, elle le dévisagea calmement.

Pas besoin de t’en excuser. On a naufragé, ce n’est pas une situation qu’on puisse manipuler à notre guise. Là, c’était du chacun pour soi…à la dure. On s’en est tirés, Dieu merci. J’ai dérivé toute la nuit puis suis arrivée à la plage…Au tout début, me suis affolée…c’est quand même terrible de se trouver seule quelque part de si désert. Après, j’ai cherché de l’eau, récolté quelques fruits…puis en retournant à la plage j’ai aperçu la fumée. Tu dormais quand je suis arrivée…et voilà. Et non…pas une autre âme en vue !

Sans ornements inutiles. À quoi bon. Elle n’allait pas jouer les super héroïnes de roman. Neil semblait être du même avis, tenant compte de ses paroles.

J’aimerais te dire que maintenant que je suis là tout va s’arranger… Que je suis l’homme de la situation… mais tu te rendrais vite compte qu’il n’en est rien. À quoi bon se mentir quand on est dans un tel cas de figure ?

Au moins on ne pouvait pas dire de lui qu’il essayait de se donner le beau rôle.
Logiquement, elle aurait préféré se trouver avec un McGyver en puissance mais un homme sincère vaut son poids en or…quoique ce n’était pas ça qui allait les sortir du pétrin. En fait et pour tout dire, c’était un tantinet décevant.

Ce qui ne veut pas dire que je ne sais rien faire de mes dix doigts ! On devrait peut-être commencer par se chercher à manger, qu’en dis-tu ?

Petit soupir de rien du tout en se levant.

Oui, bien sûr, c’est une très bonne idée.

*Et comme il n’y a pas de boulangerie dans le coin…inventons !*

Il devait la tenir pour une fille fragile et assez inutile, c’est vrai qu’elle n’était pas spécialement dégourdie mais ne manquant pas de jugeote comprenait parfaitement que faire de chichis n’était pas de mise. Ça n’arrangerait rien. D’autant le laisser prendre la tête des opérations et suivre le mouvement.

On va longer la plage. Hier, j’ai trouvé des rochers couverts de sorte de moules. Je sais que tu n’y es pas allergique, je t’ai vu manger des crustacés sur le bateau…

*Tiens…t’aurait il observée ? Il est marrant !*

Mais elle resta sérieuse, ne fit pas de commentaire et s’en alla, sagement, chercher des fruits. Elle réunit sa cueillette dans une écorce de palmier et quand elle se déclara satisfaite, retourna auprès du feu. Neil s’y trouvait déjà en train d’aviver le feu et faisait cuire des coquilles.

Mmm…Ça sent bon !, et ne mentait pas en disant cela, en fait elle avait si faim, malgré la banane avalée pendant la cueillette que les effluves émanés la faisaient presque saliver.

Et sans exagérer, ces coquilles à la pierre chaude étaient délicieuses.

Dommage que l’on manque d’ail. Un peu de beurre ne nuirait pas non plus.


Tais toi…j’en rêve ! Me manque du pain tout croustillant et du vin blanc tout frais…je me souviens d’en avoir mangé dans un petit restaurant …c’était près de Bordeaux.

Et l’autre d’en rajouter une couche.

Mmmm, gratinées au champagne, tu m’en dirais des nouvelles ! J’en ai dégustées de pareilles à Paris. La cuisine française, il n’y a que ça de vrai ! N’empêche que nature, c’est pas plus mal surtout quand on n’a rien d’autre !

Lindsay avala son dernier coquillage. Ils parlèrent bonne cuisine encore un moment mais vers la fin, c’était presque cruel se torturer avec les souvenirs des succulents repas auxquels ils avaient eu droit dans leur vie. Valait mieux rire un peu de leurs misères, faute de mieux.

Faudrait attendre voir si d’autres arrivent ou si on envoie des secours…après tout la balise de mon gilet fonctionnait aux dernières nouvelles, donc on aurait déjà dû nous repérer.

Mais pour une raison qui lui échappait, Lindsay doutait trop que cela arrive. Tout ce qui s’était passé était si bizarre depuis le début…Cette alarme sans raison apparente. Ces canots mis à l’eau où rien ne marchait comme espéré…et surtout cette étrange brume surgie d’on ne sait où…

Je propose de rester ici encore une nuit. Si demain, il n’y a pas de changement, on longera la plage. Qui sait, il y a peut-être un village de vacances juste là derrière ? Parasols, transats, cocktails à gogo !

Elle rigola.

Ne me dis pas…tu crois encore au Père Noël, toi ?

Pas le moins du monde mais rêver n’ayant nui à personne, elle s’y prit à penser aussi. Le soir tomba, abruptement. Face au feu, elle perçut une moue de douleur chez son compagnon d’infortune. En le regardant avec attention, il fallut bien se rendre compte de sa petite mine.

Neil…ça ne va pas ? Tu as une drôle de tête ?...Qu’est ce qu’il se passe !?

Elle était franchement alarmée. Se retrouver seule avec un homme malade en sus, de quoi devenir carrément folle…ou au moins perdre assez la tête.

Ce n’est rien, rien du tout… Me suis planté sur des oursins, ce matin… C’est rien !

Lindsay n’avait eu, de sa vie, à voir avec des oursins, sauf pour les manger et encore là, ça ne lui avait pas trop plu, mais avait entendu assez d’histoires d’amis ayant fait l’expérience, que leur marcher dessus était absolument douloureux.

Comment que ce n’est rien ?!? Tu divagues et joues les héros là…Enlève ta chaussette…Oui, c’est bien ce que j’ai dit…Oups…Oh la la ! Tu as marché sur toute la famille, là…Attends, j’ai ce qu’il faut !

La vue de son couteau suisse merveilleux l’épata pour de bon. Pince en main, elle regarda de plus près les lésions et fit la moue.

Si tu veux m’aider, tu dois le faire. Ça risque de saigner et tu sais l’effet que ça a sur moi… courage !

Elle releva la tête et le regarda un instant.


Ça va faire mal…serre les dents ou crie…


Un à un, les gênants piquants furent enlevés, non sans mal. Elle s’en voulait presque de lui infliger pareille torture mais que pouvait-elle faire d’autre ? Encore heureux qu’il ne tourna pas de l’œil pendant ce traitement d’urgence.

Ça y est…maintenant avale ça, cachet d’aspirine mis à la bouche avec un peu d’eau, et trempe ton pauvre pied…l’eau fraîche devrait aider…désolée mais j’ai pas d’antiseptiques dans mon sac !

Cela sembla le soulager un peu. La conversation étant tombée en point mort, la meilleure solution était dormir. D’un geste qu’elle jugea adorable, il la couvrit de sa veste. Lindsay sourit, attendrie.

Merci, Neil…bonne nuit !

Et s’accommodant s’endormit, contre toute attente, comme une souche.
Les premières lueurs de l’aube la trouvèrent fraîche et dispose. Neil dormait profondément. Elle but un peu d’eau et raviva le feu avant de s’éloigner un peu de leur campement de fortune, suivant le cours du ruisseau. Il ne lu fallut pas aller trop loin pour trouver une espèce de petite lagune qui semblait n’attendre qu’elle. Sans arrière pensée, Lindsay se défit de sa robe et plongea dans l’onde claire. Quel plaisir inédit et simple. Elle batifola en chantonnant même, ravie de pouvoir dessaler peau et cheveux mais ne resta pas trop longtemps dans son bain. En regagnant le campement, elle trouva Neil déjà levé, vu sa tête il aurait sans doute vendu son âme au diable pour une tasse de café.

Tiens…prends une banane, c’est mieux que rien !...Oui, je suis allée prendre un bain…Non, j’ai pas eu la trouille, le coin est paisible et très beau. Je n’allais quand même pas te réveiller pour trois fois rien…Ton pied va mieux ?...Génial, comme ça on pourra aller en prospection !...Oui, logiquement que j’ai hâte de voir si on trouve quelqu’un d’autre !

Elle finit sa banane-petit déjeuner et mettant son châle protecteur sur tête et épaules le considéra, souriante.

Alors…on y va ?

Lindsay était décidée à se montrer sensée, ne pas faire de chichis ridicules ni se montrer encombrante. Neil n’était qu’un camarade d’infortune, sans doute assez affolé aussi avec leur singulière aventure, pas besoin de lui donner, en plus, envie de lui tordre le cou. Sans oublier ses biens, elle prit tranquillement le chemin de la plage.

Advienne que pourra…
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Neil Chesterfield

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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptyJeu 31 Mar - 22:50

Décidément, il n’y avait pas plus idiot que lui pour oser poser un pied sur une colonie d’oursins.
Curieusement, faisant fi de ce que la rumeur circulait, ces blessures étaient assez tolérables. Neil avait reçu des échos e douleurs insupportables, d’enflures, fièvres, etc. Là… À par une gêne cuisante, il avait pu tenir bon jusqu’au soir. Douce Lindsay… Pratique aussi, la Miss ! Elle lui tritura le pied, sans remord. Peut-être assouvissait-elle une certaine vengeance en appliquant son traitement ?
Trop endolori pour y trouver malice, Neil avait subi ses soins. L’aspirine le soulagea après un bain de pied. S’il eut froid cette nuit-là, il ne s’en souvint pas. Fraîche comme la rosée du matin, Lindsay avoua avoir été prendre un bain dans une petite lagune amicale. L’estomac du jeune homme s’était retourné :


Tu as été te baigner seule ? *Idiot ! Avec qui voulais-tu qu’elle aille ? *

Elle assura ne pas avoir eu peur, que le coin était super, etc. Puis lui fourra en main une banane en guise de petit déj avant de s’enquérir de son pied :

Ouais, ça va. L’amputation attendra. Tu es pressée de te mettre en route, on dirait !

Approuvant vivement, Miss Fairchild déclara :


Oui, logiquement que j’ai hâte de voir si on trouve quelqu’un d’autre !

Adorable, la Miss se drapa des vestiges de sa robe hors prix sacrifiée aux besoins de la cause et s’enquit :

Alors…on y va ?


Que faire d’autre ? Pourtant Neil tempéra :

Pas de suite. C’est peut-être futile, inutile mais… Ne devrions-nous pas laisser… une trace de notre passage ? … Si ça tombe, d’autres passeront ici. Autant laisser un message, non ?

Se rendant à son idée, Lindsay accepta de se freiner et de chercher des cailloux.
Patiemment, les jeunes gens posèrent galets et pierres afin de décliner leur identité. Fairchild-Chesterfield, leurs noms s’immortalisèrent sur le sable, loin du ressac. Suivit la construction d’une sorte de flèche montrant la direction prise par le couple.


Ça nous évitera de tourner en rond, au cas où,
assura Neil.

Sans l’avouer, il n’appréciait pas trop de s’écarter de cet endroit. Ne leur apportait-il pas eau et nourriture ? Là où ils allaient, que trouveraient-ils ?
Par sécurité, tous les récipients étanches à leur disposition s’emplirent d’eau douce. En rigolant, Chesterfield alluma un de ses deux cigares :


Sais même plus pourquoi j’ai ça sur moi… Je garde l’autre au cas où il faudrait faire du troc avec un indigène !

Sans doute se croyait-il à l’époque glorieuse de la conquête des futurs USA, quand il suffisait de verroterie, un peu d’alcool ou tabac pour séduire lesdits sauvages…

Ridicule ! C’est fou ce qu’il se sentait idiot avec sa veste sur la tête. Le soleil tapait dur. Même en marchant en lisière du bois, peu d’ombre les protégeait de la fournaise. Lindsay avait plus fière allure avec sa sorte de turban-châle. Par galanterie, histoire d’alléger sa compagne, Neil s’était chargé du gilet de sauvetage. Au moins, il occupait une main.
De loin en loin, ils bâtirent des flèches avec des pierres, mais l’horizon ne changeait pas.
Ils parlèrent un peu, juste pour meubler leur errance. Se raconter ? Neil n’aimait pas beaucoup ça.
Puisque la miss semblait y tenir, il évoqua brièvement sa jeunesse :


Pas marrant d’être l’unique héritier d’une grosse boîte ! J’ai fait la bringue tout le temps, ou presque… Les responsabilités me sont tombées dessus de façon abrupte. Je ne crois pas que j’étais prêt à assumer ça.

Non sans fierté, il estima ne pas s’en être trop mal sorti après trois ans de galère.

…Si je m’inquiète pour la société ? Ben non, pas du tout ! (il rit) C’est le moindre de mes soucis. Dans un sens, j’avouerais que ce naufrage m’arrange !... Une fuite ? On peut dire ça. On est là, coincé dans un beau coin, à n’avoir qu’à attendre des secours. Pourquoi s’en faire ? Ta tante va remuer ciel et terre pour te rechercher. Mes associés, par contre, seront peut-être ravis d’être débarrassés de moi… Oui, je suis dur en affaires… Parle-moi plutôt de toi, tes aspirations, projets ?

Pas folichon l’avenir de la demoiselle… La caser bellement semblait la priorité absolue de sa famille. La jeune femme semblait n’avoir été élevée que dans ce but : devenir une épouse parfaite pour un gentleman parfait. Le Net consulté à bord de l’Ocean’s Queen n’avait donc pas menti.


Ce Fitzpatrick, te collait vraiment de près. Tu… L’appréciais-tu ?

Sa dénégation enchanta Neil plus que prévu. Le tableau brossé sur le bellâtre fut tel qu’il ne put s’empêcher de rigoler :

Tant mieux si c’est ce que tu penses de lui. Ce gars est un coureur de dot : sa famille est ruinée. Je pense qu’ils misaient beaucoup sur cette… rencontre.

Cette affirmation sembla tracasser Miss Fairchild. Elle en posa des questions !

… J’ai pas pu m’empêcher de fouiller un peu le Net… Disons que j’étais un peu… *jaloux* Inquiet à ton sujet. Tu me semblais une proie un peu facile pour ce genre de requin.


Cela dut la faire gamberger car elle se tut un long moment...

Les bananes du matin étaient loin. Selon les estimations de Neil, vu le soleil, il n’était pas loin de zénith et son estomac était dans ses talons. Bête mais vrai, il avait faim et crevait de mal au pied.

Si ça ne t’ennuie pas, j’aimerais que l’on fasse une pause.

Honte à lui ! Lind ne s’était plaint de rien, avait avancé sans rechigner, et c’était lui qui cédait le premier…
Maigre consolation, elle ne lui rit pas au nez, ne le traita pas de mauviette. Se pourrait-il qu’elle ait crâné ? La halte fut accordée avec chaleur, voire reconnaissance.
Le coin qu’ils abordaient était l’égal de celui quitté. Plage parfaite avec galets ronds, palmiers dattiers, bananiers en bordure de forêt d’épineux. Seuls quelques cris d’oiseaux de mer perçaient le silence alentours… Sauf que…
Dressant l’oreille, Neil se fit attentif :


Tu entends ? Ecoute bien. Ça vient de la forêt !


Avançant encore sur le sable, ils eurent confirmation d’un débordement d’eau vive. Une cascade devait se cacher quelque part dans le fouillis feuillus.
Pas besoin de se concerter, les compères changèrent d’orientation en remontant le ru naturel.
S’avancer dans les taillis ne plaisait pas au jeune homme d’affaire. D’abord, en chaussettes… on pouvait rêver mieux ! Puis… qui sait si des serpents ne hantaient pas ces abords charmants ?
Saisissant la branche morte la plus adéquate à ses vues, Neil prit la direction des opérations.


Tu marches juste derrière moi, hein !

Pas à pas, prudent, le couple remonta jusqu’à la source sonore.
Pas à dire, c’était un très bel endroit qu’ils découvrirent. Un vrai paradis niché entre roches et arbres. Presque pâmée d’admiration, Lind voulut se jeter illico dans le bassin naturel alimenté par un beau saut de plusieurs mètres.


NON ! Non ! Attends ! Assurons-nous d’abord que l’endroit est sûr.

Muni de sa branche, Neil fouilla les abords en retournant des pierres avec précautions.
Nul prédateur ne semblait hanter ces lieux, tant mieux.
Avant de donner son feu vert à la baignade, le PDG de la ChestCo voulut aussi vérifier que le bassin lui-même était sans danger. S’il se montrait si pointilleux ce n’était pas sans raison. Il expliqua :


Quoique je ne pense pas que nous ayons pu dériver autant ni en canot, ni avec nos gilets, nous sommes manifestement sous les tropiques… Des amis à moi ont eu de très mauvaises surprises en se baignant dans un lagon. Certes, ce bassin n’en est pas uns mais sait-on jamais ?

Sa perche improvisée plongée dans l’onde claire ne provoqua aucun remous suspect. Sous des dehors vaillants – alors que ses tripes se nouaient de trouille – Neil immergea son avant-bras jusqu’au coude. C’était glacé mais délicieux. Qu’est-ce qui lui prit ? Bonne question. Soudain, il hurla comme un possédé en retirant son bras :

AAïe !!! Ça brûle ! C’est horrible ! J’ai mal !


Alarmée, Lind s’approcha vivement cherchant à voir les dommages causés à l’épiderme du co-naufragé. Elle était adorable avec son air affolé.

…Rien ? Tu es sûre ? dit-il faussement penaud.

Son regard le trahit. La belle hésita entre le rire et la colère, un mélange des deux s’en suivit.
Sous les imprécations de Miss Fairchild, Neil partit d’un grand rire :


… Juste une blague. Désolé, c’était plus fort que moi ! Oui, je suis un idiot et je ne recommencerai plus, c’est juré !

Là-dessus, il ne se prit pas une baffe mais une belle giclée d’eau à la figure. Loin de refroidir son hilarité, Neil entra dans le jeu et rendit la pareille à la Miss. Le bord du bassin ne leur suffisant pas comme terrain de sport, ils le franchirent et poursuivirent leurs ébats à grand renfort d’éclaboussures. Pour être trempés, ils le furent mais quelle partie de rigolade. Pourtant, aussi soudaine qu’elle avait commencé, elle s’arrêta par la défection de Neil.
Dé jà en marchant côte à côte avec Lind le long du rivage, il n’avait pas pu s’empêcher de regarder le galbe parfait de la jambe révélée dans la large échancrure de la robe rouge. Maintenant c’était bien pire. Dégoulinant, la robe moulait parfaitement les courbes de la demoiselle, mettant en évidence, sans contestation possible, toute la splendeur féminine de Miss Fairchild.
Troublé, confus, Neil se détourna et sortit de l’eau à la vitesse grand V :


Continue ton bain, je suis pas loin.

Il devait se libérer l’esprit de cette vision très, trop sensuelle. Aussi, se mit-il avec entrain à bâtir un nouveau feu. Fidèle le « Dupont » fonctionna encore. Sur des branchages, Chesterfield suspendit son linge à la va comme on peut. Son slip était très correct, presque un maillot de bain. Pourquoi se gêner ? On était comme en vacances, non ? Sauf qu’il restait à trouver de quoi se sustenter.
Neil ne trouva pas ses proies, ce furent elles qui le trouvèrent. Une petite avancée rocailleuse coupait la plage en deux. Impossible de la contourner sans entrer dans la mer, ce qu’il préféra éviter. Une brève escalade plus tard, il fut au sommet de cette crête de lave séculaire. Le décor visionné n’offrait aucun changement par rapport à l’autre côté. Peut-être dénicherait-il des bivalves accrochés aux récifs ? Plein d’espoir, il descendit. Mal lui en prit. Ce sable-là n’était pas stable. Comme aspiré par le fond, Neil s’enfonça à peine deux pas plus loin. Il crut pouvoir retourner en arrière mais ça collait ferme à ses chevilles. Bientôt, ses mollets furent gagnés. À ce stade, ce n’était pas bien grave mais quand, en plus de voir ses genoux englués, s’ajouta une animation des rochers, là Neil paniqua pour de bon.
Ils surgirent de partout, cuirasse cuivrée, pinces levées, minuscules ou énormes : des crabes.
Dans sa folle imagination, Neil revécut des scènes de films de pirates où le prisonnier était condamné à se faire dévorer vivant par une armée de crustacés voraces. À part un squelette parfaitement nettoyé, il ne resterait rien. Il beugla à pleins poumons :

LINDSAY ! AU SECOURS !

Les animaux avançaient et lui s’enfonçait de plus en plus. Se débattre ? À quoi bon ? Pourquoi, pour qui ?
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Lindsay Fairchild

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MessageSujet: Re: Perdus   Perdus EmptyDim 10 Avr - 19:45

Ça ne tarda rien à advenir. Quel homme plein de prévision !

Pas de suite. C’est peut-être futile, inutile mais… Ne devrions-nous pas laisser… une trace de notre passage ? … Si ça tombe, d’autres passeront ici. Autant laisser un message, non ?

Un message !?

Exactement cela. Pointilleux au détail, il fallut immortaliser gentiment leurs patronymes en galets plus une flèche indiquant la direction prise. Lindsay obtempéra sans commentaires, se demandant néanmoins si ça n’aurait pas suffi avec leurs initiales.

*Mais enfin…*

Ça nous évitera de tourner en rond, au cas où.

Il n’avait certainement pas tort mais elle ne voyait pas comment ils s’y prendraient pour le faire…à moins de faire le tour de l’île mais encore là, se garda ses commentaires puis, avant de se mettre, enfin, en route le regarda emplir d’eau douce les deux cylindres d’aluminium ayant contenu ses cigares cubains.

*Ça fera quoi ? Une gorgée d’eau ?*


Elle ne voulut pas sacrifier son tube d’aspirines ! Neil ne lui tint pas en rigueur, le voilà qui rigolait en allumant un de ses havanes.

Sais même plus pourquoi j’ai ça sur moi… Je garde l’autre au cas où il faudrait faire du troc avec un indigène !

Lindsay ne put s’empêcher de rire.

Tu es vraiment marrant, Neil…Si on rencontre un indigène, je parie qu’il lorgnera plutôt ton Dupont…pour allumer ses Marlboro !...Allez…on y va !

Galant, le jeune homme tint à porter le gilet de sauvetage et ils prirent le chemin de la plage. L’endroit était magnifique, impossible dire le contraire mais dans ces conditions, le tout perdait, quand même, quelque charme ! Bavarder chemin faisant, donnait un ton civilisé à la randonnée exploratrice.

Parle-moi un peu de toi, Neil.


Demande on ne peut plus légitime tenant compte qu’ils semblaient destinés à passer un certain temps ensemble.

Pas marrant d’être l’unique héritier d’une grosse boîte ! J’ai fait la bringue tout le temps, ou presque… Les responsabilités me sont tombées dessus de façon abrupte. Je ne crois pas que j’étais prêt à assumer ça.

Et qui le serait !?...C’est terrible…te trouver du jour au lendemain avec cette immense responsabilité sur tes épaules. Ce doit être accablant !

Elle s’imaginait devant se charger de l’empire familial et préféra mille fois, lâchement, se trouver là, perdue Dieu sait où, laissant aux autres le souci de se faire de la bile sur son sort incertain.

*Tu es commode ! Et quoi ?!?*

Le jeune homme parla de ses déconvenues puis succès pour mener la Chestco. Elle décela de l’orgueil dans ses mots, après tout il s’y était dévoué en corps et âme pendant trois ans, s’oubliant un peu lui-même en passant.

Tu as raison d’en être fier…Cela doit drôlement te préoccuper ce que tout peut devenir si...on ne sort pas de là rapidement !

Si je m’inquiète pour la société ? Ben non, pas du tout ! (il rit) C’est le moindre de mes soucis. Dans un sens, j’avouerais que ce naufrage m’arrange !...

Il pouvait être vraiment surprenant, cet homme. Sans trop savoir pourquoi, elle se trouva en train de rire avec lui, peut être parce qu’en quelque sorte, il en allait de même pour elle. Ce naufrage, que sa famille verrait comme une tragédie affreuse, représentait pour Lindsay une libération inattendue, un peu brutale, certes, mais libération enfin. Pour la première fois de sa vie, elle était livrée à son seul bon sens et libre arbitre.

Je peux comprendre ça…c’est un peu comme fuir

Une fuite ? On peut dire ça. On est là, coincé dans un beau coin, à n’avoir qu’à attendre des secours. Pourquoi s’en faire ?

Vu de cet angle là, bien sûr, ça perdait tout charme !

Elle soupira en haussant les épaules au temps de lui décocher un petit sourire.

Tu as raison…pas la peine de s’en bâtir un roman…Mais s’ils nous cherchent faut dire qu’ils sont drôlement lents à nous trouver !

Ta tante va remuer ciel et terre pour te rechercher.

Si ce n’était que Tante Becky…, soupira Lindsay en s’imaginant le long et puissant bras familial secouant et remuant les hautes sphères pour la retrouver, et…tes associés ?

Petit sourire en coin, sans gaieté. Aveu sommaire. Il doutait que ses associés bougent le petit doigt. Lindsay n’en crût rien, il était trop dur à se juger, tout autant qu’il prétendait l’être en affaires, ce qu’elle ne mit pas un instant en doute. En fait, elle avait entendu son père parler de lui en termes peu engageants, entre autres, requin impitoyable, ce qui devait signifier qu’il le considérait comme un concurrent à tenir à l’œil.

Parle-moi plutôt de toi, tes aspirations, projets ?

Retour à la réalité, à la sienne, celle qu’elle n’aimait pas trop envisager. Aspirations ? Projets ? En avait-elle seulement ? Quelques uns, qui ne verraient jamais le jour parce qu’elle était et serait toujours incapable de contrevenir les désirs de ses parents, le bon vouloir de la famille, l’avis de la société.

...Que veux-tu ? On est ce qu’on est ! La différence se fait à l’instant même de notre naissance…tu vois, toi et moi, on est nés riches, on est enfants uniques, on a tout eu …mais voilà…toi, tu es un garçon. L’homme. La tête. Le chef. Le père…C’est la stupide structure de nos sociétés. Moi, je ne suis qu’une fille…ailleurs, on me vendrait contre trois chameaux et quelques chèvres…Ici, ben, on m’a élevée, exquise et dignement, pour que je dégote le meilleur mari possible , ce qui devra, bien entendu aussi représenter une belle affaire ou fusion ou que Diables sais je…

Elle ne voulait sembler ni amère ni désenchantée, celui là n’avait été qu’un clair et simple exposé des faits. Tiens, Neil semblait avoir vraiment suivi sa petite histoire.

Ce Fitzpatrick, te collait vraiment de près. Tu… L’appréciais-tu ?

Lindsay se retourna tout de go et le dévisagea, le sourcil haussé.

Fitz !?...Tu veux rire. Je ne le supportais pas…un vrai pot de colle empesé et ridicule !

Cela sembla beaucoup amuser son interlocuteur.

Tant mieux si c’est ce que tu penses de lui. Ce gars est un coureur de dot : sa famille est ruinée. Je pense qu’ils misaient beaucoup sur cette… rencontre.

Hum ! Tu en sais des choses, toi !...

J’ai pas pu m’empêcher de fouiller un peu le Net…

Tu as quoi ?!?...Fouillé sur le Net ? Tu…n’avais rien de mieux à faire ?...Au fait…pourquoi as-tu fait ça ?

Sa réponse la flatta au-delà de tout paramètre raisonnable.


Disons que j’étais un peu… Inquiet à ton sujet. Tu me semblais une proie un peu facile pour ce genre de requin.

Avec un profond soupir mais en souriant, Lindsay poursuivit le chemin, en silence.

*Il se faisait de la bile pour toi…si c’est pas mignon, ça !...Le pauvre, pas facile, non plus…enfin, sais pas, il semble pas le prendre si bien…Son pied lui fait peut être mal…Tu devrais lui demander…il a bon cœur…et…*

Descendue de son petit nuage réfléchi, elle réalisa que le jeune homme lui proposait une pause.

Mais bien sûr…l’avoir dit avant. Ça fait du bien…Asseyons nous un moment…Tiens des bananes…tu en veux !?

Mais il n’avait que faire des bananes en cet instant, un bruit, autre que ceux de la mer et le gargouillis de leurs estomacs, se laissait entendre.

Tu entends ? Écoute bien. Ça vient de la forêt !

Oui…on dirait…une…chute d’eau!?

S’il n’avait tenu qu’à elle, Lindsay aurait foncé sans regarder aux possibles dangers mais Neil pensait à tout. Son admiration pour lui monta d’un cran.

Tu marches juste derrière moi, hein !

Ok…suis ton ombre.


Et de le suivre, docile jusqu’à un bassin merveilleux desservi par une cascade de rêve…tout comme dans un beau film !

C’est fantastique !!!


Sa seule idée : s’y jeter tête la première mais Neil la retint.

NON ! Non ! Attends ! Assurons-nous d’abord que l’endroit est sûr.Mais…

Il ne voulut rien entendre et passa les alentours en inspection serrée, retournant même les pierres. Patiente, elle le regarda faire puis le vit se diriger vers le bassin et le sonder en y plongeant le bras jusqu’au coude. Et puis, l’horreur.

AAïe !!! Ça brûle ! C’est horrible ! J’ai mal !

Alarmée est peu dire, affolée, Lind bondit sur lui, examinant avidement son bras, cherchant les évidences de quelque brûlure atroce mais son épiderme apparaissait lisse et parfaitement saine.

Tu n’as rien…Pas de trace…


Rien ? Tu es sûre ?

L’éclat malicieux de ses yeux eut le dessus.

Affreux bonhomme…tu as failli me faire mourir de trouille. Ça te prend souvent de faire des trucs pareils ?...J’ai cru n’importe quelle horreur…Tu devrais avoir honte…

Mais l’autre rigolait de si bon cœur qu’elle sentit sa colère fondre, juste pour la forme, elle lui asséna une belle tape.

Désolé, c’était plus fort que moi ! Oui, je suis un idiot et je ne recommencerai plus, c’est juré !

Je l’espère, pour ton bien !, et de l’asperger, ravie, d’une belle giclée d’eau froide. La suite fut digne de gosses de 10 ans, en riant comme des fous, ils plongèrent dans le bassin, s’éclaboussant comme des dingues…une vraie fête de bonne humeur et camaraderie qui cessa quand, sans préavis, Neil sortit de l’eau.

Continue ton bain, je suis pas loin.

Sans plus. Lindsay haussa les épaules, dépitée… et ne tarda rien à quitter elle aussi ce bain improvisé pour, faute de mieux, elle se mit à la recherche de fruits divers. Cette tâche l’occupait depuis un moment quand un hurlement lui parvint :

LINDSAY ! AU SECOURS !

Lâchant ce qu’elle avait dans les mains, Lind fonça :

Neil !!! Neil…où es tu ? Neil !!!?

Elle ne fut pas longue à le trouver. Il avait franchi une espèce de crête de vieille lave et retombé de l’autre côté. Le jeune homme était là, à moitié enlisé dans le sable profond et instable, se débattant à peine, une expression d’épouvante peinte sur le visage.

Je suis là….t’en fais pas…ce n’est rien !...Neil !....Neil !!!?

Il ne fallut pas de profondes réflexions pour savoir que le PDG de la Chestco était proie d’une hallucination. Coup de soleil ? Coup sur la tête ? Peu importait à la fin, la chose était le tirer de là, le mettre à l’ombre et le rafraîchir. Pas la mince affaire. Lindsay n’étant pas exactement du genre costaud, elle en vit des vertes et des pas mûres pour tirer la grande carcasse de Chesterfield vers l’ombre.

Elle passa doucement le mouchoir trempé sur le front de Neil, le trouvant enfin un peu moins chaud. Lui faire avaler les deux cachets d’aspirine avait tenu du tour de force. Lind était toute fière de ses faits, campement déménagé en un clin d’œil, un bon petit feu crépitant et son patient revenait à la vie.

Hey, toi…Ça va mieux ?

Sans que ce soit une caresse ni rien de semblable, elle lui écarta doucement quelques mèches trempées du front, en souriant.

Tu m’as fait peur…

Mais le reste de son discours ou de n’importe quelle autre chose resta suspendu face à une apparition surprenante…d’autres être humains. Un homme et une femme, l’air parfaitement civilisé et pas en détresse du tout, se tenaient à quelques pas et les regardaient avec profonde commisération.

Nous…avons fait naufrage. Nous voyagions sur…Dites donc…vous, je vous connais !...Vous êtes Luke, le barman…Oui, on est là depuis hier…mais là, Neil ne va pas bien du tout…Il y en a d’autres !?...Quoi ? Un village ?...

Elle se pencha vers Neil qui ne semblait pas se décider si revenir ou se rendormir.

Tu vois…tu avais raisons…il y a un village à deux pas…tout va aller bien !

Il sourit, béat, elle rit tout bas, en lui effleurant le front d’un bisou.

Allez…Luke est là…Il va nous aider…mets y du tien…non, il y a pas de crabes géants dans le coin…il a développé une fixation avec les crustacés, expliqua t’elle au barman et sa compagne, c’est loin ?

Il suffit de quelques minutes de marche. La dénommée Jennifer les devança pour annoncer leur arrivée. Le comité de bienvenue ne tarda pas du tout. Explications sommaires. On emmena Neil au centre médical et Lindsay reçut l’assignation de LEUR bungalow…

Mais…, essaya t’elle de protester.

Rien à faire, allez savoir par quel arcane obscur de l’entendement humain…on les jugeait comme un couple et comme tel, ils partageaient l’habitation…enfin, la partageraient, Neil passerait la nuit aux bons soins du toubib du coin…
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