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Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Grandeur et décadence

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Manakiel Emmanuel

Manakiel Emmanuel


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MessageSujet: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyDim 25 Aoû - 8:36

Steward, je vous ai commandé un double martini, pas cette m***e !

*Hein ?? Bon Dieu qu’est-ce que…*

Complètement anéanti, Emmanuel n’écouta que distraitement la passagère des 1ères classes qui continuait à pérorer à son encontre :

Vous venez de passer votre diplôme ou quoi ? D’après votre âge, cela semble impossible alors qu’attendez-vous pour me servir ?

Je… euh… tout de suite, Madame.

Il s’inclina un poil et fila dans la salle de services. Une hôtesse s’y activait car l’heure d'une fête approchait. Elle lui sourit puis fronça les sourcils :

Ça ne va pas Manu? Tu es tout bizarre.


Vais pas bien, en effet. On, on est où… ?

Miss Freegate éclata d’un rire frais :

Au-dessus du Pacifique, comique !

Je le vois bien mais, euh… c’est quel vol ?

Tu te fous de moi ? C’est le vol 747 pour Sidney, of course ! Allez, grouille-toi ! C’est bientôt les douze coups de minuit.

Machinalement, Manakiel commença à ouvrir des bouteilles de champagne dont son homologue emplit des coupes.
Par tous les diables que foutait-il là ? Sa mémoire ratait une case. Son dernier souvenir était celui d’une semonce sévère de la part d’un groupe de barbus chenus. Il avait cru à une plaisanterie de leur part mais…
Dès que Freegate sortit avec son sourire de circonstance et son plateau à distribuer, Emmanuel claqua des doigts.


*M***E !*

Il en resta pantois quelques secondes puis se reprit.

*Puni et radié, le paieront !*

Bordel oui il avait merdé avec le groupe précédent mais de là à le disgracier de la sorte, mince !
En attendant de retrouver ses capacités et d’aller tirer la barbe aux bonzes supérieurs, il fallait qu’il se sorte de là. Il savait sur le bout des doigts ce qui allait se produire avant peu. Tous les passagers et membres d’équipages allaient roupiller du sommeil des anges et l’avion se poserait avec assistance divine dans un coin de paradis.


*Quel est mon rôle, là-dedans ??*

En vitesse, il parcourut le listing des passagers. Aucun des noms ne correspondait au vol précédant sauf celui du commandant.

*Une nouvelle expérience… ?*

Ceux d’en haut en étaient très capables. On efface l’ardoise et rejette les dés…

*Cette fois je fais partie du lot des cobayes. Où est Bérith ?*


Son frère méritait forcément une sanction plus dure que la sienne. N’avait-il pas enfreint plus de règles ? À tout le moins, on l’avait expédié chez les historiques ! Cette idée fit sourire Manu qui soudain se rappela le double Martini demandé. Il s’empressa de le présenter à la miss qui déjà – quel bonheur – ronflait gentiment.

VIVE L’AN 2000 !

Explosions de joie. Ensuite le silence. Bizarrement Manu ne fut pas affecté par la somnolence générale. Il resta là, comme un con au milieu d’une travée où les passagers piquaient tous du nez, parfois dans des postures grotesques. Il soupira profondément et entreprit de réordonner tout cela.

Mr. Firth, désolé de vous redresser de votre salade de poulpe. Mrs Perkins, vous me remercierez plus tard… ou jamais de vous sauver de la braguette de votre copain de siège…

Etc.

L’atterrissage sans heurts se poursuivit comme antérieurement. Les suites aussi. Le commandant Higgins devint le maire du village découvert ; chacun reçut une attribution et découvrit la Pierre.
Manu se méfia longtemps des tracasseries administratives. Il préféra demeurer l’obscur steward âgé du vol 747. Contrairement aux autres cobayes, la Pierre ne lui concéda jamais rien. Il s’en ficha car tous ses souvenirs restaient. Habile dans tous les domaines avec les expériences accumulées au fil des siècles, il finit par abandonner le village devenant le « sage » du coin à qui l’on demandait conseil contre un vêtement ou une conserve d’aliment. Tôt ou tard, le coin regorgerait de nouveaux venus. Il suffisait d’attendre.
Il suivit la révolution, la chute d’Higgins avec intérêt sans y participer. L’ascension d’un certain Müller le prit de court. D’emblée, il détesta ce type et ses méthodes pires que celles de son prédécesseur
Ses doigts étaient usés à force d’essayer de claquer pour obtenir un reste des pouvoirs d’antan. Sa hutte en bord de mer prenait l’eau, il était devenu hâve et maigre mais s’en fichait.

En vain, il avait cherché les plaques de téléportations qu’il avait mises en fonction avec son frère mais rien n’était pareil :

*D’autres s’en chargent…*

Ses instincts étaient faussés, ses pouvoirs quasi nuls. À son grand étonnement, alors qu’il crevait de faim, il avait pu faire sauter un poisson hors de l’océan. Une fois, il craqua et tomba à genoux sur la grève en implorant pour le pardon de ses fautes. Bizarre mais outre un autre poisson il récupéra un don, celui de dévier des trucs de leur trajectoire.

Le village croulait sous l’injustice et il ne pouvait rien faire pour la contrer.


*Ça se tassera…*

Mal vu !
Lorsque la milice dirigée par Müller le cerna, Emmanuel ne put qu’obtempérer.
De pêcheur prêcheur il passa à mineur. C’était la façon de Gert d’éliminer les menaces. Tous les dissidents y passaient : la mine de diamants ou la mort. Ne connaissant pas les astuces en vigueur, il se plia.

Depuis combien de temps cela durerait-il ? Il s’en moquait. Il avait cherché comment rallier Bérith, en vain... Où était-il, que fabriquait-il ? Les méthodes de Müller étaient parfaites au lavage de cerveau.


*J’ai pas mérité ça !* pensa-t-il un jour en piochant après des diamants.

Où avait-il merdé au point d’en arriver là ? Il l’ignorait mais quand ça commença à pétarader à tout va aux alentours, il eut enfin une lueur d’espoir.
Lui ainsi que plusieurs autres toussaient et transpiraient à la recherche des gemmes quand cela se mit à péter.


*Agir, et vite !* Écoutez, dit-il aux autres bagnards, c’est l’occasion ou jamais. Gardons nos pioches et défonçons ceux qui nous contraignent à rester ici. Si vous voulez dégager, suivez-moi !

Emmanuel, en général, préférait parlementer que l’action musclée. Là, plus le choix. Certes, il réclamait quasi l’impossible à des personnes aussi affaiblies que lui par les conditions de travail épouvantables. Ils n’étaient plus qu’une quinzaine sur la centaine post « naufrage » de l’Ocean’s Queen et la majorité était mourante. Ils avaient, de concert, cessé toute activité aux premiers coups de feu, rassemblé leurs quelques forces résiduelles puis s'étaient dirigés vers la source sonore.
Cinq valides arrivèrent par un tunnel dans la salle où ils entrevirent le bel et bien dit Müller qui tenait en main un boitier. Ça discutait entre homme en joue et le despote
:

Vous … Vous êtes foutu … Müller. On… vous jugera équitablement… Vous n’avez pas… d’issue.

QUE VOUS CROYEZ ! Si quelqu’un franchit cette arche, je ferai tout sauter, tout, TOUT !

D’un coup, l’éclairage s’éteignit.

Le saut de l’ange, Emmanuel connaissait. Il plongea au moment où un pouce vengeur s’abaissait et qu’un coup de feu claquait.
Bam ! Aïe !
Jamais de sa longue vie Manu ne s’était ramassé un pruneau. L’épaule lui brûlait mais il avait su éjecter la commande des explosifs. Les suites se passèrent dans un brouillard des plus confus.

Nous sommes navrés de ce qui vous est arrivé, déclara l’homme aux cheveux gris qu’avait tenu en joue Müller.

Il ne tenait pas la grande forme dans cette chambre d’hôpital mais au moins il était debout contrairement à lui. Qu’il se tienne le côté n’avait rien d’étonnant ; ses propos par contre…

Votre tortionnaire est en vie grâce à vous. Vous avez choppé la balle qui lui était destinée Mr. Manakiel. Un nouvel ordre règne à présent, reposez-vous maintenant. Peu réchappent à une perforation de l’artère brachiale, veinard ! Le maire viendra vous parler plus tard.

En fait, Manu n’était pas que veinard, tous le considéraient comme miraculé. De mémoire d’homme personne ne survivait à telle blessure fatale. De gentilles et jolies infirmières tinrent à lui prodiguer compagnie et soins. L’une d’elle se montra très prolixe :

Vous êtes un héros, savez-vous ? Non seulement survivant de la mine malgré tant de mauvais traitement – pauvre chou - mais aussi le patient qui récupère le plus vite jamais vu ici. Le maire Firth a déjà une haute opinion de vous. Avec le colonel Reardon redevable – le type aux cheveux blancs- et ses acolytes, si vous le désirez vous entrerez bientôt au staff de la maison commune.

Il s’en foutait mais la curiosité le poussa à demander :

Qui sont les bras droits ?

Outre Reardon, il y a Cromwell. Gars beau comme un dieu mais pris, hélas, par la nièce du colonel : Maya Clairborne. Lindsay Fairchild et son mari Neil Chesterfield en sont aussi. Quel dommage qu’il ait refusé d’être élu maire… Mais qu’avez-vous ? Hé, ho ! Mr. Manakiel… ?

Il tournait bel et bien de l’œil.


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Carlianna

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyMer 28 Aoû - 10:58

Bravo ! Pour des explications, on y repasserait ! Son cas jugé, de façon on ne peut plus expéditive, on lui avait fait grâce d’une paire de recommandations à la noix  avant de la larguer, sans préavis, en pleine urgence maritime. On se bousculait, on criait, on s’angoissait et pour cause, en toute évidence, on coulait !

*Non mais…c’est quoi tout ça ?*
 
Ça, c’était un naufrage dans toutes les règles de l’art. Comment était-elle arrivée là ? Question inutile. ILS l’avaient placée là, en punition, pour lui faire savourer la « douceur » de la déchéance, pour lui faire sentir la dérisoire faiblesse de sa condition humaine. C’était celui-là le prix de ce qu’ILS appelaient : trahison. Un bien grand mot, à l’avis de Charley pour définir ses actes. Rébellion, peut-être mais elle ne  se sentait aucunement coupable d’avoir trahi quiconque…et si oui, tout au plus la confiance d’un bambin de deux ans !

Une poussée plus forte que les autres faillit la balancer par-dessus bord, elle s’accrocha à la comme on peut tout en maudissant le malotru qui voulait passer plus vite et sans se gêner joua, elle aussi des coudes, pour arriver au canot de sauvetage puisque c’était de cela qu’il s’agissait. Il fallait survivre et bien…elle survivrait !

Quelle galère ! Naufrager avec une bordée d’inutiles était déjà  assez navrant, que les trois quarts de cet équipage de misère disparaissent au cours de cette nuit étrange, pas son problème, mais bien sûr, ça donna lieu à des questions une fois arrivés à terre ferme.

Un drôle d’endroit, ce refuge providentiel. Le Village.  On accepta ses explications, tout comme celles du reste. On eut droit à une histoire plus bizarre difficile et on fut mis en face de la Pierre à souhait avec le conseil de se montrer humble, révèrent et surtout, elle le comprit plus tard, pratique. On les casa dans des bungalows magnifiques et on leur ficha la paix tant qu’il n’y aurait pas d’embrouilles.

*Ma main à couper qu’ILS ont quelque chose à voir avec tout ça !*
 
Elle y avait souvent pensé en allant faire ses dévotions à la Pierre.  En écoutant les histoires que les autres racontaient. En réalisant que sous ces apparences placides, ces lieux pouvaient être la succursale de l’enfer.  Toutes les faiblesses et misères humaines s’y côtoyaient, certaines grandeurs aussi.

Charley en eut vite assez de tout ce charivari d’émotions houleuses et préféra prendre un sage recul. Son unique besoin était celui d’avoir la paix pour ressasser en solitaire les meurtrissures de son âme. Elle avait aimé les enfants par-dessus tout et on l’en avait privée. Des siens et des autres…De ceux avec  qui, elle avait pensé pouvoir rédimer les fautes commises lors de sa vie…Mais surtout de Nick…Oh lui ! Il serait son éternelle peine, son chagrin le plus profond…
 
*Qu’ai-je fait ?...Comment est-ce possible que j’ai pu me tromper de la sorte ?...Ou était-ce un piège ?...Mon pauvre ange…mais sans ça…ils l’auraient éliminé…Ils l’ont peut-être fait…qui sait ?...Enfin…yeah, ça mord !!!*
 
C’était encore une belle journée, toute pareille à la veille et sans doute au lendemain. Qui aimait la diversité devait s’échiner à l’imagination, là.  Bien sûr, cela sans tenir compte des  derniers soubresauts auxquels elle n’avait pas participé, décidée à se tenir loin de tout ce beau monde en ébullition, jugeant en avoir eu son lot, d’émotions à sursaut !
 
Une sardine ! Rien que ça ? Une petite sardine. Si ça avait été une un peu plus grosse, la belle s’en serait peut-être contentée mais là, enragée, elle libéra sa prise frétillante du hameçon et la relança dans la mer en accompagnant son geste d’un discours fleuri destiné à n’être entendu que par la sardine et encore…sauf que là, c’était raté…

*Et merde…pourquoi faut-il qu’il y ait du  monde quand je dis des gros mots !?*
 
Ils n’entraient pas dans son répertoire habituel, les gros mots, mais leur emploi, elle l’avait découvert, le temps allant, l’aidaient à décompresser. En tout cas, aucun besoin d’être clairvoyante pour deviner que celui qui venait d’écouter son débit malencontreux, s’en fichait autant que de la pluie ou du beau temps. En fait, cela ne semble lui faire aucun effet. Il était là, tout simplement, contemplant la mer, comme si cela le transcendait au plus haut point. Certes le paysage pouvait être de saisissante beauté et tout ce qu’on voudrait mais là, cela frôlait la fascination morbide. Ne voilà t’il pas que l’inconnu faisait un pas vers le bord de la petite falaise ? Un de plus, et il marcherait dans le vide.

Charley regarda vers le bas. L’eau n’était qu’à deux mètres, il n’y avait pas de vagues mais les rochers pointus qui effleuraient les flots assuraient un vilain coup si on avait le malheur d’y tomber dessus et ce monsieur semblait avoir toute l’intention de…
 
Mais vous n’y pensez quand même pas ?...Ça va pas bien chez vous ?
 
*Quelle question idiote, ma vieille, revois ton répertoire…il n’y a qu’à voir ses yeux si tristes…le mec est à bout !*

Stop!dit-elle néanmoins en le rejoignant d’un bond, sûr que c’est pas du gâteau parfois…mais quand même…regardez-moi cette falaise…du rien du tout si vous voulez assurer le coup…deux mètres, pas plus…au pire, vous vous cassez la gueule, une jambe, vous brisez le dos et quoi ?...Je vous sauve, vous survivez et quoi ?... On vous retape plus ou moins et après ?...Ah, ça se passe autrement ?...Vois pas comment !...Allez…je déteste l’idée de voir quelqu’un se suicider en ma présence, attendez que je sois pas là, si vous y tenez…Venez !
 
Sans demander son avis, elle l’avait pris du bras et entraîné loin de la tentation du vide.
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Manakiel Emmanuel

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyMar 3 Sep - 21:06

Il se souvenait absolument de tous les faits antérieurs. Entendre les noms des personnes dont il avait dû s’occuper le scia et le démoralisa profondément. Sa déchéance l’anéantit. Lui et son frère avaient eu beau se détester copieusement, l’un entravant l’autre sans cesse dans un petit jeu qui durait depuis la nuit des temps, jamais Manakiel n’aurait soupçonné un tel rabaissement.
Il n’était cependant pas réduit au rang du commun puisqu’il avait guéri de sa blessure en un temps record. Loin de le réjouir, ce fait lui enfonça davantage l’humeur. Quels plans stupides avaient donc encore imaginé l’élite ? Lui faire vivre les méandres de la vie des rescapés et voyageurs était-il un test pour recouvrer son statut d’élu ? S’attendaient-ils à le voir les contrer ou les aider à nouveau ? Avant, lui et Jeff avaient toute latitude d’action. Maintenant…
Il ne comprenait rien, et Bérith - malgré ses coups tordus pour emmerder les mondes - lui manquait affreusement. Qu’avait-il à présent sans son diabolique homologue ? Lui, strictement rien à part cette singularité de survivre envers et contre tout.


*C’est ce que l’on verra !*

Ses sens recouvrés, chouchouté par les charmantes infirmières dont il se moquait, Manu avait arrêté néanmoins une idée.
Disparaître définitivement le soulagerait peut-être de ses peines. Qui sait, s’il réussissait son coup, on l’enverrait chez les Historiques et il y retrouverait son frère ?


Le maire en place ne manqua pas de le visiter, le féliciter et lui proposer d’office une place sans son staff. Chose à laquelle il répondit sans équivoque :

Je vous remercie de l’offre mais ne suis pas intéressé. J’aime ma vie de solitaire et ne vous serais d’aucune utilité.

Désolé de vous contredire ! Nous pensons que vous pourriez certainement contribuer au confort des âmes sous notre responsabilité…  

La flèche l’atteignit plus profond que la balle reçue. Toute son éternité Manakiel n’avait pensé qu’à cela : le bien des humains. Il avait échoué.  Impossible de récidiver :


Oubliez-moi, dit-il fermement. Je ne suis pas votre homme *Je ne suis pas un homme !*

Nous escomptons que vous changiez d’avis. La proposition restera ouverte ! Reposez-vous le temps que vous désirez.  

Firth était un homme juste et droit, Manu l’avait pressenti immédiatement. En d’autres circonstances, il n’aurait pas hésité à participer au bien-être de tous mais là…  

Il s’échappa discrètement du centre médical en prélevant un costume peu reluisant dans une poubelle.
La mer… Source de vie et… de mort.
Longuement, il contempla les affreux rochers saillants qui accueilleraient bientôt sa chute.


*Avec un peu de bol…*

Soudain, alors qu’il s’apprêtait à avancer vers le vide, une voix féminine claironna :


Mais vous n’y pensez quand même pas ?...Ça va pas bien chez vous ?

Il se retourna et contempla une créature… adorable. Du moins elle l’aurait été si elle n’avait pas affiché en même temps air effrayé et courroucé.

Ne vous mêlez pas de ça, s’il vous plaît… Vous ne pourriez pas comprendre.

Loin de la freiner, elle s’entêta :

Stop ! Sûr que c’est pas du gâteau parfois… mais quand même… regardez-moi cette falaise… du rien du tout si vous voulez assurer le coup…deux mètres, pas plus…au pire, vous vous cassez la gueule, une jambe, vous brisez le dos et quoi ?...Je vous sauve, vous survivez et quoi ?... On vous retape plus ou moins et après ?

*M***e, elle n’a pas tort…*

Déstabilisé quelques secondes, il eut un sourire las :

Vous ignorez bien des choses. Faites demi-tour, please. Les choses sont différentes de ce que vous pensez.

Ah, ça se passe autrement ?...Vois pas comment !...Allez…je déteste l’idée de voir quelqu’un se suicider en ma présence, attendez que je sois pas là, si vous y tenez…Venez !

Et hop, écarté du bord.

D’accord Miss, gronda-t-il. Je suivrai votre conseil à la lettre. Maintenant, je vais vous demander de me lâcher le bras et de penser à autre chose.

Hélas, elle était têtue.  

… Quoi ?

Mince, elle lui proposait d’aller papoter autour d’un verre ?


Je serais de piètre compagnie, Miss… ? Ah, Charley ? Enchanté. Inutile que je me présente pour que cela servirait. Je vous laisse, et ne vous dis pas merci sauf de votre suggestion ! Bonne fin de journée !

S’il pensait s’en tirer ainsi, raté. Elle lui emboîta le pas en débitant n’importe quoi. Son culot était monstrueux. Pour qui se prenait-elle à la fin ? D’ordinaire la patience d’Emmanuel était illimitée. Là, il subit des arguments souvent très sensés mais la moutarde lui monta cependant au nez :

Arrêtez ! lui cria-t-il dessus sans se retourner.

Elle poursuivit, alors il l’affronta de face :


… Vous ne pigez pas le français ? FOUTEZ-MOI LA PAIX ! Je ne veux rien d’autre que la paix *Et mon Frangin…*

Elle sembla choquée et il en profita pour prendre la clé des champs.

Quoiqu’il se refusât à l’admettre, des arguments avaient porté. Il se tapit dans un coin des heures interminables.


*Même pas fichu de te foutre en l’air une bonne fois… Ouais je sais que ça risque de foirer mais si je n’essaye rien…*

La falaise la plus haute requérait une journée de marche. Il n’avait rien mangé depuis son petit déj à l’hosto mais s’en moquait. Coup d’œil à gauche, à droite, pas âme qui vive, chic !
L’ascension fut pénible. Le soir tombait quand il parvint au sommet voulu.


Bérith, j’arrive !

Il avança vers le bord…  
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Carlianna

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyLun 9 Sep - 11:23

Je suivrai votre conseil à la lettre… 
 
*Quoi donc ? Ne plus se faire des idées pareilles ou sauter quand je ne serai plus dans le coin ?*
 
Malgré son optimisme naturel, Charley eut la triste conviction que la deuxième option serait la bonne. Et pour une raison qui lui échappait, cela fit mal. Elle ne connaissait ce monsieur ni d’Eve ni d’Adam, quelle raison avait-elle de se faire du souci pour lui ?
 

Écoutez, j’ignore la teneur de vos problèmes mais à en juger par votre tête, ils ne sont pas des moindres. Excusez-moi de jouer les entremetteuses, c’est plus fort que moi. Quoiqu’il en soit, il y a toujours une solution…Que diriez-vous d’en parler ?...J’ai une fameuse bouteille de vieux malt chez moi…me décide jamais à l’entamer, seule, ça ne me dit rien…vous venez ?

Qu’il accepte comme si rien, aurait tenu du rêve, assurant qu’il serait une triste compagnie l’inconnu voulut se défiler. Elle insista, se présenta en souriant de toutes ses dents. Rien n’y fit.

Inutile que je me présente pour que cela servirait…
 
Ma foi, si vous pensez ça…libre à vous ! Je sais que la vie n’est pas facile, surtout dans ce fichu coin perdu Dieu sait où. On a tous notre petite histoire, simple ou compliquée qui n’intéresse pas grand-chose mais qui est la nôtre, qu’on veuille ou pas. Pas de souci, vais pas vous raconter la mienne et vous n’avez pas à me raconter la vôtre mais rester là, à broyer du noir et avoir des idées…euh, fracassantes…, soupir, j’ignore la raison de notre présence ici…vous savez quelque chose, vous ? On peut y penser plus tard…en tout cas, si on est là, il doit avoir bien une explication…mais tant qu’à faire, affrontons les faits, serrons les coudes et…
 
Arrêtez !
 
Oh là, quel ours sans manières vous faites…Essayez de vous détendre un brin…
 
Son discours, voulu sensé et plein de commisération fut coupé net par un regard agacé capable de faire détaler moins déterminé qu’elle.
 

FOUTEZ-MOI LA PAIX ! Je ne veux rien d’autre que la paix !
 
Elle resta là, bouche-bée, incapable de trouver un autre argument valable, le temps d’y penser, Monsieur avait déguerpi sans demander son reste la laissant décontenancée, déconfite et étrangement triste.
 
*Franchement, quel têtu, ce bonhomme…ma main à couper qu’il va essayer de nouveau !*
 

Il avait dû filer entre les arbres mais ne pouvait pas être bien loin, à moins de pouvoir se téléporter à volonté. Cette idée la fit rigoler en douce. Celui-là était bien le seul petit pouvoir qu’ILS lui avaient laissé. Pouvoir qui lui avait été de grande utilité jadis mais qui là, ne lui avait pas servi à grande chose, tenant compte qu’il n’y avait pas où aller.
 

Elle ramassa son attirail de pêche et rentra chez elle en traînant les pieds. Encore une journée de mortel ennui ! La rencontre avec l’homme aux idées suicidaires lui avait laissé un goût d’amertume et même si elle essaya de se distraire, la sensation de profond chagrin revenait, inlassablement.
 
*Tu es bête, Charley…tu n’as rien à cirer avec les problèmes des autres…plus maintenant !*

 
Mais quand on a été Ange Gardien, il est des habitudes qu’on ne perd pas facilement. Certes Monsieur Grognon avait largement dépassé l’âge moyen de ses protégés de jadis mais son air affreusement malheureux avait chamboulé Charley.
Question de penser à autre chose, changeant un peu ses habitudes, elle se rendit au village, fit ses dévotions à la Pierre et glana, mine de rien, quelques informations sur l’actualité locale. Révolution, changements et puis la conversation entre ces deux femmes.
 
Le toubib jure n’avoir jamais  vu rien de semblable…le pauvre type était mourant et puis hop…le voilà tiré d’affaire, comme si rien…
 
*Les miracles, ça te dirait, cloche !*
 
Elle allait passer de large quand la femme se lança dans la description du « miraculé ». Charley resta là, tout ouïes.  Cela correspondait pile poil à sa rencontre du matin et ce qui était encore mieux, elle cueillit au passage un nom…pas n’importe lequel.
 
*Manakiel ?...Pas ce Manakiel  là, tout de même…*
 
Parce qu’en tant qu’Ange Gardien, elle avait eu connaissance de certaines choses.  Les noms de Manakiel et Berith ne lui étaient pas inconnus. On les appelait aussi « Frères ennemis ». Deux Élus de haut rang, responsables d’un autre monde que la Planète-Jardin. Selon ce qu’elle savait les Élus tout comme les Anges, pouvaient être déchus, il suffisait d’une faute innommable.  Personne n’échappait à la Justice des Anciens.
 
*Et si c’était le cas ?...Le pauvre aurait bien de raisons pour  vouloir en finir…sauf qu’on sait bien ce qui se passe…On peut pas ! Mais il va essayer…et pour ça, il va chercher…*
 

Suivant sa petite idée, elle se prépara en conséquence et partit. Le vent soufflait avec force, là au sommet de la grande falaise surplombant la mer. Charley frissonna.
 

*De là…il pensera ne pas rater son coup, le pauvre !*
 
Pas trace de Monsieur. Pas encore. Elle aménagea sa cachette et surveilla les environs. Il prit son temps.  Le soir tombait quand il déboula sur la plateforme, un peu à bout de souffle et jetant des regards circonspects aux alentours.
 
Berith, j’arrive !, dit-il tout haut en se dirigeant vers le bord.
 
*Eh bien voilà…c’est lui !*
 
En un clin d’œil, elle fut derrière lui.

 
Arrête, Manakiel…ce n’est pas la solution ! Tu le sais, je le sais…donc…faut chercher une autre sortie !
 
Il se retourna, sans faire aucun effort pour dissimuler sa colère mais elle ne cilla pas, ne bougea pas, se contentant de le regarder paisiblement avant de dire :
 

Sorry de t’embêter comme ça…pas fait exprès mais j’ai entendu par-là ton nom…et je sais une paire de trucs…alors à moins de vouloir donner tout le temps du boulot aux gens de l’hosto, inutile de sauter…au lieu de ça, faisons un petit feu…j’ai un panier plein de bonnes choses et tu as l’air claqué et affamé…
 

Sa réplique, comme on pouvait s’y attendre,  fut presque virulente. Qu’il la traite d’enquiquineuse hors ’pair ne la dérangea pas.
 

On se refait pas, tu sais…avant j’étais un des anges de la Planète-Jardin…ça colle à la peau, l’envie de faire bien les choses…Ouais, une longue et triste histoire…On peut parler en mangeant…
 
Et pour si jamais, elle accrocha son bras…
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Manakiel Emmanuel

Manakiel Emmanuel


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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyMer 25 Sep - 11:18

Il avait vécu longtemps, trop peut-être ? N’était-ce pas le moment de mettre un terme à cette existence ? Il avait échoué dans une vaine rébellion contre des autorités bien supérieures qui – il faut bien l’avouer – leur avait fichu à Jeff et lui, une liberté d’action incommensurable. Sans doute qu’à trop fréquenter les humains Manakiel s’était amolli, avait négligé des trucs, favorisé d’autres. Le prix de ses erreurs était à la mesure de ses fautes. Pourquoi lutter, pour qui ? ON lui avait tout soustrait sauf, apparemment, son immortalité. Qu’en avait-il à cirer ? Il aurait pu vivre « normalement », en simple humain mais fallait pas pousser le bouchon. Il voulait bien les aider mais de là à vivre comme eux, à subir leur sort : NON !!
Etait-il assez haut pour une chute mortelle ? Il n’en savait rien, seulement que c’était le plus haut point culminant du voisinage.

*Eh m****e !*

Miss casse-couille était au rendez-vous non fixé.

Arrête, Manakiel…ce n’est pas la solution ! Tu le sais, je le sais…donc…faut chercher une autre sortie !

Interloqué, il interrompit son action et se tourna vers elle :

CE QUE JE FAIS NE REGARDE QUE MOI ! Et puis comment tu sais mon nom ? Mêle-toi de tes oignons et laisse-moi.

Sorry de t’embêter comme ça…pas fait exprès mais j’ai entendu par-là ton nom…et je sais une paire de trucs…alors à moins de vouloir donner tout le temps du boulot aux gens de l’hosto, inutile de sauter…au lieu de ça, faisons un petit feu…j’ai un panier plein de bonnes choses et tu as l’air claqué et affamé…

Non mais lâche-moi les basques ! Tu ignores d’où je viens, ce que j’ai subi. FOUS-LE CAMP !!

Têtue, elle demeura :

On se refait pas, tu sais…avant j’étais un des anges de la Planète-Jardin…ça colle à la peau, l’envie de faire bien les choses…Ouais, une longue et triste histoire…On peut parler en mangeant…

Là, elle marqua un point. Il fut stupéfait :

Un… Un ange ?

Apparemment oui mais elle ne voulut rien ajouter avant de festoyer.
S’il manquait une preuve à Emmanuel, il l’eut quasi de suite car, à peine son bras accroché, elle les transporta ailleurs en un clin d’œil.

Bord de mer, parasol, elle semblait s’amuser de son désarroi tout en allumant un petit bûcher au-dessus duquel elle suspendit une casserole.
Que faire d’autre que de s’’asseoir sur les nattes de paille et attendre ?
La tête contre les genoux pliés, Manakiel n’avait toujours pas le moral. Elle lui fourra un verre en main. Il l’avala machinalement et faillit s’étrangler :

Wow, toussa-t-il, vachement costaud ce truc ! Ça faisait longtemps que j’avais pas bu d’alcool, merci ! Alors comme ça tu es un ange ? Et tu faisais quoi, avant ?...

Elle se raconta un peu, expliquant sa déchéance due au transfert interdit d’un gosse dont elle avait la garde.

Qu’avait-il de particulier ? gronda-t-il malgré lui.

Ancien élu, il en gardait les réflexes et ne tolérait pas la désobéissance des anges.

Comme piquée d’une guêpe la Miss réagit, lui bassinant à fond les oreilles, s’insurgeant contre certaines méthodes de types dans son genre, etc.

…Eh, oh ! J’y suis pour rien moi ! Je suis aussi victime que vous du système imposé !

Mine de rien, elle voulait savoir comment il en était réduit à… ça.

Bérith et moi on a merdé, c’est aussi simple que ça. Je pense qu’il a été reformaté chez les Historiques… oui, c’est pour ça que j’essayais… Sans doute vain, oui mais sans lui je suis… perdu.
Il est ma moitié depuis… l’aube de cette humanité. Je me suis pris d’affection pour ces hommes et, ^par jeu, contre l’ennui, Jeff créait des situations impossibles que je m’efforçais de résoudre… Oui, bien sûr que j’aime mon frère. Il avait changé, évolué. Depuis le temps que j’attendais ça… Une femme : Lucrèce. Belle enfoirée celle-là ! … Aucune idée de ce qu’ILS en ont fait, non.


Le repas était chaud à présent. Elle se leva et servit deux assiettes bien pleines.
Dès la première bouchée, l’appétit d’Emmanuel revint avec force. Il engouffra son plat en un clin d’œil. Dès la dernière miette enfournée, une seconde platée suivit. Elle subit le même sort, sans une parole. À la moitié de la quatrième, il se mit à rire :

Excusez-moi ! C’est tellement bon et je… Ouais, c’est ça.

Elle compatissait sur sa famine obligée depuis quasi deux ans. Fallu avouer ses conditions d’existence :

Les Pierres ne fonctionnent pas pour moi. Sans la générosité locale contre de menus services ou conseils, sais pas comment j’aurais survécu. Puis il y a eu Müller, ce démon… Oui, enfermé à piocher durant des mois, c’est pas si grave... m’aider ? C’est gentil mais vois pas en quoi vous pourriez…

Ah ? Elle désirait qu’il s’essaye à régénérer ses pouvoirs. Elle rêvait.

C’est inutile, je vous assure.

Bon Dieu quelle tête de mule !
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Carlianna

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyMer 25 Sep - 23:33

Yeah ! Ça marchait ! Soit les moyens employés étaient déterminants. On n’avoue pas tous les jours être un ange mais compte tenu de la situation, fallait jouer avec. Au moins, elle avait réussi à retenir son attention.  Et avant qu’il n’ait quelque idée contraire, elle l’avait emmené de là.
 
Pique-nique en bord de mer. Rien de trop original, mais on n’allait pas pinailler au détail. Habile, Charley bâtit un petit feu et mit à réchauffer le ragoût, dont il ne tarda pas à émaner des effluves savoureux. Pas de réaction du côté de son « invité ». Le pauvre avait le moral à plat. Sans rien dire, elle servit un verre du fameux pur malt si bien vanté sur la falaise et le lui présenta.  Il faillit s’étrangler avec.
 
Wow, vachement costaud ce truc ! Ça faisait longtemps que j’avais pas bu d’alcool, merci !
 
*M’en doute , mon pauvre déchu !*
 
Mais elle se contenta de son meilleur sourire.
 
 Alors comme ça tu es un ange ? Et tu faisais quoi, avant ?...
 
Soupir. Elle s’assit face à lui, sur la natte. Le ragoût chauffait doucement.
 
Nuance, j’étais un ange…ILS m’ont virée, genre employée inutile et insubordonnée... mais enfin ! Avant, quand j’étais vraiment vivante, j’étais ce qu’on peut appeler  « femme au foyer-épouse docile-bonne mère »…quoique là aussi ça a foiré…suis pas docile…là aussi on m’a virée…Fameux curriculum !, rigola t’elle en soupirant de nouveau, puis reprit, plus sérieuse, j’aimais mes enfants, beaucoup, énormément…je pense que c’est pour compenser un peu qu’ILS m’ont destinée à la Planète-Jardin. J’étais si heureuse…et puis il y a eu Nick. Il était si mignon, ce petit…mais c’était un cas spécial…Il n’était pas là comme les autres et ce qui allait se passer avec lui m’a révoltée et alors…j’ai l’ai transféré sans autorisation…Tu t’imagines la suite !

Il devait bien la connaître, la suite. N’avait-il pas été un Élu ? Zut, elle aurait pu y penser. Trop tard, le voilà qui grondait :
 
 Qu’avait-il de particulier ?
 
Si tu vas m’engueuler, suis pas partante…t’as pas remarqué qu’on est dans la même galère ? Mais non, ça colle à la peau, les vieilles habitudes, c’est ça, hein ? Toujours à commander, à se croire infaillible, tu vois bien où ça t’a mené ! M’enfin…pour revenir au petit…sais pas ce qu’ILS ont fait avec. Ce qui lui arrivait était une punition pour ses parents…ils avaient fauté et Nick était…un Interdit, tu vois le genre ?

Son idée ou le cher homme avait tiqué.
 
En tout cas, c’est la faute de types comme toi !
 
Eh, oh ! J’y suis pour rien moi ! Je suis aussi victime que vous du système imposé !
 
Ouais, sans doute ! Mais je me disais que tu as dû vraiment faire quelque chose de très gros pour en être là…comme ça !

Ce serait une prenante mise à jour. Charley servit une nouvelle tournée et écouta.

Bérith et moi on a merdé, c’est aussi simple que ça. Je pense qu’il a été reformaté chez les Historiques…
 
Ah ! L’autre monde…C’est pour ça que…?
 
Pauvre homme ! Il avait voulu mourir pour tenter de rejoindre son frère, avouant se sentir perdu sans lui, même, et ça elle le savait très bien, ils passaient leur temps à se disputer.

Tu l’aimes vraiment, ton frangin…
 
Oui, bien sûr que j’aime mon frère. Il avait changé, évolué. Depuis le temps que j’attendais ça…
 
Peux m’en douter…mais il a pas changé tout seul, je parie.
 
Une femme : Lucrèce. Belle enfoirée celle-là ! …
 
Hum ! Je vois…reste à supposer que c’était pas permis et que…, soupir dépité, et elle…qu’est elle devenue ?
 
Aucune idée de ce qu’ILS en ont fait, non.
 
C’est révoltant !, grommela t’elle en se relevant pour aller servir, on n’est que leurs pions…
 
Il avait faim. Vraiment faim ! Il en était à sa quatrième assiette quand son rire éclata.
 
Excusez-moi ! C’est tellement bon et je…
 
Tu mourais de faim !
 
Il reconnut que oui avant de donner, un peu à contre cœur, des explications sur les conditions de vie qui lui étaient imposées.
 
Mais c’est minable…pas de Pierre ! Vivre de la charité d’autrui…rabaissant pour un Élu…sont vaches, CEUX-LÀ !...et en plus, esclave à la mine…dis donc, ils doivent drôlement t’en vouloir…mais, où veulent-ils en venir ?
 
Il n’en savait rien.
 
Tant pis, on verra bien…en tout cas, je veux t’aider…
 
M’aider ? C’est gentil mais vois pas en quoi vous pourriez…
 
Oh, je peux faire plein de choses…ILS  m’ont quand même laissé des tout petits privilèges…La Pierre est très généreuse avec moi, je ne manque de rien…et puis, tu sais…tes pouvoirs, ils n’ont pas été éliminés, ma main à couper…disons qu’endormis ! Mais ils sont là…quelque part, faut simplement les retrouver…
 
Il n’y croyait pas. On pouvait le comprendre, après tant de misères, difficile garder l’espoir, ne disons rien de l’optimiste. Mais de ça, Charley avait à en revendre !

C’est inutile, je vous assure.
 
Meuh non, voyons…finis donc le ragoût !...Je parie que tu n’as même pas où loger !
 
En fait, il avait dégoté une grotte.
 
Une grotte ? Comme quoi, tu vas vivre comme un ours…remarque, tu es si grognon que ça s’y prête…mais non, je rigole…et dans ce trou…il n’y a rien…Pas de souci…On y va, je regarde et m’arrange…vais pas te dire que ce sera le Ritz…mais on peut toujours essayer !

Il n’était pas spécialement emballé, mais elle ne voulut rien entendre. Une fois le repas fini, nouvelle téléportation qui aboutit  sur le flanc d’une falaise. Aérée et spacieuse, avec une vue époustouflante sur la mer, la sommaire habitation de l’Élu avait, selon Charley, du potentiel. Elle fureta dans le coin, en faisant des commentaires.
 
Pour commencer, pas si mal que ça…tu as même une salle d’eau. Très accommodant, pas tout le monde n’a une cascade pour douche. C’est plutôt chiche comme ameublement …On va lui donner du boulot à la Pierre !...Il y en a une pas trop loin, comme quoi…même pas besoin d’aller au village…

S’il essaya de donner son avis ou de l’envoyer paître, Charley joua le numéro de l’indifférence. Elle avait une bonne cause pour l’occuper et ne comptait pas s’en priver. Imbue d’un regain d’énergie et créativité, elle alla présenter sa liste, longue liste, de requêtes à la Pierre du coin. Tas de cailloux assez délabré en comparaison à la pimpante Pierre du village mais qui sut se montrer d’une largesse sans pareil.
 
*Tout doit avoir sa raison d’être !*
 
Il faisait nuit quand l’aménagement préliminaire fut fini.  Charley était très fière de son œuvre. Manakiel  demeurait  assez sceptique, sans doute, un peu déconcerté de voir ce tourbillon humain envahir sa vie d’ascète contemplatif.

Voilà, je pense que ça ira, pour le moment !, assura t’elle en tapotant doucement l’oreiller avant de le poser dans le lit tendu de draps frais, c’est plus décent…si tu ne sais pas te donner de la contenance, ILS auront gagné…et c’est pas l’idée de LEUR faire plaisir…Bon, je te laisse en paix !

Cette possibilité sembla le réjouir.
 
Mais je reviendrai…Ange un jour, ange toujours…j’ai besoin de m’occuper de quelqu’un et tu es le candidat idéal…Non, ne grogne pas…C’est pas si méchant que ça, quand même…qu’on prenne soin de toi…tu vas voir, ça finira par te plaire…enfin, j’espère…
 
Charley patienta, en se rongeant les ongles, trois jours avant de rendre visite à son protégé. Elle avait un peu peur de ce qui serait advenu de Manakiel. Peut-être avait-il fui ? Ou essayé de nouveau de sauter dans le vide ? Ou il broierait du noir, sinistre, dans un coin, se laissant mourir de faim ?

Mais non…Il avait l’air presque content, s’était rasé et vêtu avec ce que la Pierre avait fourni.

Wow…bravo, t’en as de l’allure…Quoi ? Un invité ?...Ne me dis pas que…
 
Non, ce n’était pas Berith…pas du tout !
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Alpha 247

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyMer 25 Sep - 23:42

Mort de nouveau. Impossible autrement. Il avait été si près du but. Il aurait pu la revoir…lui dire…À quoi bon y penser ! Il resta là, sans bouger, en sentant cette vie dont il ne voulait pas prendre possession de son corps recomposé.

Alpha était là, à faire un bilan sommaire de sa misère quand, de manière inattendue, il eut conscience d’une approche imminente et risquant un coup d’œil discret  vit une voiturette électrique s’arrêter non loin de lui.

*Où suis-je tombé, cette fois ?*
 
Il y avait deux personnes à bord. Un homme et une femme, le premier ne semblait pas trop surpris de le trouver là.
 
C’est la façon dont les « autres » viennent nous visiter. Couvre-le, on l’embarque !... Oui, il est blanc.
 
La femme s’approcha et lui jeta une couverture dessus. Elle parla d’une voix douce, rassurante, voulant bien entendu  connaître son identité et provenance.
 
Alpha 247…, dit-il, machinalement, je…quel est cet endroit ?
 
Elle parla d’un village proche, affirmant que tout allait bien et l’aidant à se redresser, même s’il n’en avait aucun besoin.

Bonjour et… bienvenue. Je suis le mari de Lindsay. On va vous mettre à l’abri et, désolé, au secret…

Au secret, au cachot, ça lui était égal. Il en avait marre de tout. Il était perdu. Jamais il ne retrouverait Isabel dans ce monde…parce que c’était  de cela qu’il s’agissait, en toute évidence…

Vous avez été victime d’une chute fatale en pensant rejoindre votre Isabel, c’est ça ?
 
*Hein ?*
 
Bouclez-la si ça vous chante, j’entends tout !...
 
*Pire que Louis, celui-là…*
 
Louis ? Vous connaissez Louis ? Où est-il ?...
 
*Un télépathe ?*
 
Non, suis pas télépathe ou oui, sais pas, c’est nouveau pour moi. Lind et moi avons bien connu Louis, Achille et leurs épouses Hélène et Sissi. Richard et Amelia aussi. Lind, oblique vers la falaise. On va le planquer dans les grottes…
 
Il resta en silence, pourquoi parler si le mec pouvait lire ses pensées. Autant pas se fouler. Le mari de Lindsay décida de le laisser en paix et s’occupa à parler à sa femme. Alpha les ignora et regarda le paysage. Les lieux étaient absurdement différents de ceux quittés si brutalement. Tropiques verdoyants, végétation exubérante et cette senteur saline…
 
*La mer ?*
 
Elle apparut, soudain, au détour du chemin. Calme, scintillante de soleil. Tout en conduisant, la jeune femme lui expliqua rapidement la situation régnant au village où tous craignaient une invasion ou quelque chose de semblable. Son arrivée inexplicable ne serait pas bien accueillie, pour le moment. Elle conduisit adroitement la voiturette par ce chemin caillouteux jusqu’à aboutir à un petit plateau herbeux où se dressait une Pierre. Le mari reprenant la parole, l’informa que plusieurs grottes s’ouvraient sur le flanc de la falaise, qu’il n’avait qu’à s’y installer et attendre qu’ils reviennent le chercher. Lindsay, moins expéditive, alla prier la Pierre et il la suivit pour faire de même.  Peu après, décemment vêtu, l’Ayerling reçut  un cadeau de bienvenue des mains de la jeune femme, dont le sourire avait été un baume pour son esprit  déboussolé.
 
Je saurai me débrouiller, consentit-il  finalement à dire.
 
Ils lui souhaitèrent bonne chance et s’en allèrent sans plus. Il prit son temps pour contempler les alentours puis se mit en quête d’un refuge. Il ne fut pas long à trouver.  Son installation ne prendrait pas bien longtemps. En déballant le colis remis par Lindsay, il découvrit quelques conserves, des allumettes, une couverture et deux bouteilles d’eau. Ajouté à ce que la Pierre lui avait fourni, Alpha aurait pu s’estimer presque heureux mais au lieu de cela, un profond accablement l’investissait. Il but l’eau et s’allongea près du feu, dans l’espoir de s’endormir.

Il était revenu dans un monde apparemment plus civilisé que celui qu’il venait de quitter mais ça ne le consolait pas pour autant. Il avait perdu Isabel, ses amis et Jack.  Son loup était mort avec lui, écrasé par l’avalanche de pierres. Que devenaient les animaux qui mouraient  autrement que pour être consommés par un chasseur ? Il ne le saurait sans doute jamais, et cette pensée le déprima encore plus, si possible.

Le lendemain et le jour d’après, l’Ayerling était toujours aussi abattu. Il resta des heures à contempler la mer, perdu dans des pensées décourageantes.  Il n’avait rien à faire ni envie, non plus. À quoi bon ?...S’il avait faim, les conserves feraient l’affaire mais l’appétit n’était pas au rendez-vous. La solitude ne l’avait jamais gêné auparavant mais là, lui pesait affreusement. Isabel lui manquait, Jack aussi. Sans le babil de Louis, la conversation d’Amelia, les sentences prudentes de Tsang, le silence devenait presque odieux. Le cri lancinant des mouettes lui donnait envie de hurler pour réclamer une voix humaine. Lindsay et son mari n’étaient pas revenus, sans doute trop contents de s’être si gentiment défait de lui. Seul le son apaisant de la mer parvenait à calmer un peu son esprit en déroute mais pas assez comme pour empêcher des idées sournoises d’y germer, de plus en plus puissantes.
 
*Si tu meurs de nouveau…peut être que…Je me fous des préceptes de la Fédération, je me fous du Dieu d’Isabel…si je meurs de nouveau…*

Il était si près du bord, contemplant le vide avec une fascination morbide. L’idée fatale tournant en boucle dans sa tête. Ce serait rapide et définitif. Il suffisait de faire un pas de plus et…une poigne solide le retint, le tirant en arrière au temps qu’un sermon furieux s’entamait.

Surpris et très fâché d’être contrarié dans ses desseins, Alpha s’apprêta à riposter vertement mais se tut en découvrant son sauveteur.  On pouvait difficilement mettre un âge à ce visage si expressif mais tenant compte des cheveux poivre sel, il lui prêta une cinquantaine d’années, peut-être moins, peut-être plus.  Il parlait vite mais articulait parfaitement même si la fureur faisait trembler sa voix et pour mieux faire, il agitait son index menaçant sous  le nez de l’Ayerling, se fichant comme d’une guigne que celui-ci le dépassât en taille et carrure.

Vous avez fini ?
 
Mauvaise question. L’inconnu gronda et sans se démonter, le saisit de l’oreille pour l’entraîner loin de la tentation. De sa vie, Alpha n’avait subi pareil traitement, même lors de son instruction à l’Académie. Là, on les battait carrément.  Pour une raison qui lui échappait totalement, sa colère tomba en point mort et une folle envie de rire le prit.
 
C’est bon, j’ai pigé…vous allez m’arracher l’oreille…Pourquoi ?...Bah, c’est une longue histoire…Ah ! Vous avez le temps…ben oui, moi aussi…
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Manakiel Emmanuel

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyVen 4 Oct - 10:02

Il lui devait beaucoup ! Elle lui avait apporté un certain confort depuis longtemps méconnu. Si, au moins, elle pouvait lui lâcher les basques ! Franchement… un ange qui avait conservé quelques pouvoirs alors que lui n’avait plus rien que ses yeux pour pleurer ? Le Suprême n’y allait pas avec le dos de la cuillère !  
Charlotte qui préférait qu’on la nomme Charley se montra plus que dévouée. Nourri, logé et blanchi, dans tous les sens des termes, Emmanuel aurait été le denier des idiots à se plaindre de tant de dévouement. Sans trop le démontrer – il l’espérait – Manu avait tiqué à l’évocation d’un certain Nick dont elle avait dû s’occuper et auquel elle s’était attachée au point de dévier tous les protocoles en vigueur pour éviter… l’irréparable.
Quand enfin elle le quitta, Emmanuel se prit la tête à deux mains, s’interrogeant furieusement afin de déterminer les différentes possibilités qu’ils jugeaient toutes aussi biscornues les unes que les autres. Impossible de dormir ! Il s’était laissé dorloter comme un gosse mais était loin d’en être un ! Il devait avoir quoi… ? Dix millions d’années ? Il avait voulu cette petite planète aux mondes différents pour que ses humains chéris puissent y trouver la paix. Bérith s’en était évidemment mêlé et c’était devenu très vite assez infernal pour ses protégés. Certains s’étaient avérés, comme Manakiel l’avait supposé, très débrouillards et, de par leurs efforts, avaient frôlé la vérité. Les contrôleurs réglèrent ce problème mais, apparemment, le système restait en place. Qui dirigeait maintenant ? Vu sa position, impossible de le savoir sauf s’il pouvait…

Après une nuit d’insomnie, il alla de nouveau errer près des falaises. Charley serait furieuse si elle l’y voyait mais bah… Aucun souci, il ne sauterait pas, pas encore… Ça faisait mal quand même d’être rompu de partout et de se reconstituer plus vite qu’un mortel !

*Même une balle dans la tête ne saurait m’éliminer ! *

Alors à quoi bon ?

Il observa un moment le vol des mouettes, passa se doucher à la cascade, puis rentra « chez lui ».

Ouf, l’ange maintenait la distance. Le lendemain, il répéta exactement un scénario similaire. Il approchait de la falaise quand il y vit un grand type blond juste au bord. À la tête tirée, ce gars voulait en finir. Il s’approcha doucement mais l’écarta assez sèchement :

Vous voulez en finir ? Vous ignorez où vous allez tomber et, soyez en sûr, là vous vous irez pourra être pire qu’ici !

Mon Dieu, ces yeux…

Manakiel pâlit. Le gars ne s’en rendit pas compte mais riposta :

Vous avez fini ?      

Se reprenant, l’ex-élu retrouva sa détermination :

Absolument pas ! J’ignore ce qui vous pousse à agir ainsi mais ce n’est PAS la solution ! ON NE DÉSOBÉIT PAS, POINT BARRE !

Ce type le dépassait d’une tête mais cela ne gêna pas Manakiel pour lui saisir l’oreille et l’obliger à quitter ce bord malsain.
Un peu plus loin, le grand type se rebiffa enfin :

C’est bon, j’ai pigé…vous allez m’arracher l’oreille…

Pas du tout ! Je voulais vérifier… quelque chose ! Dis-moi ce qui te poussait à vouloir commettre  cette connerie !

Pourquoi ?...Bah, c’est une longue histoire…

J’ai plus que ça, du temps !

L’autre aussi. Manakiel jugea le moment favorable pour réclamer de discuter dans de meilleures conditions. L’autre ne fit aucune objection.
À peine dans la grotte de Manu, ce dernier obligea son « invité » à avaler un godet du tord-boyaux fourni par l’ange.

Je t’écoute…

Une longue et très étrange histoire se révéla. À aucun moment, Manakiel ne tiqua. Il but modérément, suivant le parcours chaotique de cet Alpha du futur avec un intérêt croissant.

… si, je te crois parfaitement ! Je suis, moi aussi, un ressuscité, ou plutôt un déplacé !  Écoute petit – quelle ironie face à un gars si grand – je sais des choses que tu n’imagines même pas !... oui, des réponses à tout ce cirque, rien de moins… Ne t’emballe pas, je ne sais pas tout, hélas ! Montre-moi ton habitat !... Tout de suite !  

Marrant de voir comme ce « gosse » réagissait à l’autorité… Navrant aussi…

Son installation était pire que celle qu’il avait connue avant l’intervention de Charley.

Vivre ainsi n’est pas digne ! On va à la Pierre. Inutile de te dire comment ça fonctionne, hein ?

Alpha pria et obtint ce que Manakiel lui souffla. Puis, sans crier gare se mit en pré attaque :

Tout doux, je n’ai aucune intention de te dérober quoi que ce soit !... oui, je suis conscient que tu peux me démolir mais tu n’y arriveras pas… Je suis Emmanuel Manakiel, un des élus immortels responsables de… tout !


Sa tête ! Pour un peu, il aurait bien explosé la sienne mais, ouf, se freina à temps.

Installe-toi plus confortablement avec tout ce bazar. Mange, lave-toi, tu pues ! On se voit demain, chez moi !


Trop dur ? Manakiel ne le pensait pas. Cet Ayerling savait reconnaître l’autorité et la suivre sans discuter.
Pour la première fois depuis qu’il avait atterri là, Manu se sentit redevenir lui-même.
Il la devina avant même qu’elle ne se soit présentée à la « porte » de sa grotte.

Entre, fais comme chez toi… nous attendons quelqu’un. Non, pas lui. Tu ferais mieux de t’asseoir.

Elle semblait très intriguée mais obtempéra, de même qu’elle accepta un drink pas piqué des verres.

Cela risque de te secouer. Si mes hypothèses… se justifient, tu comprendras dans deux minutes… Non, tu jugeras toi-même !

Il avait besoin de sa réaction à froid et ne fut pas déçu. Stupeur, puis saut au cou du « gamin ». Manakiel rentra un sourire extrêmement satisfait en les laissant se reconnaître.
Chose rare, Manu avait cuisiné. Voyant sa préparation, Charley le rabroua et s’activa aux fourneaux, mains tremblantes, comme prévu.

Quand les esprits se furent calmés, Manakiel leva son verre :

Je bois à ces retrouvailles ! Alpha, tu t’appelles Nick Walker. Tu n’es pas un bébé éprouvette mais le fils légitime de Jenny et Luke Walker…
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Carlianna

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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptyVen 4 Oct - 12:59

Trois jours pendant lesquels, Charley n’avait pas perdu le temps. Elle pensait sans cesse à son « protégé » et envisageait pas mal de choses à entreprendre pour le tirer de ce marasme d’auto-compassion où il semblait avoir sombré.

*On peut le comprendre, le pauvre…tout puissant et puis déchu…si bas !*
 
En attendant, pour tuer le temps et  tromper son  impatience, elle s’occupa à concocter des bons petits plats irrésistibles, des gâteaux, du pain et des conserves fait maison pour garnir le garde à manger de Manakiel.  Elle ajouta deux bouteilles de bon cognac et du vin. Enfin satisfaite, l’ange jugea le moment venu de rendre visite à Manakiel.

Il lui suffit de le regarder pour savoir que tout allait mieux. Il avait une allure pleine de prestance, l’œil malicieux, le sourire resplendissant.  Elle posa son gros panier.

Entre, fais comme chez toi…
 
Wow…bravo, t’en as de l’allure…
 
Nous attendons quelqu’un.
 
Quoi ? Un invité ?...Ne me dis pas que…

Trois jours auparavant, il songeait à sauter dans le vide et voilà que là, il avait même une vie sociale.

Ton…frère ?, se risqua t’elle à demander.
 
Non, pas lui. Tu ferais mieux de t’asseoir.
 
*Il en fait des mystères…mais ça fait du bien de le voir si…content !*
 
Il mena la gentillesse jusqu’à lui offrir un drink. Ça allait de mieux en mieux.
 
Dis-moi, à la fin… de quoi ou de qui s’agit-il ?
 
Cela risque de te secouer, confia t’il, enfin, si mes hypothèses… se justifient, tu comprendras dans deux minutes…
 
Avance moi quelque chose…dis moi…
 
Non, tu jugeras toi-même !
 
Elle ne tarda pas à la connaître, la raison de ces cachotteries amusées.  C’était une grande raison. Dans les 1.90. Tout blondeur et avec un regard d’un bleu étourdissant. Arrêt sur image. Charley sentit que le monde s’engouffrait dans un tourbillon de folie. Ces yeux !...Ce regard, limpide, confiant…

Mon Dieu ! Mon Dieu…Manakiel…dis moi…c’est…
 
Il sourit, tout simplement. Cela lui suffit.  Le gars qui se tenait à l’entrée sans trop savoir que faire fut sans doute très surpris quand elle lui sauta carrément au cou en riant et pleurant, en même temps.
 
Mon tout petit ! Mon Nick…Mon petit ange…Tu ne te souviens plus de moi, je sais…mais moi, je n’ai pas pu t’oublier…ça fait si longtemps…Mon petit garçon si longtemps perdu…

Le « petit garçon » ne savait pas où en donner de la tête. Elle devait lui faire l’effet d’un esprit dérangé en plein délire.

Je sais, mon chéri, tu penses que je suis folle…mais non, pas du tout…Seigneur, ce que tu as pu grandir, toi !...Laisse-moi te regarder…Tu es magnifique !...Un peu maigre mais on s’occupera de ça le moment venu…Viens, asseyons-nous !
 
Il crut bon lui assurer que son nom était Alpha 247 et non pas Nick, comme elle disait.
 
Je sais…peu importe le nom qu’ILS t’ont donné…après…Je sais parfaitement bien que tu es le petit Nick…J’étais ton ange gardien…je te connais aussi bien que ta mère.
 
Le pauvre avait l’air parfaitement chamboulé. Manakiel lui fourra un drink dans la main et lui ordonna de boire. Il obéit sans hésitation.
 
*Docile agneau ?...Non, il est pris de court, c’est tout !*
 
Raconte-moi…quel a été ton parcours, mon chéri !...Tu avais un peu plus de deux ans la dernière fois que je t’ai vu…
 
Mise à jour réglementaire, sans fioritures. Pas de version romancée. Charley écouta, de plus en plus épouvantée et…furieuse.
 
Mais de quel droit ces misérables t’ont fait ça !?...Te priver de tout…surtout de…ton humanité. Mais bien sûr que tu es humain…parfaitement humain, mon petit garçon… ILS t’ont menti, bourré la tête de Dieu seul sait quelles fariboles absurdes…Ah, de ton temps, ça marchait comme ça…Mais, mon chéri…le point est que…tu n’appartenais pas à ce temps là…ILS t’ont implanté là…et raconté cette fable affreuse…Tu étais un petit adorable…je me souviens comme si c’était hier…
 
Lui, n’en gardait pas le moindre souvenir. ILS avaient vraiment fait leur boulot à fond. De quoi d’autre étaient-ils capables ? La suite de son histoire mit en évidence qu’ILS n’avaient pas lambiné en chemin et menaient LEUR  jeu à tambour battant.  Le « petit » en était déjà à sa deuxième résurrection.
 
C’est affreux, mon pauvre…et tu ne l’as plus revue ?...Je suis désolée…mais maintenant, on est ici…et tôt ou tard, on arrangera les choses.
 
*Comment ?...Tu vas faire des miracles ou quoi ?*
 
En attendant, il y avait des choses plus urgentes. Un fumet douteux se dégageait du coin cuisine.
 
Ne me dis pas que tu as fait la cuisine, Manakiel ?
 
Il avait essayé. De nouveau en plein dans son élément, Charley  alla chercher son panier et déballa les victuailles.
 
On va se régaler, messieurs…un vrai banquet…ah, mon Dieu, que je suis heureuse !
 
Ses mains tremblaient. Son cœur battait la chamade et ses idées cavalaient en folie mais c’était de bonheur. Pour la première fois depuis un très long temps, Charley goûtait du bonheur dans sa plus pure essence.

Je bois à ces retrouvailles ! Alpha, tu t’appelles Nick Walker. Tu n’es pas un bébé éprouvette mais le fils légitime de Jenny et Luke Walker.
 
Charley, elle, pleura, ravie, sans pouvoir s’empêcher de serrer ses bras autour du « petit », non sans constater que le cher ange, était définitivement coincé, côté sentiments.
 
*On arrangera ça ! *
 
Après le somptueux repas, elle voulut savoir où logeait le retrouvé.  La découverte de sa retraite lui fit pousser des hauts cris et prendre illico l’affaire en main. Elle découvrit aussi qu’Alpha/Nick était d’une discipline parfaite, il suffisait de lui donner un ordre sur le ton adéquat, et il faisait ce qu’on attendait de lui sans protester.

Oui, je comprends qu’il ait été contraint d’obéir toute sa vie…mais là, il me fait presque l’effet d’un automate.
 
Selon Manakiel, le pauvre gars venait de passer par une expérience traumatique et se refugiait dans la seule condition qui lui convenait : obéir sans penser. Ça lui évitait de se ressasser dans sa misère personnelle.
 
Et…il était amoureux ?
 
Manakiel n’en savait pas trop mais d’après ce qu’il avait pu saisir, c’était aussi de cela qu’il s’agissait.
 
Pauvre petit !
 
L’ex Élu, rigolant en douce lui fit remarquer que son nouveau protégé, puisqu’il n’y avait aucun doute, que c’était de cela qu’il s’agissait,  n’avait plus rien d’un petit garçon démuni.
 
Oui…c’est vrai…mais il est quand même paumé et a besoin qu’on l’aime et prenne soin de lui !...Tu as fini, Nick ?...Wow…c’est nickel…tout propret, maintenant, je vais faire ton lit.

Poliment, l’Ayerling assura qu’il était capable de s’en tirer tout seul.

Il resta discret, pour ne pas dire hermétique sur le chapitre sentimental. Une brève allusion à sa femme n’avait donné plus de pistes. Charley tira en conclusion que le thème lui résultait douloureux et ne le toucha plus, il ne lui en laissa pas l’opportunité d’ailleurs, après avoir fait son lit, sans aide, Alpha s’excusa en disant qu’il était fatigué, s’allongea et s’endormit avec une rapidité déconcertante. Déconfite, elle rejoignit Manakiel qui admirait le firmament étoilé.

Il dort. Il s’est couché, s’est déconnecté et dort…je n’ai jamais vu quelqu’un s’endormir de la sorte…mais enfin…Oui, je sais ce que tu vas dire, je suis envahissante…c’est plus fort que moi, j’aime être aux petits soins avec ceux qui me sont chers…Je suis préoccupée par la situation au village….euh non, pas spécialement…le calme est revenu…en apparence du moins…Firth est le Maire et fait bien son boulot. Reardon, l’ex-marine s’y prend très bien avec la discipline…mais des rumeurs courent par là…après ce qui  est arrivé à Chesterfield…Une histoire d’indien…je n’ai rien compris…personne ne pige rien mais là…la sécurité est renforcée…comme s’ils craignaient une invasion ou quelque chose dans le genre…Tu ne saurais pas quelque chose, par hasard ?

Il haussa imperceptiblement les épaules et soupira. Il savait quelque chose.
 
Tu ne me diras pas quoi ?...Après tout, si j’ai bien compris…c’était de ton temps…de ta faute aussi, peut-être ? Raconte…on sait jamais…on pourrait aider, non ?
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Manakiel Emmanuel

Manakiel Emmanuel


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MessageSujet: Re: Grandeur et décadence   Grandeur et décadence EmptySam 5 Oct - 9:26

Il avait donc eu raison. Cela le rassura beaucoup, lui redonna une énergie qu’il croyait perdue à jamais. Voir Charley sauter au cou d’Alpha/Nick l’émut plus qu’il ne le démontra, vieille habitude.  

Mon tout petit ! Mon Nick…Mon petit ange…Tu ne te souviens plus de moi, je sais…mais moi, je n’ai pas pu t’oublier…ça fait si longtemps…Mon petit garçon si longtemps perdu…

Cet ange était déconcertant. Jamais Manakiel n’avait eu à s’intéresser aux sorts de ces élus de seconde zone. Sauf, bien sûr quand lui-même avait recruté Luke Walker. Il n’imaginait pas que ces êtres puissent éprouver tant de réels sentiments mais là… comment en douter ? Beaucoup plus perturbé qu’attendu, Manakiel ne participa que très peu au débat qui s’échangea dès les choses clarifiées, dites une fois pour toute.
Charley, non entièrement remise de ses émotions, trouva le ressort pour leur livrer un vrai festin.
Il apprécia beaucoup sans se jeter dessus comme la 1ère fois. Il gambergeait trop pour ça.  
Ensuite Charley voulu visiter l’antre de son « petit », ce qui lui fit pousser les mêmes haut-cris qu’avec le sien, avant son passage. Et, figurez-vous, le gamin s’appliqua sans moufter. L’ex-nounou lui demanda :

Et…il était amoureux ?

Je crois que c’est… complexe mais oui, il l’est encore et souffre de la séparation.

Le « petit » avait effectué un nettoyage complet, mais aussitôt au lit, à croire qu’on lui avait ôté un fusible. Il ne lui resta qu’à écouter un long discours – sa spécialité apparemment – de la part de d’une Charley tendrement énervée.  Quand il fut question du village et d’Indiens, il tiqua imperceptiblement mais elle ne le rata pas :

Tu ne me diras pas quoi ?...Après tout, si j’ai bien compris…c’était de ton temps…de ta faute aussi, peut-être ? Raconte…on sait jamais…on pourrait aider, non ?

Soupir intense…

Pas de la mienne, celle de Bérith. Il a favorisé des accès qui n’auraient pas dus être ouverts. Mais ça m’étonnerait que ceux en place actuellement fassent la même erreur… Avec Chesterfield et Lind ici, s’ils ont gardé des souvenirs, ça ira.

Soudain, un grognement frappa leurs oreilles. De sa vie, Manakiel n’avait croisé un loup en face mais celui qui apparut lui sembla démesuré.
Il allait les attaquer, crocs et poils hérissés le prouvaient.  Un réflexe, issu de Dieu sait où, obligea Manakiel à pousser Charley en arrière tandis que sa main figeait l’espace.
Le loup en pleine détente resta suspendu dans les airs. Stupeur. Incrédule, Manakiel regarda sa main et le loup puis songea à relever l’ange.

Pas de mal ? Je ne voulais que…

Elle rigolait, lui expliquant que, comme elle le supposait, certains dons demeuraient. Un qui rigola moins fut Alpha. À croire qu’il dormait et se réveillait en un clin d’œil celui-là !

… du calme, mon garçon… Ok, j’arrête de te considérer comme un gosse si tu arrêtes de te comporter comme tel ! J’aurais pu le tuer, tu piges ?... C’est ton pote, ok, ok, t’emballe surtout pas… oui, je vais le ranimer *J’espère*

Ouf, cela fonctionna dans l’autre sens et les déchus assistèrent à d’autres retrouvailles émouvantes.

*Si ce garçon est capable d’aimer un animal, que dire d’une femme ? *

Manakiel tira doucement l’ange par le bras :

Je me sens aussi responsable du gosse que toi. C’est trop injuste qu’il ait eu tout ça à subir. Tu me portes chance, on dirait. Ça te dit d’aller botter le cul à ceux qui nous ont fait ça ?... Oui, j’ai un moyen… pas sûr du tout mais…

Ni oui, ni non, elle voulait en parler à son « petit » qui avait été très léché par son loup.  

Mon garç… euh, pardon, Alpha, je crois avoir la possibilité de repasser du côté où se trouve ta femme… Les Pierres… Pas comme celle qui est là mais de celles qui forment un dolmen. Une fois dessous, si on y pense avec détermination, on peut sortir.

Celle qui trônait en plein cœur du village semblait la plus indiquée.

Attention que l’on va s’exposer. On doit s’équiper… Oui Charley, des armes, des provisions… Hein ?

Elle voulait qu’il prie, quel toupet ! Ce n’était pas parce qu’il avait récupéré un résidu d’ancien talent que…
La pierre lui accorda une boîte de sardines, de quoi bien rigoler. Mieux que rien mais quand même. Ils allaient devoir dévaliser l’armurerie de la mairie.  
Pendant que Charley priait avec ferveur la pierre de la falaise, lui, Alpha/Nick et Jack  - puisque c’était le nom du loup, se faufilèrent en douce au village. Croire que le jeune homme allait se laisser mener comme un toutou tenait du rêve. Il l’agressa sans crier gare mais Emmanuel était prêt :

… Tu es en droit de te poser une foule de questions, mais… Cesse de me broyer le cou et dis à ton loup de me lâcher le coude, s’il te plait !
 

Ouf ! Manakiel respira plus librement.

Les détails, on verra plus tard. Sache, en gros que j’étais une sorte d’être supérieur ici… Non, pas un dieu comme celui d’Isabel, disons un disciple… ( peu convainquant) … Oui, j’avais beaucoup de pouvoirs, plus que tu ne peux l’imaginer… écoute, je ne peux pas rivaliser avec toi question force. Si tu veux récupérer ton Isabel, on doit se procurer des armes !... Ben c’est évident, non ? De là où tu sors c’est pas la joie !

Emmanuel Manakiel n’était pas un manuel, il laissa le sale boulot à l’Ayerling qui endormit savamment les gardes.

*Pression de la carotide… à retenir !*

Deux sacs furent chargés puis ils filèrent. Pas très loin, juste là où Charley les attendait avec les provisions de bouche et autres.
Pas un chat dans le secteur.

Rappelez-vous, on se donne la main, et… Alpha, on compte sur toi !Pense très fort à l'endroit que tu veux atteindre  

Celle de Charley tremblait bien un peu. Tenir la patte d’un loup était étrange. Nul ne les intercepta quand ils s’évaporèrent sous la pierre…
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