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Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Les maîtres de la colline

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Achille, héros de Troie
Richard Francis Burton
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Richard Francis Burton

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MessageSujet: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyMar 12 Fév - 22:40

La douleur s’était effacée, enfin.
Pas gai de se sentir mourir. Car c’était bien ce qui lui était arrivé, non ?
Là, il battait à nouveau des paupières et contemplait…


*C’est quoi, ça ?* s’effara-t-il.

Toute sa vie, Sir Richard avait été hanté par le doute. Existait-il une vie après la mort ? L’Homme n’était-il qu’un pet divin ?
Ces milliers de corps dénudés qui flottaient dans une sorte de bulle identique à la sienne avaient de quoi secouer plus curieux que lui.
Il n’eut, hélas, pas beaucoup l’occasion de détailler quoique ce soit. Des lumières vives s’approchèrent rapidement et le réexpédièrent dans les limbes.

Son vrai réveil le trouva en Adam près d’un fleuve jamais entrevu malgré ses multiples expéditions à travers le monde connu.
N’étant pas du genre à paniquer, il se contenta d’observer.
La main qui palpa chaque pouce de sa chair lui prouva l’impensable. S’il n’avait plus ses belles moustaches, ses muscles n’étaient plus ceux d’un presque septuagénaire. Que du contraire, il pétait la forme.

*C’est ça le Paradis des chrétiens ?*

Il en douta immédiatement au vu des tableaux de violence inouïe auxquels il assista sans s’en mêler.

*Tire-toi vite fait !*

Comme beaucoup, il se réfugia dans des buissons où il se confectionna un pagne de fortune. Pas que la nudité le dérangeât, loin de là, mais avoir ses attributs exposés fragilise l’homme.
Que faire à part sa spécialité : explorer ?

De taillis en fourrés, il longea la rive du fleuve puissant qui mangeait un bon tiers du décor.


*Fleuve= eau= poissons= nourriture !*

La pêche n’était pas son sport favori mais tant qu’à faire…
Ce qu’il vit lui coupa l’appétit. Alors que beaucoup de ressuscités s’immergeaient, un grand remous se produisit dans les eaux. Nul corps ne reparut…


*Faut se méfier de ce fleuve…*

Comment manger ? Peut-être que les abords peu profonds étaient sécurisés ?
Il progressa très discrètement, observant tous les agissements des « autres ».


*By George ! Celui-là sait ce qu’il fait! *

Un gars athlétique s’était fabriqué, ou avait trouvé, une hampe pointue. Il possédait réflexes et assiduité. Un, deux, trois poissons en quelques minutes ? Ce gars était un champion !
Hélas, la convoitise semblait de mise en ce terrain inconnu. D’autres avaient vu et étaient décidés à s’approprier le fruit du travail du musclé.


*Un contre vingt… ! *

Richard se rua dans la mêlée. Il n’avait que ses poings et les pierres de la berge mais s’en tira fort bien.
Des corps s’enfumèrent sous ses yeux.


Je suis Richard Francis Burton, dit-il rapidement en ramassant la pêche de l’autre. On se taille ?
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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyMar 12 Fév - 22:46

Sans aucune distinction de rang et pouvoir, la Mort prenait son tribut. De prime abord, cela avait de quoi le surprendre. Après tout, tenu comme demi-dieu invincible, la plupart était convaincue de son immortalité. Soit, il avait souvent joué avec l’idée, ce qui ne rendait la fin que plus désagréable. C’en était fait de Troie…et de lui. Mais il avait assez fait pour perpétuer sa légende…le meilleur guerrier de tous les temps. Les Muses chanteraient ses louanges, les poètes immortaliseraient ses faits et lui…connaîtrait enfin la paix sur l’île Blanche et tout ce que cela entraînait…

En ouvrant les yeux, le grand homme eut juste l’impression d’avoir raté quelques cases. Ciel bleu, brise tiède, jusque là cela pouvait aller mais l’esclandre de fin de monde qui agitait les alentours n’avait rien à voir avec son idée d’une éternité de plaisant repos. Un comble, d’abord on le tuait, mettant en échec son immortalité et maintenant on sabordait son éternité avec cette pagaille. Redressé de toute sa taille, il domina la scène…et en resta perplexe…Des guerres, il en avait vues. Des mises à sac, aussi, c’est le lot du vainqueur. Mais pourquoi se battait-on là ? Et de quelle façon, en plus ? Des hommes armés de gourdins et vêtus sommairement, s’en prenaient à un groupe, hommes et femmes confondus aussi nus que possible et sans autre arme que leurs mains…On palabrait peu. Les règles du jeu semblaient simples : soumission ou mort. Rester sans parti pris lui ressemblant peu…il entra en lice, sans armes…

Le reste alla tout seul. La Gratitude est une arme de double tranchant. Il leur sauvait la vie et après ils le suivaient comme ses dévots serviteurs. Du coup, il se retrouva à la tête d’un groupe de paumés qui ne demandaient pas mieux que lui obéir en tout pourvu qu’il ait la magnanimité de leur apprendre à s’en sortir en ces lieux inhospitaliers. Ils ne valaient pas ses Myrmidons mais tant qu’à faire…

La pêche était bonne, ce matin là. Depuis le temps, il avait déniché ce coin calme où s’adonner à ce paisible loisir et à réfléchir à tout et n’importe quoi. À ce train là, ça promettait d’être long, l’éternité. Heureusement qu’il y avait toujours un peu de variété pour rompre la routine…Cette fois, il s’agissait d’un groupe assez nourri de pillards. Cela dépassait un peu la ration habituelle sauf que voilà que sortant de les dieux sauraient où, un grand gaillard vêtu d’un simple pagne, se ruait à la rescousse…

*En voilà un qui sait se battre !*

Finie la joute, les pillards encore vivants s’étaient soit enfuis, les morts, évaporés, comme d’habitude.

Je suis Richard Francis Burton, se présenta le nouvel arrivant en ramassant la pêche, on se taille ?

Cela ne presse pas…ils ne reviendront pas de sitôt. Je suis Achille, fils de Pelée.

Il jeta un regard ennuyé aux eaux. Les poissons avaient fui, eux aussi.

Tu es nouveau ici, n’est ce pas ? Je te remercie de ton aide. Sois le bienvenu…nous avons un campement, là haut, sur la colline. Site imprenable, nous pouvons observer les mouvements des autres et prévenir leurs attaques…Tu sais te battre, il n’y a pas beaucoup de guerriers parmi mes gens…une main forte est toujours bien accueillie…Gîte et repas contre ton savoir faire, cela te semble équitable ?
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Richard Francis Burton

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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptySam 16 Fév - 11:37

Bien des fois Richard avait frôlé la mort. Que ce soit sur les champs de bataille ou en expédition d’exploration, il ne s’attendait pas à crever dans son bureau en train d’écrire sagement un xième livre. Après les turpitudes de sa vie si active, il devait bien ce repos à son épouse quoique s’il achevât d’errer, il n’en demeura pas moins quelqu’un dont les idées dérangeaient.
Isabel, sa femme, ne partageait pas ses vues mais le respectait tellement qu’elle disait « amen » à tout et, sans doute, priait son Dieu de lui pardonner son impiété…
Était-ce une sorte de punition que de se retrouver bien vivant dans une contrée emplie de barbares ?
Rapidement, Burton en eut la quasi certitude car rien de ce qu’il entrevit dans sa brève balade ne le convainquit du contraire jusqu’à ce que, ne tenant plus devant l’inégalité d’un combat, il avait pris parti d’un bel athlète blond.
Il se présenta comme il se devait en l’invitant à détaler, mais la réponse de l’autre le scia :


Cela ne presse pas…ils ne reviendront pas de sitôt. Je suis Achille, fils de Pelée.

Richard marqua une pause dans ses actions. Des absurdités, il en avait déjà entendues ! Celle-là lui parut si énorme qu’il garda pour lui ses réflexions.
À un moment donné de son existence, il avait été diplomate. S’il lui restait quelque chose de cette époque, c’était le moment de l’utiliser. Il aurait pu éclater de rire, traiter l’athlète de menteur, etc. Néanmoins, il devait admettre que ce gars avait un « je-ne-sais-quoi » de pas banal. Autant laisser courir et voir de quoi il retournait au juste.
L’autre ne prit pas son silence de travers, il le remercia de son coup de main puis établit certains faits, très intéressants. Celui qui se faisait appeler Achille avoua ne pas être seul, comme s’il était le chef d’un clan ou d’une tribu, basée sur des hauteurs d’où ils pouvaient défendre la colline.

Tu sais te battre, il n’y a pas beaucoup de guerriers parmi mes gens… une main forte est toujours bien accueillie…Gîte et repas contre ton savoir faire, cela te semble équitable ?


Bien aimable, monseigneur.

Le « prince » ramassa sa tunique de cuir, javelot et un sac qu’il emplit des proies avant d’ouvrir la route vers les bois.
Peu de paroles s’échangèrent entre eux durant l’ascension d’un versant ardu. Nul ne s’interposa à leur progression puis, Achille sortit de son sac une sorte de coquillage dans lequel il souffla.


*Sans doute le signal de notre arrivée…*

Il ne se trompait pas. Dans les derniers mètres vers le sommet, Richard surprit quelques mouvements furtifs, probablement dus à des sentinelles.
Le plateau était assez étroit mais, comme l’avait dit Achille, il offrait une vue imprenable.
Sortant d’abris de branchages ou de toile, le comité d’accueil ne tarda pas à se pointer, manifestement soulagé par le retour de leur héros.
Cependant, la présence de Richard éveillait la méfiance. Direct, Achille mit les choses au point. Tous se détendirent et les présentations commencèrent :


Je suis Hopi, ancien aurige du grand Ramsès II

Moi, c’est Gontrand,
écuyer d’Arthur Pendragon !

*Je suis… dans un asile de fous !*


Jetant son sac à terre pour que les trois seules femmes s’occupent des poissons, Achille le prit par l’épaule en s’excusant de la familiarité de ses « gens ». Il l’entraîna vers un assemblage de pierres qui trônait au centre du plateau. Interdit, Richard écouta les conseils du Prince des Myrmidons :

*Prier des cailloux ? Ben voyons…*

Il vit et crut.

Enfin vêtu correctement, même si sa tenue dépareillait de beaucoup avec celle des autres, Richard s’assit avec les « guerriers » près d’un des feux du camp. La soupe était bonne, déjà ça.
Bien évidemment, on n’acheva pas de manger sans le bombarder de questions.
Prudent, il écouta d’abord chacun raconter des bribes de son histoire avant de les créditer. Il ne put trouver aucune faille dans ces discours. Il avala une rasade de la bière locale en se grattant la nuque :


… Vous n’allez peut-être pas me croire mais… de ce groupe, je pense être le plus « jeune »… je suis un citoyen britannique, mort en 1890.

Étaler ses péripéties d’antan ne le tentait pas. Il était taiseux de nature, ne se faisait jamais mousser. Par contre, sa curiosité voulait qu’il s’enquît de ce qui se tramait là !
Nul ne le savait au juste. Il fallait lutter pour survivre au risque de s’enfumer.


… Mais ces cailloux doivent bien venir de quelque part, ils ne sont pas là pour rien ? Pourquoi ils refusent des armes ?... Et vous comptez faire quoi ?

Pour le moment, ils ne désiraient que défendre leur pierre et avoir la paix. Il fut partant pour assumer sa part.
Sous la tente octroyée, malgré la compagnie ronflante de trois autres, Richard bâtit des plans.
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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptySam 16 Fév - 14:53

Bien aimable, monseigneur.

Il se remisa à lui jeter un regard de biais et sourire, laconique, en ramassant ses affaires sur la berge. Homme prudent, ce nouvel arrivant. Sans se savoir entre amis ou ennemis, il prenait parti pour la diplomatie. La déférence flatte et fait gagner du temps, au cas d’en avoir besoin. Lui, n’avait aucun besoin d’être flatté et se réjouissait, sans le dire, de l’arrivée d’un possible allié. Ils avancèrent en silence pendant un moment, jusqu’à arriver aux contreforts d’une pente prononcée.

On va là haut !, signala t’il, comme si cela expliquait tout.

L’autre sembla s’en conformer et ils entamèrent la montée. Les alentours ne pouvaient être qualifiés d’attrayants mais plutôt de sauvages et inhospitaliers. Une végétation triste et rabougrie ne parvenait pas à égayer la pente raide mais cela convenait à la perfection à la finalité trouvée à ce perchoir stratégique dominant la vallée. Toute présence humaine résultait facilement détectable entre les rares buissons.

Le sommet est plus accueillant !

Il annonça leur arrivée et la troupe ne tarda pas à se présenter, curieuse de le voir arriver avec un inconnu. Les sentinelles l’avaient détecté dès sa sortie du bois. La méfiance était leur jour le jour, rien ni personne faisant exception. Le nouvel arrivant fut jaugé de long en large, sans une once de bienveillance.

Richard vient d’arriver. Il a été de grand secours pour éloigner les pillards qui rôdent, de plus en plus nombreux. Il restera avec nous tant que tel sera son désir.

Des sourires soulagés apparurent, on oublia la méfiance et d’un instant à l’autre l’ambiance tourna presque à la fête. Les présentations se firent sur le tas. Hopi et Gontrand, prirent les devants, vraisemblablement ravis d’avoir une nouvelle recrue à qui faire raconter son histoire et lui faire entendre la leur.
Les trois femmes du campement restaient un peu en retrait, échangeant leur avis à voix basse. Achille posa son sac de poissons sans dire mot. Elles savaient que faire.

Faudra excuser leur curiosité, nous sommes assez isolés ici et ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de recevoir des visites. Viens avec moi, tu as sans doute hâte de reprendre une allure convenable.

La Pierre trônait au milieu du plateau. Il y conduisit son hôte.

Il suffit de prier en exprimant ton souhait. La Pierre y pourvoira. Inutile de lui demander des armes, elle les refuse obstinément.

Si l’idée de présenter ses dévotions à un tas de pierres le prenait de court, le nouveau dissimula sa surprise et s’acquitta à sa prière. Gontrand, l’écuyer s’occupa de lui, l’emmenant se rafraichir et passer les vêtements dévolus par leur singulière déité. Pendant ce temps, il regagna sa propre tente, élevée un peu à l’écart des autres, vu sa position de chef du clan.

Encore un, pensa t’il, encore un à être attrapé dans ce piège sans nom. Combien de temps durera cette charade absurde ?

Il s’y perdait presque au décompte des jours depuis son arrivée aussi perdu et confondu que pouvait l’être quiconque largué, sans préavis, dans un monde inexplicable et brutal comme celui là. La brutalité n’était pas pour le gêner, après tout sa vie n’ avait été qu’une longue succession de faits sanglants, plus brutaux, difficile. Et maintenant cette renaissance incompréhensible, ces gens, ce campement…cette espèce de mission qui lui tombait dessus sans le vouloir…

Le clan de la colline était un mélange bigarré de races, cultures, croyances et époques dont le seul trait d’union était le besoin de survivre avec un minimum de décorum, ce qui s’avérait parfois une dure entreprise. Quelques uns étaient rompus aux arts de la guerre, d’autres pas du tout. Les trois femmes présentes ne faisant aucun mystère quant à qui dévouer leurs charmes, le héros de Troie se sentait parfois comme la pomme de la discorde. Pas qu’il se plaignit d’avoir trois femmes si bien disposées à son égard mais avoir à subir leurs éclats de jalousie à tout bout portant devenait lassant à la longue. Il était magnanime et ne jouait pas les difficiles mais à ce train là…

Le repas réunissait autour du feu le chef des lieux et ses lieutenants. Un viking rustaud, un Apache taciturne, un aurige égyptien, un écuyer breton, un mousquetaire français et un conquistador espagnol. Cette singulière assistance accueillit le nouvel arrivant avec suspicion et le soumit, sans égards, à un feu roulant de questions. Sir Richard Francis Burton, répondit, sans départir de son calme. Peu enclin à trop parler de lui, il livra l’essentiel, sans s’étendre mais Achille devina que sous ce calme posé, celui là était sans doute un homme d’action et pas des moindres. Il l’avait vu se battre.

Vous n’allez peut-être pas me croire mais… de ce groupe, je pense être le plus « jeune »… je suis un citoyen britannique, mort en 1890.

Des rires fusèrent. Hochant la tête, le grec crut bon le rassurer sur ce point :

On croit tout ce tu dis, Richard…nous sommes l’évidence même que l’impossible ne l’est pas…ici, sont réunis siècles et époques, sans ordre ni concert. Nous sommes là, parce qu’unis nous pouvons survivre…être isolé dans ce monde signifie la mort ou l’esclavage, aucun des deux ne nous tentant...

Taiseux ou pas, l’homme avait aussi des questions. Les bizarreries de ce monde avaient de quoi choquer n’importe qui.

Nous n’avons pas la moindre idée du pourquoi ni du comment de notre présence ici. Tout comme toi, nous sommes morts et revenus à la vie. La question est : meurt on deux fois ? On n’en a pas fait l’expérience…en combat, ceux qui sont censés être morts, disparaissent, tout simplement…Le nom du jeu est : pas se laisser faire ! Pour subvenir à la plupart de nos besoins, on a la Pierre. La nôtre n’est pas la seule…

Mais ces cailloux doivent bien venir de quelque part, ils ne sont pas là pour rien ? Pourquoi ils refusent des armes ?

La Pierre était là à l’arrivée. On ignore d’où elle vient mais comme dit, elle pourvoit à nos besoins basiques…Le refus de fournir des armes me semble assez logique…sans armes, c’est déjà assez sanguinaire dans le coin, avec…te dis pas le massacre !

Et vous comptez faire quoi ?

Achille se passa la main dans les cheveux et but une logue rasade de bière avant de se lever et regarder vers la vallée. Quelques feux épars se laissaient voir.

Des pillards. Ce sont les seuls qui restent à découvert, une fois la nuit tombée, ceux qui ont pu fuit se tapissent dans les bois où ils sont pourchassés comme des bêtes. Nous, on est sûrs ici haut…Ce n’est pas de la lâcheté mais nous ne sommes pas assez nombreux pour les affronter…pas encore.

Sur ces mots, la concurrence s’égaya et tous, sauf ceux qui avaient tour de garde, regagnèrent leurs pénates. Achille resta seul, face à la nuit sombre, loin des souvenirs d’autres temps, d’une autre vie…il sentit la douleur d’un vide lui taraudant l’âme sans parvenir à y mettre un nom , un visage ou une raison…Mais l’habitude imposée par cette nouvelle vie eut le dessus et délaissant ces pensées esquives, il alla plutôt passer revue des vigiles en fonction.

Les éclaireurs partis au petit matin, remontèrent avec des nouvelles de mouvements suspects au sud de leur rive. Un petit groupe d’Arrivés avait trouvé refuge dans un des îlots qui jalonnaient cette partie du fleuve. Il s’agissait à peine de bancs de sable avec quatre arbustes dessus mais le fait d’être entourés d’eau, semblait offrir un semblant de sécurité.

Les Pillards, comme la plupart des gens de la Vallée, ont une peur bleue du fleuve…à leurs dires, il y aurait un monstre qui gobe tout celui qui s’y aventure, expliqua Achille à l’anglais qui l’avait rejoint au bord de la falaise-observatoire.

Leur nouveau compagnon ne sembla pas plus étonné, comme qui s’attend à n’importe quoi de ces lieux, ce en quoi, il ne manquait pas de raison. Burton voulut savoir ce qu’ils comptaient faire.

On va descendre et les sortir de là, leur offrir l’option de se joindre à nous ou sinon les laisser se débrouiller à leur guise. Les Pillards guettent mais cette fois ne sont pas en grand nombre. Les éclaireurs rapportent des grandes battues dans les bois…Les prenant de surprise, on peut avoir le dessus…Veux tu venir avec nous ?

Il voulait. La descente fut rapide. La stratégie mise au point fut respectée sans faille.

Tu sais, ce ne sont pas des Myrmidons…mais les autres n’ont, non plus, rien de Troyens aguerris…par contre, toi…tu n’en es pas à ta première bataille, n’est ce pas ?...Ce n’est pas difficile à déduire, suffit de voir tes mouvements et la façon dont tu tiens ce gourdin…

Ils arrivaient sur le rivage, à l’abri des pierres formant un rempart naturel, Achille invita son compagnon à observer les alentours avec attention alors que Sven, le viking, qui les avait rejoint, se montrait prodigue en explications :

La plupart des arrivants échoue sur l’autre rive…le fleuve est une frontière efficace, jusque là très peu se sont risqués à traverser…la plupart sont aspirés vers le fond. On parle d’un monstre mais personne ne l’a vu…je pense plutôt à des forts courants en profondeur…Quelques uns, les plus futés, on trouvé un gué…il n’y en a que deux…un au Sud…l’autre au Nord…les deux, surveillés, on peut s’en douter…Dés que le nombre le permettra…Par Thor, nous prendrons celui du Sud…mais cela attendra, pour le moment.

Le signal donné, ils avancèrent en silence et rapidement. Les Pillards, regroupés en bruyant pagaille, fêtaient à l’avance, la prise qu’ils comptaient faire…tôt ou tard.

Pas de Pierre sur leur îlot, la faim les fera s’aventurer sur la rive, souffla Sven en signalant le banc de sable à quelques mètres de la berge, pauvres gens !

Achille ne dit rien. Le Viking était une masse de muscles à l’air féroce mais avait le cœur tendre. Ce détail passait en second lieu au moment de se battre, ses ennemis ne connaissaient aucune pitié.

Le facteur surprise était décisif. L’action fut menée avec magnifique précision. Achille mena ses hommes au combat avec la même ardeur que jadis ses Mymidons à la bataille. Gourdin contre gourdin, javelots et lances rudimentaires à l’appui, les pillards furent réduits en un rien de temps, sans merci et leurs corps ne tardèrent pas à s’évaporer, comme par art de magie. Le groupe de l’îlot comprit très vite qu’on venait de leur sauver la mise et se lança sans hésitation vers leurs sauveteurs.


La houle !!!, cria Hopi, l’aurige sans char, signalant le remous suspect qui agitait la surface tantôt lisse du fleuve.

Deux des rescapés ne parvinrent pas à temps à la rive. La « Houle » les happa et ils sombrèrent.

On ne peut plus rien pour eux. Le fleuve ne rend pas ses proies !, grommela Achille, ombrageux, on rentre !

Le retour se fit en silence. Les nouveaux furent conduits à la Pierre, qui fournit de quoi les vêtir avant qu’ils ne retrouvent leurs esprits pour se présenter…
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Richard Francis Burton

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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptySam 16 Fév - 22:17

Si, au départ, Richard avait cru être tombé dans un asile de fous, il avait été obligé de réviser son jugement. Ces gens, à moins d’être des menteurs pathologiques, étaient bien ce qu’ils prétendaient ou, du moins, ils étaient des ressuscités, comme lui. Les pierres « magiques » le troublaient car, même si dans ses périples il avait pu assister à des « miracles », jamais il n’en avait vu de pareils. Son épouse l’avait souvent bassiné avec les vertus de la prière :

Dieu entend tout, il sait tout…

Avait-elle raison, finalement ?
En tout cas, son paradis n’était pas celui qu’elle lui contait.
Autour du feu, Richard avait pu jauger ses nouveaux compagnons. On pouvait se fier à eux. Achille lui avait paru franc, solide, un vrai héros de légende. Le Viking, Sven, était un ours qui, comme les autres, acceptait sa situation… à défaut de mieux. Les femmes… Toutes les trois semblaient en adoration devant le Grec antique. Grand bien lui fasse de monter un harem, si celui lui chantait ! Mais gare aux jalousies…
Dans sa vie, Sir Richard Burton s’était accommodé de situation plus dramatique, selon lui.
Selon ce qu’Achille lui avait confié avant le repos, il put en déduire que le Grec avait pour dessein de mettre un frein aux pillages systématiques qui s’abattaient sur les nouveaux arrivants. Mais ce n’était pas avec sa minuscule bande de « pouilleux » qu’il y parviendrait…


*Tu pourrais t’en mêler, Dick ! T’es pas c*n, tu l’as prouvé à maintes reprises. Si nous sommes ici, c’est quand même pas pour que l’oppression règne à nouveau… quoique…*

Il débattit longtemps avec lui-même avant de, finalement, attendre de voir l’évolution des choses.
À son lever, des discussions allaient bon train. Il s’agissait d’une découverte des éclaireurs : un groupe de frais ressuscités, réfugiés sur un îlot, était en passe de se faire malmener par des pillards. Achille lui expliqua :


Les Pillards, comme la plupart des gens de la Vallée, ont une peur bleue du fleuve…à leurs dires, il y aurait un monstre qui gobe tout celui qui s’y aventure…

Après avoir vu des pierres à souhait, pourquoi ne pas gober l’existence d’un monstre fluvial ?
La position d’Achille était arrêtée. Ils allaient descendre prêter main forte aux nouveaux.


…Veux tu venir avec nous ?

Je suis curieux de nature ! répliqua Richard avec un soupçon de sourire entendu.
Lors de la descente vers le fleuve, le Grec le gratifia encore de quelques mots :

Tu sais, ce ne sont pas des Myrmidons…mais les autres n’ont, non plus, rien de Troyens aguerris…par contre, toi…tu n’en es pas à ta première bataille, n’est ce pas ?...Ce n’est pas difficile à déduire, suffit de voir tes mouvements et la façon dont tu tiens ce gourdin…

À quoi bon s’étendre sur un fait avéré ? Richard se contenta d’opiner du chef. Il aurait été plus à l’aise avec un bon calibre en mains mais avec ou sans arme, il savait frapper où il le fallait quand il le fallait.
Le Viking fit le point. Il avait raison, présentée comme il le fit, la situation des nouveaux était plus que précaire. Ils étaient six. Trois couples vêtus de maigre feuillage.
Rentrer dans le lard de la troupe de pillard fut une vraie partie de plaisir. Achille commandait bien, rien à redire. Richard détestant les injustices n’eut aucun mal à distribuer et rendre les coups.
L’ennemi anéanti, on signala aux rescapés qu’ils pouvaient les rejoindre s’ils le voulaient.
Ils se lancèrent à l’eau et nagèrent vers eux, certains avec plus de style que d’autres. Le crâne rasé semblait bien s’en tirer en tractant un type chevelu par sa tignasse. Mais il y eut un avertissement d’Hopi :


La houle !!!

*NdD qu’est-ce que…* GROUILLIEZ-VOUS !
se surprit-il à beugler en se précipitant pour saisir deux naufragées effarées.

Ça va ? Vous n’avez rien ?

La tête rousse dégoulinante leva vers lui des yeux noyés :

Mer…merci !

Tous et chacun s’occupa de réconforter les rescapés dont les rangs marquaient deux disparus.
Le chevelu claquait des dents, le crâne rasé bombardait tout le monde avec des « namasté », les femmes couvraient leur nudité avec les linges fournis dans l’urgence. Celles du camp les prirent sous leurs ailes et menèrent des nouveaux à la pierre. Les « guerriers » ne déplorant que quelques plaies et bosses se rincèrent le gosier avec la bière du cru.
La curiosité les rongeait tous à divers niveau. Que valaient ces recrues ? Ils le surent bientôt avec les présentations d’après en-cas de bienvenue. Une des femmes était de la Russie des Tsars. Elle semblait bougonne, résignée. Le crâne rasé, tout de safran vêtu, avoua vénérer Bouddha et assura posséder des talents de guérisseur. Vint ensuite un morceau de choix avec une présentation pour la moins grandiloquente.


*Le roi-Soleil ? Comme si un prince ne suffisait pas ? *

Féru d’histoire, Richard se réjouit de compter avec un aussi illustre personnage. Si celui-ci était bien ce qu’il prétendait, les « anciens » gagnaient un fin stratège et un bon combattant de plus dans leurs rangs. La femme rousse fut la dernière à décliner son identité. Elle avait tiqué à son nom, ce qui lui avait donné matière à réflexion :


*Elle doit m’être postérieure…*

Je suis Amelia Earhart, morte au XXème siècle. J’étais aviatrice…cela veut dire que je volais…dans les airs, oui…où d’autre ?...Avec un avion…AVION !!!

Et de mettre les bras à l’horizontal en émettant de la bouche des vrombissements bizarres. Tous rirent sauf lui. Il battit des cils :

Alors, ils ont réussi ? Juste avant ma mort, j’ai entendu dire qu’Ader avait fait un bond de 50 mètres… Zut, j’ai raté ça !

À peine arrivé, Richard voyait sa place de benjamin détrônée par une rouquine américaine. Il eut hâte de s’entretenir avec elle, histoire de voir ce qu’il avait raté d’autre depuis sa mort.
Le soleil avait dépassé le zénith quand Richard fut chargé d’un tour de garde.
Achille sortant de sa tente partagée avec la belle africaine vint lui demander ce qu’il pensait de leur situation et, surtout, de ses dispositions :


… Je vais rester… un moment. Comme toi, je n’aime pas ce qui se passe au fleuve. Ces pillards doivent s’aligner. Tous, nous avons droit à une seconde chance, non ?... Mais j’ai pensé au recrutement aussi… Ben, il nous faut un moyen de rameuter des gens de qualité. Ne le prends pas mal mais quelques « modernes » de plus, ne feraient pas de tort… On pourrait leur envoyer un signal…

Intéressé, le Grec voulut un développement.

Attends, je vais prier un peu… ça me changera !

*Ô pierres sacrées, non par vanité mais par nécessité, peux-tu m’accorder des miroirs…*

Il compléta sa dévotion de quelques bricoles et revint au foyer central avec son attirail.
Expliquer aux autres comment envoyer un signal clair en morse prit du temps. Heureusement, la petite rouquine, mignonne dans sa robe fleurie, l’appuya dans sa tentative qu’elle compléta admirablement…
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Louis XIV

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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyDim 17 Fév - 18:11

Louis ne se reconnaissait plus. Lui qui avait la triste habitude de sauter sur le moindre jupon bien tourné aurait, en temps normal, bassement profité de la situation de la pauvre Miss Earhart. Certes, les longues jambes nues l’affriolaient mais il fallait croire que Françoise, son épouse sur le tard, avait réussi sa besogne en freinant ses ardeurs royales. À nouveau dans la fleur de l’âge, Louis se convainquit que c’était mieux de respecter les autres, les femmes en premier, évidemment.
Là où ils étaient « tombés » titres et richesses avaient disparus. Cependant l’égalité ne régnait pas. La loi du plus fort semblait la règle, hélas. Pourtant, un espoir subsistait dans la fraternité tant prônée par Jésus de Nazareth. Les deux couples qui acceptèrent leur troc en étaient la preuve. Son illustre patronyme eut malgré tout l’heur de déplaire à une nonne qui le reconnut comme maître en débauche.
La douce Amelia le consola de cet affront. Elle avait raison : on ne peut pas plaire à tout le monde. Il aurait voulu remettre les pendules à l’heure, démontrer s’être nettement amendé, plaider sa cause. La faim eut le dessus. Il préféra la boucler et griller son poisson sur le feu trouvé abandonné par les quatre autres. Sans sel, c’était affreusement fade. Les premières bouchées eurent du mal à passer.
Peut-on faire la fine bouche dans des conditions pareilles ? Certes pas !
On mettait la seconde fournée de poissons au grill quand, venant des bois, mouvements et plaintes se firent entendre. Debout d’un bond, Amelia réagit :

Zut alors…voilà que ça recommence… M’est avis qu’on file…


Et on va où ? s’étrangla-t-il presque.

Où ? ben…connais pas le coin, moi…mais là bas…cet îlot…on peut y arriver si on se grouille…

Personne ne démentant, on se rua sus au banc de sable à quelques mètres du rivage. Dès qu’il eut de l’eau aux genoux, Louis se souvint avec effroi qu’il ne savait pas nager. En fait l’eau le terrorisait. Cela remontait à sa petite enfance où il avait failli se noyer dans un bassin. Il pila net, incapable d’avancer davantage. L’homme au crâne rasé qui s’était présenté comme moine bouddhiste le prit sous son aile.

Ne vous débattez pas, laissez-moi faire.

Entraîné bon gré mal gré, Louis pria comme jamais durant ses quelques brasses en eau profonde avant de s’écrouler transi de trouille et de froid sur l’îlot sableux.
La meute hurlante arrivait déjà sur la berge quittée peu avant mais, par un bonheur extraordinaire, arrêta sa traque.
Pagnes et tuniques avaient souffert dans les exploits nautiques. On se débrouilla avec la maigre végétation locale pour colmater les brèches. Malheureusement, leur abri s’avéra désolé et désolant. Pas de possibilité de feu, pas de branche convenable pour fabriquer un harpon, même pas un bivalve quelconque à se mettre sous la dent.
La nuit tomba dans le dénuement total. Louis aurait bien souhaité apporter le réconfort de ses bras et un peu de chaleur aux dames en détresse mais, après l’étal de ses prouesses d’antan par la nonne revêche, il renonça. Prier étant tout ce qu’il restait, on le fit chacun à sa façon, dans son coin.


*Il faut croire Louis ! Croire !*


Oui, il fallait croire que Dieu les avait entendus puisque, au matin, la situation connut un revirement mémorable avec l’apparition d’un groupe déterminé qui chassa facilement leurs tourmenteurs prêts à les asservir.

Ils nous font signe ! On doit les rejoindre !

*Zut ! Encore un bain ? *

Le moine ne lui laissa pas de temps d’hésiter et le poussa à l’eau.
Le reste se passa comme dans un brouillard. Trop choqué par peur, froid et faim, Louis se laissa emmener jusqu’au sommet d’une colline où des mains féminines les prirent en charge.


Vous êtes sauvés ! Vous devez prier la pierre, elle vous accordera vos désirs sincères et humbles.


Ils n’étaient plus que quatre au lieu des six de la fuite. Où étaient la nonne et le Hollandais ?
Puisque personne ne se décidait à affronter le tas de cailloux, aussi saugrenu que cela puisse paraître, Louis s’avança :


Mon Dieu, j’ai beaucoup péché dans la longue existence que vous avez eu la bonté de m’accorder. Je suis entre vos mains. Je ne réclamerai point mes châteaux et mes ors. Puissiez-vous, simplement, me vêtir en gentilhomme décent et m’octroyer du sel.

Aussi incroyable que cela fût, la pierre donna. Le cœur bondissant d’allégresse, Louis rendit grâce au Seigneur, le loua, s’épandit en mercis et fila avec son butin.

C’est fou ce que l’on peut se sentir à l’aise une fois des habits sur le dos. Ce dont il hérita n’était pas exactement ce qu’il aurait souhaité. Point de jabots, dentelles ou plumes, mais une culotte en toile solide, une chemise simple et un gilet de laine. Il se sentait un peu idiot là-dedans, qu’importe ! Les autres ne valaient guère mieux !
Le groupe qui les accueillait poursuivit ses prévenances. Nourris *beurk*, abreuvés, on les sollicita aux présentations. Seul le nom d’Achille, leur chef, le frappa.


*Si la légende est exacte, mazette ! On est vernis !*


Tous avaient été sobres dans leurs énoncés, il jugea bon d’en faire autant :


Je suis Louis, le 14ème du nom, roi de France et de Navarre. On m’a narré vos exploits, Prince des Myrmidons. Je garde espoir de pouvoir apporter une pierre à votre édifice en gratitude d’avoir sauvegardé mon enveloppe charnelle.


La présentation d’Amelia fut plus complète que celle à laquelle il avait eu droit, plus étonnante encore. Avec ses bras tendu, mimait-elle un oiseau ? Mais nul volatile n’émettait de bruits aussi incongrus ! Le seul qui sembla capter quelque chose fut le dénommé Sir Richard Francis Burton.

*Un Anglais… Aurait-on fait la paix avec eux ? *

Après ce repas, ces émotions, on s’octroya du repos, pas tous, mais la majorité. Louis n’ayant jamais eu besoin de beaucoup de sommeil se satisfit de moins d’une demi-heure.
Il partit en prospection du campement.
L’organisation était bonne. Des sentinelles veillaient et se relayaient aux points stratégiques.
La cantine lui parut sommaire. Tenue par les femmes, elle n’offrait rien de bien pratique. Rôtissoire, chaudrons, poêles, le tout était rudimentaire.


*Comment veulent-elles rassasier les hommes ainsi ?*

Son sourire le plus charmeur aux lèvres, il s’avança vers les jeunes femmes :

Bien le bonjour, gentes damoiselles. D’abord, j’aimerais vous féliciter pour le repas de ce midi. Cela faisait longtemps que je n’avais savouré un plat cuisiné. Qu’était-ce, au fait ? Je ne suis pas parvenu à l’identifier…

Du lézard, à ce qu’il parait ! répliqua l’esclave de st Domingue.

On doit faire avec ce que les hommes rapportent, se défendit Margaret, l’Anglaise Tudor.

La pierre donne peu de nourriture. C’est dans des boîtes en métal qu’on a du mal à fendre, se plaignit une Italienne aux yeux sournois.

Ça manque de chou, à mon sens, dit la Russe intégrée aux fourneaux.

Ça manque surtout d’épices, n’est-il pas ? se risqua Louis.

Si les regards tuaient, Louis se serait enfumé. Il ne se démonta pas pour autant.

Mesdemoiselles, point d’offense dans mes propos. Mettons au clair, daignerez-vous ? La cuisine est un art qui se cultive et, croyez-moi, je l’ai expérimentée sous tous ses dérivés. Je vous propose quartier –libre pour cet après-midi. Je me charge de tout. Si, en soirée, mon brouet ne vous sied guère, nous en reparlerons…

Trois sur quatre déguerpirent aussitôt. La jeune ex-esclave tint à observer, voire apprendre, quitte à lui obéir.

Pour le menu du soir, qu’aviez-vous prévu chère enfant ?


Diable ! Avec ses yeux verts sur son teint plus doré qu’un bon biscuit, le Louis d’antan en aurait bien fait une gourmandise !
Il y aurait une sorte de lapin… Devant la bestiole lardée de lancette, Louis tiqua. Pouvait-on décemment appeler lapin ce porcelet velu aux longues oreilles ? Qu’à cela ne tienne !
Un coquillage effilé servant de couteau, Louis écorcha la bestiole avant de l’éviscérer proprement.


Si je puis me permettre, ne jetez rien. Les intérieurs peuvent s’avérer comestibles ou utiles !
Irons-nous aux champignons ? Il doit y en avoir à foison. J’en ai remarqué dans mon ascension

La fille les reconnaissait… à des détails près. Elle avait du nez, en tout cas. Leur cueillette effectuée pendant que la bestiole dégorgeait dans un bain d’aromates du cru, Louis nota qu’Amelia et Burton discutaient ferme en rigolant avec des bouts de miroir en main.
Ce qu’ils tramaient, il n’en eut vent que le soir venu lorsqu’il présenta le plat de résistance garni de ses « légumes ».. .
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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptySam 23 Fév - 14:58

Sans exagération, pour une résurrection, celle là était du genre mouvementée ! Sans y avoir trop pensé de son vivant, Amelia avait quand même une petite idée, comme tout le monde, de comment pourrait être l’Au-Delà et foi de femme pratique, cela ne ressemblait, même pas un peu à…ÇA !

La vie sauve, elle ne s’appesantit en réflexions extraordinaires. D’abord, chemin faisant vers le repaire de leurs sauveteurs, Amelia était plutôt occupée à tenir la chemise prêtée pour couvrir sa quasi-totale nudité et à regarder où mettre les pieds, comme pour s’égarer en théories hasardeuses, cela viendrait plus tard, à coup sûr.


La première étape d’intégration la laissa légèrement soufflée mais tant qu’à faire, réjouie, soit un tas de cailloux qui exauce des souhaits, du jamais vu…mais ne dit on pas que « D’autres lieux, d’autres mœurs ! ».
Enfin vêtue, après une sommaire toilette à l’eau froide, fine attention des dames des lieux, elle accepta volontiers de se restaurer, trouvant la nourriture assez minable mais agréant la bière locale avant de procéder aux présentations. Celle du moine, Hsuan Tsang, rassurante. Annoushka, se montra timide et laconique. Non ainsi Sa Majesté, qui même si gardant une modestie qui ne devait lui ressembler guère, déclina noms et titres. La sienne, éloquente, fit rigoler la galerie mais retint l’attention, sérieuse, de l’homme qui l’avait tirée du fleuve, Sir Richard Burton :

Alors, ils ont réussi ? Juste avant ma mort, j’ai entendu dire qu’Ader avait fait un bond de 50 mètres…

Ravie de trouver quelqu’un ayant une idée approximative sur l’aviation, elle se tourna vers lui, un large sourire aux lèvres.

Ben oui, pour réussir on peut dire qu’on l’a fait…Ader a fait un petit saut…moi, j’ai traversé l’Atlantique et étais en passe de compléter mon tour du monde quand…enfin…

Zut, j’ai raté ça !

Moi je me demande ce qu’ils ont fait après…

On ne leur laissa pas le temps de comparer expériences. L’anglais fut requis ailleurs et elle dût chercher à quoi occuper son temps. Curieuse, sans mauvaises intentions, Amelia flânait par là quand deux des femmes entrevues à son arrivée l’abordèrent. Margaret était anglaise et avait vécu à la cour des Tudor, Anamaria, italienne avait joui des fastes de celles des Medicis.

Ben, vais faire triste figure face à vous, mesdames, je ne suis qu’une fille du Kansas.

Les deux belles, car elles l’étaient, l’une blonde, l’autre brune, n’avaient aucune envie de développer leur sens de l’humour mais de l’éclairer sur les us et coutumes des lieux. Amelia écouta pieusement les informations fournies et en tira des conclusions simples.

Ok, j’ai pigé…profil bas, être utile et surtout…surtout pas mater le blond…c’est bon, le grand Achille, votre affaire, mes jolies…débrouillez vous pour le partage, suis pas partante…

*Franchement…j’ai bien démontré de mon vivant ne pas être une poule mouillée, j’ai atteint des buts qu’aucune femme de mon temps n’avait jamais rêvé…sûrement pas pour me laisser damer le pion par deux chipies pourries d’intrigues de cour…Pas touche Achille…et qu’est que j’ai à foutre d’un héros grec…antique par surcroît…Certes, le type est à tomber mais quand même…*

Faute de mieux et pour ne pas manquer du sens de l’hospitalité, un peu forcé, le comité féminin passa à lui indiquer quels seraient, désormais, ses quartiers. Un coin riquiqui dans la tente des femmes. À mode de lit, un tas d’herbe sèche.

Wow…la suite du Ritz !, ironisa t'elle, mais enfin…mieux que la belle étoile. Je vous en remercie, mesdames, de tant de chaleur en cet accueil…On fera avec !

Elle avait le pressentiment de ne pas s’être fait des nouvelles amies mais étant donné que de sa vie, cela ne lui avait pas posé de problème, Amelia décida pouvoir se tirer seule d’affaire. Un long entretien avec le « tas de cailloux » plus tard, on la vit transporter quelques biens de grande utilité vers son nouveau chez soi. Ce n’était pas le meilleur matelas de plumes mais toujours mieux qu’un tas d’herbes. Un oreiller, des draps, une couverture, des articles de toilette, des vêtements de rechange et un magnifique rideau de brocard rouge pour isoler son coin des fastes voisins.

*Pour la décoration, tu repasses…mais cette nuit, tu dors dans un lit…Diable, Amelia, résurrection n’est pas égal à Paradis…en tout cas, les serpents ne manquent pas ici…*

Entre aller et retour, elle ne rata pas l’apparition du chef sortant de sa tente en compagnie de la belle métisse à peine entrevue au repas. Ils ne firent aucune attention à elle qui passa de large en tirant des nouvelles conclusions .

*La favorite du moment…ce qui explique la hargne des deux autres…Bravo, Amelia, tu meurs et renais en tombant dans un chaudron de passions déchaînées…*

Oisive, elle méditait sur les curieuses tournures de la vie et la mort, quand son attention se vit attirée par le singulier manège de Sir Richard qui semblait très pris à jongler avec des miroirs.

*Sir Richard Francis Burton, officier militaire, escrimeur, explorateur, écrivain, linguiste, orientaliste, ethnologue, diplomate et expérimentateur passionné de la plupart des perversions humaines…joue avec des miroirs…Seigneur ! Peut être est il devenu narcissique, tant qu’à faire…*

Une possibilité pareille lui semblait hautement improbable d’après tout ce qu’elle avait lu sur cet homme mais, compte tenu des revirements des derniers temps, on pouvait s’attendre à n’importe quoi. L’explication vint toute seule sous forme d’ assemblée générale où le célèbre explorateur expliqua sa petite idée. Simple mais brillante. Envoyer des signaux lumineux « intelligents » pour joindre d’autres comme eux. Avec des miroirs, une source de lumière et quelques connaissances de base, c’était du gâteau…sauf que parmi les présents, cela ne faisait pas foule ceux à avoir une moindre connaissance de ce genre.

Euh…Coucou ! Moi…, elle avait levé la main comme de ses temps d’écolière, il se trouve que je m’y prends bien avec le Morse…c’est bien de cela que vous parlez, n’est ce pas, sir Richard ?

Plein dans le mille. Les autres, soulagés de ne pas avoir à se mêler d’expériences étranges, s’en allèrent vaquer à leurs affaires les laissant en tête à tête, avec les miroirs et le reste de l’attirail.

Un héliographe ?, s’enquit elle simplement.

Il est des personnes qui sans se connaître se comprennent au demi mot. Celui là semblait être exactement le cas. Habiles de leurs mains et en connaissance de cause, ils avancèrent rapidement dans leur dessein. Vers la fin, le « tu » était de mise et on avait oublié le « sir ».

Faisons l’essai tant qu’on a de la lumière du soleil. On s’y prendra autant que nécessaire jusqu’à obtenir quelque chose…Ok ?

RESISTANTS…RESISTANTS…RESISTANTS…

L’espoir fait vivre, dit-on par là, mais en attendant cela peut fatiguer. Richard et elle se relayaient pour envoyer le signal. Au deuxième jour, Hopi, l’aurige dégourdi, avait appris assez pour s’y mettre aussi. Les autres se contentaient de leur lancer des regards amusés, ironiques, narquois, incrédules. Achille s’intéressait, en passant, mais les résultats se faisant attendre il opta pour s’occuper à plutôt à instruire sa troupe dans l’art de la guerre.

Vaudra mieux que ce truc marche parce que de côté-là…, commenta t’elle en signalant les peu fringantes recrues, ça risque de durer…

Le hurlement de Hopi faillit les laisser sourds.

Réponse…réponse !!!

Ils n’y croyaient pas. Pourtant force fut de le faire. Un clair signal de reconnaissance répondait au leur.

IDEM ...IDEM…IDEM…

Les cris de l’aurige et leurs exclamations attirèrent tout le monde alors que Richard envoyait une nouveau signal :

VENEZ.

La suite les laissa pantois. Qui que ce soit qui envoyait le signal dès l’autre rive savait vraiment s’y prendre.

Quelle précision !...et pas à dire, quel débit rapide…il nous donne des coordonnées…Bon Dieu, Richard, cela veut dire que nous avons affaire avec quelqu’un ayant accès à un autre genre de technologie. Un soldat, un aviateur peut être…, pause pour interpréter, ils sont deux...et viennent...demain…après midi. Il en sait quelque chose, celui là, pour être si précis…

L’échange conclut par un OK. Il ne restait plus qu’à attendre. La soirée fut joyeuse, enrichie par un succulent repas à la mode Louis, quatorzième du nom, qui s’y connaissait en bonne cuisine. Cette nuit, Amelia regagna ses pénates, le cœur en joie…

La journée se passa à scruter la rive opposée dans l’espoir de découvrir la progression des hypothétiques alliés mais la distance était trop grande et la végétation de la berge opposée trop dense pour y voir quelque chose. L’après midi déclinait rapidement quand les vigiles du versant nord donnèrent la voix d’alarme. On venait. Achille dépêcha quelques hommes à la rencontre des arrivants.

Et pour une arrivée, c’en fut une d’assez remarquable…Les hommes apparurent en transportant un grand gars à moitié mort, suivis pas une jeune femme qui se semblait très angoissée et pas du tout ravie de voir leur bagage changer de mains et atterrir dans celles d’Achille…Fatigue ou pas, la miss se redressa, furieuse, sans aucune crainte face au prince des Myrmidons.

Ce sont NOS affaires ! On a cru que vous alliez nous aider en répondant aux signaux, pas que vous feriez comme les autres ! Bravo pour le piège !

Le Grec n’avait rien d’un homme affable ni était habitué à qu’une simple femme lui gueule dessus. En le voyant froncer le sourcil, Amelia décida qu’il valait mieux intervenir. La pauvre fille était sur le qui vive et bondit quand elle la toucha.

Du calme ! Tout va bien ! Vous êtes entre amis…en sécurité…

En sécurité ? Vous rigolez ? À peine arrivés, on nous dépouille. Mais je m’en fous. Prenez tout ce que vous voulez mais ne laissez pas Alph… Alf mourir, je vous en conjure ! Après, on partira, et…

Aucun besoin d’aller nulle part…il n’y a pas où aller, d’ailleurs. On prend soin de votre compagnon…tout va aller bien…Tenez, voici Tsang…

En effet le moine approchait, mains jointes et s’inclinant en répétant son Namasté habituel.

Je suis Hsuan Tsang prêtre, voyageur et guérisseur.

La pauvre se faisait une bile monstre pour le blessé mais le moine la rassura avec des sages paroles avant de s’enquérir sur la source du mal, ce à quoi elle répondit en exhibant une espèce de dent démesurée d’aspect terriblement nuisible, en assurant qu’on avait tiré sur l’homme avec.

*Oups…pas beau à voir, le truc…pauvre mec, se prendre ça…*

Tsang y semblait voir la solution au problème et s’inclinant de nouveau s’en alla, avec la dent, sous la tente où il soignait le nouvel arrivant. Achille, reprenant le poil de la bête , voulut en savoir plus, ce à quoi la demoiselle riposta fièrement :

Le tireur ? Je ne l’ai pas vu. Il a fait plouf quand ma flèche l’a transpercé !

*Et toc…en voilà une qui ne mâche pas ses mots…et qui sait se défendre…pas comme ces gourdes intrigantes…*

La réponse sembla amuser Achille qui, bon prince, joua les condescendants maîtres de céans et d’un geste signifia à son petit harem de prendre en charge la nouvelle. Ce qui fut fait avec un empressement digne d’éloge. Amelia qui en savait quelque chose sur la « gentillesse » des harpies de service, les suivit, décidée à avoir son mot à dire. Cette fois, Zaidé, la favorite du moment, s’était joint au comité de bienvenue et alla, sinueuse, de son petit commentaire quant au besoin d’ un bain. Anamaria, persifleuse, ne demeura pas en reste. Margaret, elle, se tut, mais son air pincé ne laissait prévoir rien de bon.

Je suis sûre qu’avec tout cela vous devez avoir soif …je peux vous offrir un peu de bière locale…c’est pas mauvais du tout ! Au fait, je suis Amelia Earhart…et vous ?

Elle se nommait Isabel Kittredge et était, tout comme elle, américaine. L’accent ne mentait pas !

De la bière ? On peut ? Avec plaisir !

Sûr qu’on peut…on est paumés mais pas en prison…Viens. Laissons à ces dames le plaisir de préparer le bain.

Cela lui gagna un regard courroucé des trois autres mais sans hésiter prit Isabel du bras et l’entraîna à sa suite.

D’abord…pas de protocoles…ici, c’est du « tu » pour tout le monde. Boss inclus…ah, celui là…c’est Achille…oui, le même de Troie…incroyable, non ? Et tu n’as rien vu…celui qui a concocté le dîner n’est autre que Louis XIV…Ben on meurt et on fait ce qu’on peut en renaissant…m’enfin…il y a aussi Sir Richard Burton, l’explorateur…c’est lui qui a eu l’idée du signal, je l’ai aidé…

La miss n’en revenait pas. Il faut dire que c’était un peu gros à gober mais pour les faits, la vérité la plus plate. Tout en parlant, elle suivait le regard d’Isabel allant toujours vers la tente où se trouvait son compagnon mal en point.

Ne t’en fais pas. Tsang connaît sa science…depuis un bail. Moine bouddhiste chinois…il s’y entend…

Il est si bon que ça, ce moine ? J’avais cru que les médicaments d’Alpha l’auraient remis debout…

Alpha !?? En voilà un drôle de nom…il vient d’où, ton copain ?

Isabel prit un air contrit et s’assurant que personne n’était à proximité, murmura :

Oui, c’est un nom étrange… Je peux te faire confiance pour ne pas l’ébruiter, en faire un plat ?

Amelia acquiesça, intriguée.

Euh…mais pourquoi ?...

La raison était plus que valable.

Tu dis être morte en 1937… J’ai été renversée par une voiture en 1927. Lui, il a explosé en 2449…

QUOI !?...Ben ça alors !...2469…il vient…du futur !!!


Il est… hors norme. Hors de Nos normes. Ce n’est pas de sa faute, il dit avoir été programmé ainsi... différent, déshumanisé, mais il a un bon fond, je le jurerais. Faut juste lui laisser un temps d’adaptation...

Elle n’y comprenait pas grand-chose et vu la tête d’Isabel, elle non plus, mais avant d’avoir pu entrer en détail, les trois grâces se pointèrent avec la nouvelle du bain prêt. À son arrivée, elle avait eu droit à un fameux bain glacé, là, ces dames avaient décidé faire le contraire.

Non mais…cela va pas chez vous…c’est une fille…pas une langouste !...Arrangez moi cela…ou je devrai, foi d’Amelia, en toucher deux mots à vous savez qui !

Cela fila bon train, la seule mention d’Achille faisait des miracles dans le bled.

Faut excuser ces têtes de moineau…pour elles, toute femme est rivale en puissance…C’est le petit harem du Chef...tu sais guerrier antique et tout le baratin, comme quoi, il prend des avantages mais t’en fais pas, il est très correct…d’ailleurs, suis sûre que ce sont elles qui lui ont sauté dessus et pas le contraire…La blonde et la brune, dames de cours européennes…tu vois le genre, vive l’intrigue…l’autre, Zaidé, esclave à St. Domingue du temps de la colonie…enfin…on sait comment cela se passait…en tout cas ici tout marche pile poil tant qu’on fait ce qu’il faut et qu’on ne se mêle pas des embrouilles de ces trois là…


Elles me prennent pour une rivale ? Mais j’en ai rien à foutre d’Achille, moi !

Tout ce qui bouge est une rivale en puissance…t’en fais pas, suis contente que tu sois là…mais on n’a que faire de ces bêtises…là, ce qu’on veut…enfin Achille est le promoteur de l’idée, est réunir un groupe de gens capables pour s’en prendre aux maudits du fleuve…tu as dû les voir en action…comme quoi, mettre de l’ordre dans ce bordel infâme…Ton bain est prêt, cette fois…Je ne serai pas bien loin, en cas de besoin…crie !

Et la laissant là, alla faire un tour à la cuisine où Sa Majesté, de belle humeur, faisait mijoter quelque délice.

Et oui, on a des nouvelles recrues…prometteuses ?...Sais pas, Louis…l’homme est mal en point, tu l’as vu toi-même mais la fille sait quelque chose pour ce qui est ne pas tenir sa langue et tirer à l’arc…Achille a eu l’air très intéressé…non, pas par la fille…son arc ! Avec quoi on va se régaler, ce soir ?...Ben oui, le fumet met en appétit…pas à dire…ah, du gros lézard aux herbes…ma foi…si tu le dis…Miam, cette soupe a l’air succulente…non, ne me dis pas ce que tu y a mis dedans…

L’intérêt d’Achille sur les talents d’archer de miss Kittredge se révéla juste après le cuissot de lézard géant. Il mit arc et flèches sous le nez de l’américaine qui releva le défi avec brio.

Connais-tu le proverbe « A beau mentir qui vient de loin ? » Lance ta pomme à la verticale, tu verras bien !

Amelia retint son souffle. La démonstration ne laissait aucun doute, la miss savait son affaire et ne manquait pas de courage, telle une Nemesis vengeresse, elle se tourna vers le prince guerrier, le pointant d’un trait enclenché.

*Pas ton truc, les flèches, bel Achille…*

Maintenant, je veux des réponses : comment va mon époux ?

*Pas folle, la guêpe…elle a pigé au quart de tour…pas mal…s’acquit un mari et du coup…intouchables tous deux…Bravo, la belle !*

La suite valut le détour. Chef menacé, troupe agit. Sven, le viking s’apprêtait à réduire Miss Kittredge en purée avec son gourdin quand surgissant de la tente où il était censé d’être mourant, le superbe homme du futur et tout nouvellement acquis époux d’Isabel, se rua sur l’énorme viking avec la saine intention de l’envoyer au Walhalla. Vu son attitude, personne n’osa le mettre en doute…surtout la jeune femme qui connaissant sans doute plus long sur ses aptitudes s’interposa, évitant de justesse un règlement de comptes. La scène était attendrissante. Amelia soupira. Le dénommé Alpha, se calma aussitôt, docile, alors que la belle pleurait tout son soul en le serrant dans ses bras.

*Ben dis donc…si mourant il est chiche d’affronter Sven…veux savoir ce qu’il fera en pleine forme !*

Tous semblèrent d’accord avec cette idée. Tsang, responsable de la santé de cette singulière recrue, crut bon signaler que si bien il était sur pied, cela ne voulait pas dire qu’il n’eut plus besoin de soins. Cette fois, Isabel suivit son « mari » et le moine, sous la tente.

Wow…Sais pas de que lui a donné Tsang, en tout cas, ça marche…euh, Isabel m’en a touché deux mots, oui…c’est un guerrier. Un de très bon…en fait…si bon qu’il a mis en échec les pillards du fleuve à lui tout seul…Ben oui, mort de chez mort, comme nous tous…elle en 1927…dix ans avant moi…lui…euh…en 2469…532 après moi !

La nouvelle les éberlua si bien qu’on en oublia même le dessert.

Ben, m’est avis qu’on attend demain pour en savoir plus…vous avez tous entendu Tsang…il est débout mais pas encore en forme…

La forme, il l’avait retrouvée, en entier deux jours plus tard et cela valait le détour. Sanglé dans son treillis de combat du futur, fourni gentiment par le tas de cailloux qui savait si bien faire les choses, il se présenta face à Achille et ses lieutenants, l’air impassible, les regardant de haut, pas qu’il fut fier mais plutôt grand.

*Ça promet bien de joies…*


Amusée, elle venait de constater que Richard occupait à présent la place à droite du Chef, ce que les autres acceptaient comme simple logique des choses.

*Voila qui est bien…et maintenant au soldat du futur de démontrer ce qu’il vaut aux Maîtres de la Colline*

Quel monde étrange…
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Achille, héros de Troie

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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyDim 24 Fév - 21:45

Pillards en échec. Survivants en sécurité. Mission accomplie. Rien de ressemblant à la gloire d’autres victoires mais pour un jour en ce monde absurde, il pouvait se déclarer satisfait. La « houle » ou le monstre du fleuve, peu importait ce que cela pouvait être, avait pris son dû.

*Un dieu quelconque réclamant sacrifice ?...Avec ceux-là, on peut s’attendre à tout !*

En avoir un peu ras le bol des intrigues divines était peu dire, il en avait fait les frais et aurait voulu ne plus rien savoir de tout cela mais en toute évidence, ce ne semblait pas être le cas. Pourquoi ? Voilà une question qui lui venait souvent à l’esprit, mais il avait beau retourner l’affaire dans tous les sens, sans trouver d’explication valable.
Mourir et renaître, en voilà une idée ! Comme si avoir vécu une fois ne suffisait pas…surtout une vie comme la sienne, passée à semer crainte, mort et désolation à son passage. Être le meilleur guerrier de tous les temps était tâche ardue , il fallait bien maintenir la bonne image mais finalement, comme tout boulot, c’était devenu lassant, surtout vers la fin. Dire qu’il avait eu raison de Troie était une belle exagération. En tout cas, Troie avait eu raison de lui…mais soit, on ternit pas sa propre légende.
Quoiqu’il en soit, le grand Achille se disait, en regagnant le campement, que les choses auraient pu être différentes… même s’il n’avait pas la moindre idée de ce qui aurait dû être changé…Délaissant ces réflexions qui ne menaient à rien, il passa en mode chef de clan et en attendant que les nouveaux venus reprennent leurs esprits alla départir avec ses braves dont la plupart commentait l’aventure avec enthousiasme presque enfantin.

*On se croirait à la foire, là…des guerriers ?...Pas demain la veille ! *

Et d’après ce qu’il avait vu au bord du fleuve, les nouvelles recrues n’apporteraient grande amélioration à cet état des choses, ce en quoi, force fut de le reconnaître plus tard, il se trompait. Gontrand annonçant que les nouveaux étaient présentables, le chef ordonna que soient servis boissons et nourriture et alla, résigné, voir de quoi il en allait. Le premier à se présenter, en s’inclinant, mains jointes et souriant, fut un étrange bonhomme vêtu d’une longue tunique safran , il dit venir de la Chine, être moine bouddhiste, voyageur et guérisseur.

Sais tu lutter ?, s’enquit il, avec un brin d’espoir quoique le dit moine ne payait pas de mine.

L’esprit, dit il, est la force de l’homme.

À bon entendeur. Achille passa un trait sur cet espoir là. Des philosophes, il en avait croisé et cela ne donnait rien à l’heure de prendre les armes. Encore une erreur de sa part, mais il n’était pas pour le savoir ! La suivante fut une femme, grise comme une souris de grenier, regard obstinément baissé, qui parla si bas qu’il dut lui demander de s’y reprendre. Elle prit un air quasi épouvanté en racontant à toute vitesse venir de la Russie et être serve d’un grand seigneur.

*Bouddhiste ?...Chine ? Russie ?...qu’on me damne…*

Achille assuma sa propre ignorance et requit la présence du suivant. Celui-ci avança d’un pas assuré, sans ombre d’humilité et encore moins de timidité. Son discours fut court et assez flatteur :

Je suis Louis, le 14ème du nom, roi de France et de Navarre. On m’a narré vos exploits, Prince des Myrmidons. Je garde espoir de pouvoir apporter une pierre à votre édifice en gratitude d’avoir sauvegardé mon enveloppe charnelle.

*Tiens…encore un qui me connaît !...Un roi…de quelque part !...Faudra me renseigner, c’est ridicule ne pas savoir à quoi s’en tenir…*

Sois le bienvenu parmi nous, Louis !

*On verra bien si tu peux apporter mieux qu’une pierre…pour ça…on en a assez dans le coin !*

Vint le tour de la dernière « recrue ». Une rouquine, pas timide du tout, qui déballa une histoire, très amusante et incroyable pour les non initiés, c’est-à-dire pour tous sauf pour Richard, qui semblait avoir une idée approximative de quoi il en allait.

Je suis Amelia Earhart, morte au XXème siècle. J’étais aviatrice…cela veut dire que je volais…

Tu volais ?...Dans les airs, comme un oiseau ?, s’enquit Sven, le viking, déjà à demi mort de rire.

C’était exactement de ce qu’il en était question. Il fallait se faire à l’idée que ce monde biscornu leur réserverait, sans , encore bien de surprises mais jugeant que c’en était assez pour un jour, Achille préféra se retirer à ses quartiers, non sans avant avoir fait un détour pour présenter une requête à la Pierre, tout en prenant soin de n’être aperçu par personne. Vœu exaucé, il gagna rapidement sa tente. Deux gros volumes intitulés « Encyclopédie de l’humanité » posés face à lui, Achille, fils de Pelée, prince des Myrmidons, s’apprêta à prendre connaissance de quelques faits remarquables, personnages idem, de l’histoire humaine depuis ses débuts jusqu’à la fin du XXème siècle.

Que fait donc mon Maître ?, roucoula une voix feutrée, tout près de son oreille.

Agacé, il releva la tête et octroya l’intruse d’un regard peu amène.

Je ne suis pas ton maître, grommela t’il, si je l’étais cela fait un moment que je t’aurais fait fouetter pour t’ôter la manie de te glisser comme chat.

Zaidé ne voulait pas déranger, susurra t’elle, mielleuse, elle pensait que son Maître aurait besoin de quelque chose.

Et bien, il n’a besoin de rien, ton maître, à part qu’on lui fiche la paix…Va, Zaidé…j’ai à faire…

Il y a conviction et conviction. L’histoire de l’humanité attendrait…

Richard montait la garde, en regardant la vallée, abstrait.


Que penses tu de tout cela ? Et que comptes tu faire ? Sache que tu n’es contraint à rien, ici.

*Quel grand seigneur tu fais…avec les alternatives qui se bousculent là bas…*

La réponse fut l’attendue :

Je vais rester… un moment. Comme toi, je n’aime pas ce qui se passe au fleuve. Ces pillards doivent s’aligner. Tous, nous avons droit à une seconde chance, non ?

C’est ce que je voudrais penser !, parce que comme seconde chance, il commençait à en avoir, des doutes.

Mais j’ai pensé au recrutement aussi…

Recrutement ?


Ben, il nous faut un moyen de rameuter des gens de qualité. Ne le prends pas mal mais quelques « modernes » de plus, ne feraient pas de tort…

Ouais…tu as raison, parce qu’avec ce qu’on a…on ira pas bien loin ! Et comment songes tu t’y prendre ?

On pourrait leur envoyer un signal…

Un signal ?...J’avoue ne pas comprendre grand-chose, explique toi !

Contre toute attente, l’anglais décida qu’il devait d’abord prier et alla à la Pierre. À son retour, peu après, il venait muni d’un curieux attirail qui finit par attirer l’attention de tous. Patient, Richard leur expliqua qu’il s’agissait d’envoyer un signal, avec l’aide de miroirs en quelque code mystérieux. Au bout d’un moment, la seule qui avait compris était la rouquine Amelia.

Mettez à point votre artefact, envoyez le signal et on en reparle !

Cela attendit deux jours. Ils avaient envoyé leur signal et avaient reçu une réponse. Deux nouvelles recrues étaient en route. Sans se faire de grandes illusions, il alla vaquer à ses affaires jusqu’à ce qu’un vigile annonça une arrivée imminente. La première impression fut plutôt décevante. Un des hommes envoyé à la rencontre des nouveaux, s’amena avec leurs affaires et les lui remit.

Et alors ?


Une femme et un mec balèze mais mal fichu.

On emmena le mal fichu sous la tente du moine guérisseur et il dut se farcir l’éclat de la femme qui l’accusait tant qu’à faire de leur avoir tendu un piège et de peu d’être des voleurs.

Tiens ta langue et suis nos règles ! Ce n’est ni un piège ni nous ne sommes des pillards !

Amélia se chargeait de calmer l’esprit exalté quand le moine apparut en demandant des explications sur la blessure du balèze. La fille exhiba une espèce de dent en assurant qu’on avait tiré sur son compagnon avec.

Et le tireur ?
, voulut il savoir, en sentant que la patience le fuyait.

Le tireur ? Je ne l’ai pas vu. Il a fait plouf quand ma flèche l’a transpercé !

*Et quoi plus !?*

C’est bon…Va avec les femmes, elles s’occuperont de toi !

L’équipement des nouveaux l’intéressait bien plus qu’une conversation avec cette femme enragée. L’arc et les flèches , il connaissait, non ainsi quelques articles extraits d’un sac de matière inconnue. Richard qui s’était joint à la prospection donnait son opinion sur certains, le Quatorzième du nom ne se privait pas de commentaires mais aucun ne sut définir l’usage de certains artefacts, jamais vus de leur temps.

Nous saurons à quoi nous en tenir le moment venu !, décréta t’il, en se demandant si celui-ci viendrait jamais.

En fait, il vint, ce moment, avant de ce qu’on aurait pu prévoir. Depuis que Louis s’occupait de donner des conseils culinaires, leur pitance avait amélioré spectaculairement et chaque repas s’avérait un festin, à condition de ne pas demander ce que nappait quelque sauce savante. Réunis, comme chaque soir, ils s’apprêtaient à jouir du menu quand Amelia arriva en escortant la nouvelle dont on ne savait même pas le nom. Une bonne toilette et des vêtements décents l’avaient transformée en une autre femme…une fort jolie femme, reconnut Achille qui en savait quelque chose sur ce thème. Autant se montrer poli et l’inviter à prendre place, ce qui ne manquerait pas de lui faire encore des problèmes avec ses « chéries » qui était exclues de cette honneur. Pour quelque curieuse raison, la présence de la rouquine ne semblait pas les gêner…trop.

Tu dis savoir te servir de ceci avec grand art, dit-il, mine de rien, au milieu du repas en lui présentant son arc.

Sans aucune hésitation elle prit son bien et se leva, en disant, pleine de morgue :

Connais-tu le proverbe « A beau mentir qui vient de loin ? » Lance ta pomme à la verticale, tu verras bien !

Il sourit et prenant le fruit requis fit ce qu’elle demandait…et dut reconnaître que la demoiselle savait vraiment s’y prendre. Avec une vivacité insoupçonnée, elle enclencha un nouveau trait et se tournant vers lui, le visa.

Maintenant, je veux des réponses : comment va mon époux ?

J’ignorais que tu en avais un !, riposta t’il en voyant Sven se glisser en silence derrière la jeune femme, prêt à lui défoncer le crâne avec son gourdin.

Il allait ordonner au viking de cesser son manège quand une apparition inattendue les laissa tous stupéfaits. Jaillissant de la tente du guérisseur, un diable blond se ruait sur le viking et rien dans ses gestes empreints de force et assurance laissaient supposer que ce serait pour lui donner une accolade.

Isabel, on avait quand même fini par le savoir, s’élança pour éviter la « rencontre », en donnant du « chéri » au tenu pour mourant qui resta là, avec l’air de qui n’a idée de que faire alors que sa femme pleurait…de soulagement ? de gratitude ?...d’amour éperdu ?

*À moins d’être taré…celui là…il pensait se battre avec Sven ? Comme si rien…à main nue…à demi mort…*

Amelia se livra par la suite à certaines déclarations selon lesquelles, le patient du moine était un guerrier, pas des moindres, puisqu’il aurait fait voir des vertes et des pas mûres aux pillards du fleuve, mais ce fut la fin qui les laissa tous décidément pantois.

532 ans après toi ! …Non, Louis…merci…mais je n’ai pas envie de savoir combien de siècles de différence avec moi…ça devient lassant d’être considéré comme l’antiquité du coin ! On verra bien ce que le gars a dans les tripes quand Tsang le trouvera en forme…et non, je ne vais pas me battre avec lui…toi peut être Louis ?...Vois pas le besoin de se sauter sur le râble alors qu’on veut seulement le recruter pour qu’il combatte à nos côtés.

Il suffit d’un entretien, très civilisé, avec le « mari » d’Isabel pour savoir à quoi s’en tenir.

Un type qui s’étonne de rien, qui ne bronche pour rien et qui n’a plus d’idées que nous de ce qu’il vient faire dans ce bordel…en fait, sais pas vous, mais il m’a donné l’idée de ne savoir rien de rien, à part de savoir se battre et avoir des connaissances poussées sur des choses dont personne ici n’a jamais entendu parler…une douzaine de mecs comme lui et on peut aller régler leur compte à ceux de la Vallée…

*Et le seul, jusque là qui n’a jamais entendu parler de toi…comme quoi, les légendes s’oublient à moment donné…*

Il s’en fichait carrément. La sienne avait duré assez longtemps et ne l’avait pas rendu plus heureux pour autant…
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Richard Francis Burton

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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyDim 3 Mar - 0:30

Se mêler des affaires des autres n’était pas habituel à Richard Burton même si, en tant qu’ambassadeur, il avait dû souvent le faire. Doué pour résoudre les conflits, sans doute en raison de ses fréquentations antérieures avec des peuplades primitives, il n’en admettait pas moins que la force, parfois, devait faire loi. Inconditionnel curieux, il souhaitait voir comment les choses allaient évoluer dans ce coin de « paradis ». Aussi, prendre une part active dans ce camp tenu par Achille ne le gênait pas. La motivation était bonne, c’est tout ce qui comptait. Il se voyait mal en train d’aller palabrer avec les brutes qui sévissaient plus bas. Qu’y gagnerait-il sinon coups, plaies et mort ? Mourait-on deux fois ? Apparemment oui puisque les corps abattus disparaissaient. Où allaient-ils ? Voilà une question de taille qui tracassait Richard mais pas au point de tenter cette expérience de sitôt pour en connaître la réponse.
Pour « raisonner » les pillards, la force était l’unique solution, il en était convaincu. Seulement, les recrues actuelles d’Achille ne faisaient guère le poids. Peut-être tirerait-on quelque chose du monarque français ? D’autant qu’il s’en souvienne, le 14ème du nom aimait danser… Certes, il avait été stratège. On le disait fin bretteur… et jouisseur notoire…


*Avec ça, pas sorti de l’auberge !*

Le Viking était une brute au cœur tendre, l’ancien aurige un déluré vif. Les autres faisaient ce qu’ils pouvaient sous la houlette du puissant Grec qui ne devait pas être trop réjoui d’avoir si pâles combattants sous ses ordres. Burton avait sa technique à lui. Parfois cela fonctionnait, parfois pas. Avant tout, il fallait connaître son adversaire. Bien sûr, dans le feu de l’action, la question ne se posait pas. On tapait du plus fort possible à l’endroit le plus faible, et puis basta.
L’ennemi commun actuel était organisé. Sans renseignements sur lui, foncer égalait suicide.
Aussi, avant d’aller faire rendre gorge à ceux du bas, mieux valait se préparer et recruter, si possible, des gens aptes à la lutte.
Non qu’il désapprouve les méthodes antiques, Richard était persuadé que des personnes au courant des techniques « modernes » seraient plus aptes à favoriser leurs plans.


*Tu seras fin si tu récoltes un businessman, un ministre ou un romancier…*


La seule qui capta l’usage des miroirs fut, fatalement, la plus « jeune » du groupe.

Euh…Coucou ! Moi…, il se trouve que je m’y prends bien avec le Morse…c’est bien de cela que vous parlez, n’est ce pas, sir Richard ?

Elle était marrante la rouquine avec son doigt levé comme à l’école.

Laisse tomber le Sir, tu veux ? Tu as tout bon. Dommage que j’aie laissé mes bonbons au vestiaire.

Les autres ne parurent pas trop intéressés par son projet de signalisation.
Avec Miss Earhart, la communication passait facilement. La mise au point du message à expédier leur prit cependant du temps :


Plus c’est bref, mieux ce sera ! Pour un premier contact, évidemment…


Ils se marrèrent beaucoup en débattant du sujet pour tomber sur un mot sans équivoque.


Résistants ? Ouais ! C’est bon. Ça veut dire bagarre en perspective, de quoi éviter de recruter des trouillards.


Méthode simple mais fatigue assurée. Les successions de barres et points, ça lassait. Amelia le relaya, heureusement, à l’emploi de l’héliographe novateur pour les autres.
Entre ses pauses, Richard s’intéressa peu à la vie du camp. Il s’était marré en douce en voyant les efforts d’Amelia pour s’assurer confort et intimité parmi la gent féminine qui ne rêvait que de partager la couche du chef. Lui, sa paillasse lui suffisait. Inutile de gaspiller des prières en banalités.
Il était parvenu à soutirer aux cailloux sacrés des objets bien plus utiles que matelas, draps, et rideaux.
Les pierres réagissaient en fonction de la formulation. Si demander un couteau était vain, implorer pour du fer l’était moins. Les livres étaient distribués sans mal aussi.
La nuit, à la lueur des torches enflammées, Richard étudia beaucoup, chose qu’il adorait.
Pointes de flèches, couteaux affutés, sortirent bientôt de sa fonderie improvisée.
L’ex-aurige finit par s’intéresser aux jeux de lumière. De son temps, des boucliers braqués avaient aveuglés les ennemis, pourquoi pas lancer un message avec ?
Il discutait futur avec la rouquine quand Hopi cria :


Réponse…réponse !!!


*Wow !*

Richard prit le relai et s’activa. Si l’autre disait « idem » c’est qu’il avait pigé.


… _/ . / _ . / . / _ _ ..

L’émetteur en connaissait un bout. Clair et précis son message rapide fut traduit pour les béotiens par une Amelia excitée :


Quelle précision !...et pas à dire, quel débit rapide…il nous donne des coordonnées…Bon Dieu, Richard, cela veut dire que nous avons affaire avec quelqu’un ayant accès à un autre genre de technologie. Un soldat, un aviateur peut être…, ils sont deux...et viennent...demain…après midi. Il en sait quelque chose, celui là, pour être si précis…

_ _ _/ _ . _

Comprenne qui peut !

Attendre… Richard savait. Mais l’inutilité le rongeait. Sa production d’armes rudimentaires en bénéficia. En tout cas, il avait l’oreille du chef qui, à présent, semblait le considérer comme bras droit. La cuisine s’était nettement améliorée avec l’intromission de Louis à la canti
ne.

*Déjà ça… Bien manger entretient le moral…*

Ses longues soirées solitaires, il les passa le plus souvent en compagnie du chef. Ses armes furent testées et approuvées mais Richard tut le plan qu’il manigançait en douce.

Enfin, on annonça l’arrivée des nouveaux.
En recrues, on pouvait espérer mieux qu’une bonne femme qui rouspétait et d’un plouc balaise très amoché. Amelia se chargea de l’arrivante ; lui et Achille détaillèrent leur paquetage.

Une Bible, rigola Richard qui en déduisit des choses. Ces tubes ne me disent rien. L’arc, par contre, est très intéressant. Tu crois possible que cette bonne femme ait descendu un mec, de nuit, avec ça ? … Et la dent, car c’en est une, elle appartiendrait au monstre du fleuve ?

*Si on pouvait s’en procurer plusieurs… Cela serait un atout non négligeable dans le futur combat.*


Il ruminait encore des plans quand vint l’heure du repas. Louis s’était surpassé. Tous étaient ravis du changement de régime alimentaire mais peu semblaient éprouver une gratitude quelconque quant aux efforts fournis. Diplomate un jour, diplomate toujours :

Bravo, Louis ! Sais pas ce que tu as mis là-dedans, mais ça change des goulaschs insipides.

Un divertissement inattendu intervint avec une petite démonstration de la part de la dénommée Isabel Kittredge.
Qu’elle porte le prénom de son épouse ne plut pas beaucoup à Richard qui sombra dans la nostalgie. Avait-elle ressuscité aussi ? Si c’était le cas, il faudrait qu’à un moment donné, il se mette à sa recherche. Il lui devait bien ça pour l’avoir supporté tant d’années…
Pour l’heure, la situation évoluait vite. La pomme lancée par Achille fut coupée en deux de façon magistrale :


*Wow ! Guillaume Tell est battu ! Mais… elle est folle… ?*

Miss Kittredge ne pointait-elle pas un trait vers Achille ?
Sven veillait au grain mais fut presque KO avec l’intervention plus que musclée du revenant des limbes :


*Pour un mourant, il se porte bien, celui-là !*

Un bref calcul permit à Burton d’évaluer ce futur combattant. En pleine forme, ce gars risquait de détrôner Achille !
Amelia délivra quelques informations issues de la femme de l’athlète. De quoi donner à penser aux hommes assemblés. Achille parut pensif mais décidé à éviter l’affrontement.

Il était de garde, cette nuit-là. Devant surveiller le sud de la colline, il tuait le temps, en fumant. Cette sale habitude lui était revenue en voyant le moine fumiger sa tente d’infirmerie. La pierre avait accordé ce vice qu’il consumait avec modération.
Sans se retourner, il sut d’emblée qui arrivait :


Pas sommeil ? Assieds-toi, si tu veux. Un clope ?...

Ils fumèrent dans le silence de la nuit.
Richard avait toujours été amateur de femmes, mais il avait appris le respect. La présence d’Amelia le mettait cependant à l’aise. Il avait l’impression de pourvoir compter sur elle, que, quoiqu’il dise, elle comprendrait, agréerait.


… Achille n’est pas idiot, il a reconnu un vrai guerrier dans cet Alf ! Mais va falloir le motiver sérieusement… Vaut mieux l’avoir avec nous que contre, à mon humble avis… sa femme ? Si ça plait aux autres ainsi, je vois rien contre. Elle ne mâche pas ses mots et sait tirer, c’est ce qui compte, non ? Moi ? ( rire feutré) j’ai eu mon lot d’intrigues, crois-moi… Ouais, c’est ça. Je rectifie le tir puis je me taille !... Où ? J’en sais rien. Vais pas rester là à corriger les injustices de ce monde. Je chercherai et trouverai la cause, … ou pas !

Elle frissonnait dans la fraîcheur nocturne. Lui entourer les épaules d’un geste protecteur n’engageait à rien…
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MessageSujet: Re: Les maîtres de la colline   Les maîtres de la colline EmptyDim 3 Mar - 13:22

Grand Dieu ! Était-cela le paradis ? Jamais il ne goberait un truc pareil !
Louis était tout ce que l’on voulait ou avait voulu raconter sur lui, il était avant tout quelqu’un de pratique. Opportuniste ? Un peu… Il se targuait de savoir où était son intérêt et comment tourner les choses à son avantage. La jolie rouquine, qui lui était postérieure, était directe et franche. Dans d’autres circonstances, il lui aurait volontiers conté fleurette, quitte à se prendre des baffes mais jugea rapidement la nullité d’une telle conduite. Séduire n’était pas dans ses priorités actuelles. Avant tout, il désirait s’intégrer et… comprendre.
Qui se méfierait d’un fanfaron ? C’est l’attitude qu’il adopta afin de décrypter son environnement immédiat. Très vite, il sut à qui il avait affaire. Sur les femmes, peu à dire. L’Anamaria était une venimeuse dans tous les sens du terme. Il s’en méfierait. Toutes, hormis Amelia, bavaient devant le chef incontesté : Achille, le dieu au talon d’argile. Grand bien leur fasse, ces arcanes ne le concernaient pas. Les hommes semblaient admettre la suprématie du Grec. Loin de Louis l’idée de la lui contester. D’après ce qu’il savait, Achille n’était pas du genre à se laisser marcher sur le pied, surtout si l’on visait son extrémité postérieure. N’empêche qu’être si méconnu, voire mésestimé, rendait Louis frustré. Achille copinait avec un certain Richard Burton, soit ! De là à laisser de côté son auguste personne l’irritait.
Rongeant son frein, Louis se débrouilla à la va-comme-on peut afin de s’attirer les bonnes grâces des tous.
Ses innovations en matière culinaires lui conférèrent un certain statut. Déjà ça de gagné !
Hélas, si on apprécia ses améliorations, personne ne s’intéressa aux efforts qu’elles requéraient.
À croire qu’il était « normal » que lézard, lièvres, marcassins et autres bestioles leur tombe dans l’assiette ! Les prières n’accordaient pas ces plats, ils auraient dû s’en douter. Mais non…
Ses heures de traques, ses pièges savants, tous s’en fichaient du moment qu’un repas consistant bombait leur estomac.

Un dérivatif à la monotonie arriva avec une réponse aux signaux expédiés par Burton et Amelia, relayés par l’aurige égyptien. Pas qu’il juge leurs essais inutiles, seulement Louis était trop occupé avec la cantine pour passer du temps à jouer avec des miroirs. Il n’en avait pas moins saisi l’essentiel. Assez tard dans la journée, on vit enfin les nouveaux arriver. Seulement deux ! Dans le fond, Louis en était satisfait car si le nombre de bouches à nourrir augmentait trop, avec les moyens actuels, il ne voyait pas comment les contenter.

*La femme doit manger comme un moineau ; le balaise, lui… Pas demain la veille qu’il voudra du poulet…*

L’état de l’homme semblait alarmant. Le moine le prenant sous sa tente et son aile, on allait voir de quoi son art était capable.
Tiens, pour une fois, Louis reçut un compliment pour sa sauce. Il aurait volontiers raconté comment il l’avait confectionnée et les divers ingrédients qui la composaient mais cela n’intéressant personne... la majorité des conversations tournait autour des fraîches recrue quand la femme vint se joindre au groupe. Toujours mesuré, Achille lui tendit son arc, récupéré dans ses bagages. Ne s’était-elle pas vantée d’avoir occis celui qui, nuitamment, avait agressé son mari ?
Avec aplomb et brio, elle releva le défi pour ensuite s’en prendre au héros grec. Quand le Viking voulut protéger le chef, Louis faillit lui réclamer d’y aller mollo avec son gourdin. Il n’en eut pas l’occasion car, quoique affaibli encore, le blessé intervint de façon magistrale. Si sa femme ne l’avait pas freiné, nul ne douta dans quel état aurait été Sven. L’aviatrice, qui avait habilement tiré les vers du nez à Miss Kittredge, les informa de la situation des nouveaux. Achille sembla dépassé. Louis calcula :

S’il est mort 532 ans après toi, ça veut dire qu’après Achille, il est mort plus de…

Le Grec n’aimait pas trop qu’on lui rappelle être l’antiquité du coin et, lorsque Louis lui demanda s’il allait affronter ce guerrier, Achille l’envoya bouler.
Peu après, le combattant du futur fut sur pied. On redouta un éclat qui, heureusement, ne vint pas.
Le paquetage d’Alf, tel qu’on prit l’habitude de le nommer, recelait des objets bien étranges. Les jumelles étaient extraordinaires en comparaison aux longues vues communes à son règne ! D’autres trucs très novateurs excitèrent vivement l’ex-roi de France. Ainsi, lorsque le guerrier présenta un rasoir aux lames invisibles, il ne put s’empêcher d’en réclamer une démonstration :


C’est de la magie ! Je pourrai te l’emprunter à l’occasion ?

Ce couple était vraiment très intéressant. La manière dont ils conçurent leur nid en choqua plus d’un et tous voulurent visiter la toile étrange et ses installations.

Vos couches semblent très confortables… mais pourquoi deux ? … Ah bon ? Oh qu’est-cela ?... une douche ? *Jamais moi qui irai là-dedans !* … et comment ça chauffe quand il fait nuit ?

Et ainsi de suite…

Marmites pour marmites, Louis donna des coups de main à Richard à sa petite fonderie. Il sacrifia même quelques prières à la Pierre afin d’obtenir plus de poudre de métal. On pouvait bien le trouver farfelu, Louis crut vraiment être le seul à prier pour les autres. En confort, qui aurait imaginé qu’un roi se contente d’une paillasse sur lanières de peau, deux couvertures et un oreiller de plumes ? La plupart de ses vœux, il les utilisait pour des… cadeaux. Un miroir pour l’Italienne, une bonne louche pour la Russe, un seau pour l’indienne, etc. Les hommes aussi recevaient de menus présents. Les frondes de Louis, confectionnées avec les peaux d’animaux dépecés étaient prisées. Cela ne gênait pas le monarque de passer les heures nocturnes à coudre ou tanner.
Intérieurement, il rigolait de la facilité avec laquelle il pouvait disparaître certains soirs pour poser ses pièges. Du moins, ce fut facile jusqu’à ce que le guerrier modifie certains points de sécurité. Là, Louis risqua vraiment sa peau quand on le surprit en rentrant des bois. Une flèche lui siffla aux oreilles, il dut donner de la voix :


Ne tirez pas ! Ce n’est que moi ! *Autrement dit personne !*


On le houspilla comme un gamin pris en flagrant délit de vol de confiture.

Je faisais les courses ! Si vous voulez bouffer demain, faut bien aller au turbin ! On n’est encore libres, non ? se défendit-il.

L’affaire en resta là, on lui demanda juste d’avertir de ses sorties et rentrées.
La vie du camp s’était modifiée avec l’entrée de l’homme du futur en fonction d’instructeur militaire. Il n’avait rien trouvé de mieux que d’évaluer les troupes. Deux par deux, les hommes devaient lutter devant lui mais, curieusement, Louis fut laissé de côté. Alf l’estimait-il juste bon à faire la soupe ? Extrêmement vexé, Louis rentra griffes et griefs :


*Attends un peu, toi ! Je n’ai pas dit mon dernier mot !*

Une expédition de secours envers de prochaines recrues s’organisa. Une fois de plus, Louis se fit taper sur les doigts simplement pour avoir demandé s’il fallait déménager quelques casseroles.
Que le soldat ose le citer sur son cher Versailles, mordit cruellement les entrailles du roi.


*Ce gars n’a aucune manière ! C’est une brute épaisse, et rien d’autre !*

Une qui ne craignait pas de contrarier Alf était sa femme. La manière dont elle s’imposa pour participer au sauvetage, fit sourire Louis.

*S’ils sont mariés, je mange mon feutre ! Mais ils ne peuvent se quitter, ça c’est clair !*

Que n’aurait-il donné pour, lui aussi, avoir une oreille attentive à ses discours ?
L’équipée était belle. Assez pénible mais à courir les bois la nuit, Louis se sentait en forme. Personne, même Isabel, ne se plaignait, alors…
Une nuit de plus à la belle étoile, et alors ? Louis pria et rêva…
Le lendemain, son rêve se réalisa. Il ne s’attendait pas à un tel éblouissement. Direct, il ne vit plus qu’elle comme si le reste du monde avait disparu. Il entendit à peine ce que les autres racontaient, focalisé en attente que la divine créature ouvre ses lèvres délicates. Et, miracle, c’est à lui qu’elle s’adressa :

Mes amies sont Elisabeth de Bavière et Léontine d’Aubray, et moi…je suis Hélène…Reine de Sparte…

Se découvrant aussitôt, Louis s’inclina profondément :


Quel honneur, Majesté. Je suis Louis, Dieudonné, dit Le Grand, roi de France et de Navarre. Permettez qu’à vos pieds, je dépose mes hommages. Puis-je soulager vos tendres épaules de ce fardeau qui me semble bien pesant pour votre auguste personne ?

Elle sourit. Le soleil brilla plus intensément. Alf coupa court les salamalecs mais sa femme déploya diplomatie et courtoise à l’égard de ses semblables. On allait se remettre en route quand la prétendue impératrice d’Autriche révéla, preuve à l’appui, une histoire pas piquée des vers.
L’exhibition d’une dent similaire à celle qui avait failli abattre l’homme du futur éveilla l’intérêt de ce dernier. Apparemment, ce groupe avait trouvé une dépouille complète du monstre du fleuve. Un tel butin n’était pas à dédaigner. Les ordres d’Alf tombèrent : Louis rapatrierait les rescapés sauf les deux nouvelles qui insistèrent pour rester sur place.
Convoyer Hélène fut un enchantement. Il ne put s’empêcher de lui témoigner toute la sollicitude dévolue à son rang :


Attention, votre altesse, ces cailloux sont traîtres… Ne regrettez rien… euh… cet homme n’est pas un homme du monde, en effet ! N’avez-vous point trop souffert depuis votre résurrection ?

La pauvre enfant devait en avoir vu mais ne prétendit pas s’y attarder pour le moment.
Au fil de la progression, une certaine angoisse étreignit Louis. Sous le choc de l’apparition, il en avait oublié un fait très… dérangeant. Si ce que l’Histoire chantait était vrai, elle et Achille étaient plus que des contemporains ! Indirectement, la belle de Troie était responsable de sa mort…
Louis tut ses tourments, les noyant sous un flot de prévenances et lui narrant, un peu, son époque personnelle. Tous sens en alerte, Louis mena sans faillir le groupe au camp. Cela ne rata pas, Achille, planté solidement sur ses jambes, bras croisés sur la poitrine, les regarda s’avancer. Louis crut que les yeux allaient lui sortir des orbites quand il vit celle qu’il menait gracieusement du poing levé, comme à la cour. Il aurait aimé que les retrouvailles se passent autrement car la belle ne manqua pas de culot :

Ah non ! Ce n’est pas vrai…de tous les hommes du monde…TOI !!!...Mais enfin puisqu’il en est ainsi, j’avoue qu’après tout cela aurait pu être pire…Ravie de te revoir si vivant…et sans flèches, Achille !

*Malheureuse !*
Vite, Louis s’interposa en se plaçant devant Hélène pour parer à un éventuel étranglement de la part d’un Achille transformé en taureau furieux :

Le passé est révolu ! Quelles que soient les discordes qui vous ont opposés jadis, tout est aboli. Les trônes anciens n’existent plus. À quoi bon raviver des courroux disparus dont seuls les âges se souviennent parfois. Nous sommes tous égaux dans cette galère, unis dans l’unique but de défendre l’iniquité. Hélène voici Achille, notre chef. Achille, voici Hélène, une rescapée qui en a bavé avant que nous la rencontrions… Les autres sont restés en bas près d’un trésor sans prix dans cette contrée.

Achille devait se mordre la langue, tant pis. Louis ouvrit un des sacs ramenés et présenta une partie du butin :


Oui, ce sont bien des os de la Houle, ou peu importe son nom. Des tonnes subsistent encore sur un îlot sableux. Alf et les autres vont en collecter encore mais un coup de main ne sera pas superflu…
Ceci dit, avec ta permission, Achille, ces gens ont besoin de repos *Et moi aussi !*


Le chef leur tourna le dos, aboyant après ceux dont il avait la confiance. Louis devrait faire un rapport complet avant peu.

Venez, très chère ! Nous allons tenter de vous trouver un abri digne de vous.


Pour une fois, on écouta Louis quand il imposa à trois hommes d’agrandir urgemment le logis des femmes. L’autorité a du bon, parfois…
Après avoir galamment conduit Hélène à la Pierre y faire ses dévotions, il dut – la mort dans l’âme – la déléguer aux mains des femelles à qui il ne manqua pas de révéler en douce :


Achille la déteste ! Veillez à ce qu’il ne s’en approche pas.

Ça leur ferait une rivale en moins ! Louis rigolait en allant au conseil.
L’humeur d’Achille s’était modérée mais il n’était pas à prendre avec des pincettes. Très précis, sans fioritures aucune, Louis raconta pas à pas les résultats de l’expédition
:

Nous héritons de jumeaux sioux, d’un guerrier noir – un Zoulou -, d’un cavalier mongol, d’un habitant des indes – un thug étrangleur, et d’un solide trappeur. Ils sont réguliers. En outre, un des femmes restées en bas est une guérisseuse de mon pays. Elle est accompagnée d’une jeune femme qui leur flanque la frousse à tous car elle parlerait au monstre du fleuve ! … Je l’ignore, moi, comment elle fait, je n’y ai pas assisté !... quoiqu’il en soit on ne peut rater une pareille moisson.
La sorcière affirme que ces ossements sont indestructibles…


La discussion ne s’étira pas en longueur. Le seul gros débat porta sur la manière la plus efficace pour ramener le trésor sans heurts. À dos d’homme, selon l’estimation de Richard, cela leur en ferait des navettes ! Amelia regretta son navion. Que n’avaient-ils des chevaux ou des bœufs ? Hélas, aucune des bestioles croisées ne dépassait - ouf – la taille d’un sanglier. Restait le fleuve…

J’ai une idée, osa Louis. Emportons du matériel pour fabriquer une embarcation. On la montera sur place et Elisabeth la mènera à bon port, juste à nos pieds, non ?

Les haches rustiques de Richard seraient utiles. Des kilomètres de cordage furent tressés rapidement ou commandé à la Pierre. Quantité de sacs s’emplirent.
Entre toute cette activité, Louis trouva peu de temps pour causer avec la belle Hélène. Il s’assura de sa santé, la complimenta du choix de ses vêtements à la fois seyants et pratiques, puis vaqua aux cuisines et au fourniment.
Au trot, en compagnie des plus costauds du groupe, Louis galopa vers le trésor. Ils n’eurent aucun mal à rejoindre les autres qui, dirigés d’une main de fer par Alf, avaient déjà trié maints séries d’ossements. Apparemment, il avait eu la même idée que Louis et fait abattre quelques troncs.
Mais le plus saisissant fut sans conteste la rencontre entre le Grec et celle que l’on nommait déjà la sirène.


*Tiens, tiens…*


Louis ne s’y attarda pas, il affronta Alf :


Un radeau suffira… Non, je ne connais pas ces embarcations, sauf par lectures. Galères et réales sont plus dans mes cordes, m’enfin, faudra faire avec. Avec Richard, on a estimé les coudées à donner. Il nous faudra entre trois et cinq jours pour l’assembler. Il manque juste de la colle… Pour calfater, sinon ça prend l’eau *idiot*


Léontine s’avéra très utile. Une macération de poissons valait tous les goudrons que prônait Isabel.
On turbina bellement jusqu’à ce que : Alerte générale !
La sentinelle annonça des mouvements suspects de l’autre côté du fleuve. Aussitôt, on se prépara à l’affrontement. Les frondes fournies par Louis firent merveille. Armées des plus petits osselets, elles en firent des dégâts dans le groupe adverse.
Louis s’amusa tel un petit fou, il faisait mouche à tous les coups. Pas comme Alf qui mit du temps à capter le style. Il est de ces petits plaisirs qui vous réchauffent le cœur…
La victoire finale, ce fut la Naïade qui la déclencha. Après un tel spectacle, nul ne douta plus de son étrange pouvoir
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